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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

vendredi 7 janvier 2011

Dictionnaire du communiqué


PATROUILLE. Et voici un des termes le plus souvent compris à contre-sens : c'est celui de « patrouilles » ! Combien de sottises ont été dites au sujet de celles-ci, et que d'exploits imaginaires !
A Soissons, après le malheureux combat de Crouy, en janvier 1915, les Allemands sont venus patrouiller sur notre nouveau front de repli. C'était la nuit, nuit absolue, sans lune. Rampant de fossé en fossé, d'arbre en arbre, ils parvinrent au pied des murs du château de Saint-Pol derrière lesquels nos hommes guettaient. Là ils s'amusèrent à s'emparer de quelques képis et à essayer d'arracher les lebels des créneaux. Nos mitrailleuses ouvrirent le feu et nous débarrassèrent de leur présence. Mais il faut bien le dire : leur mission était accomplie, car ils savaient maintenant à quel régiment ils avaient affaire et quelles étaient nos positions.


Pourquoi ont-ils réussi? Parce que, tout d'abord, entre les positions françaises et alle­mandes il y avait une distance de 700 à 800 mètres ; parce qu'ensuite la nuit (pluie fine et grand vent) était éminemment favorable pour ce genre de petites opé­tions. Ce sont là deux conditions sine qua non pour réussir une « patrouille ». . Aussi, sur les trois quarts du front actuel où 5o mètres à peine, souvent moins, séparen­t les deux tranchées, toute patrouille, même nuit, est absolument impossible, et c'est là une chose que l'on ne sait pas assez généralement.
Qu'on ne vienne donc plus soutenir que des patrouilles d'amateurs hé­roïques peuvent impunément circuler entre les lignes. Pareille chose n'est humainement pos­sible que lorsque la distance qui sépare celles­ci est supérieure à 150 mètres environ et quand la nuit est particulièrement obscure.


Source Article anonyme ‘Lectures pour tous’ du 1er mai 1916
Photo 'Guerre Documentée'

mercredi 5 janvier 2011

Dictionnaire du communiqué


DE TRANCHÉE A TRANCHÉE.

ÉLEMENT
DE TRANCHÉE Donnons maintenant quelques définitions qui s'appliquent à la guerre de tranchée à. tranchée Tout le monde connaît aujourd'hui « la tranchée » sait que nos posi­tions comprennent les « tranchées de tir », dites encore « de première ligne » ou « de combat », puis les tranchées « de deuxième et troisième ligne », enfin les « abris » ou « chambres de repos », ainsi que les « boyaux » de communi­cation, etc. En revanche, on m'a déjà demandé souvent ce que signifiait le terme « élément de tranchée», qui revient souvent dans le communiqué : « Au nord-est de Neuville-Saint-Waast la lutte s'est poursuivie avec une grande opiniâtreté pour la possession d'éléments de tranchée où l'ennemi s'était introduit hier... » (31 octobre 1915). -- « Dans le secteur de Massiges, les assaillants n'ont pu pénétrer que dans quelques éléments de tranchées avancées à la cote 199... » (3 novembre 1915), etc.


Généralement on donne à ces trois mots un sens inexact, celui de « fraction » de tran­chée, comme si, par exemple, étant donnée une ligne AB de tranchée de première ligne ininterrompue, l'ennemi avait réussi à con­quérir une « partie » CD de cette ligne.


Généralement on donne à ces trois mots un sens inexact, celui de « fraction » de tran­chée, comme si, par exemple, étant donnée une ligne AB de tranchée de première ligne ininterrompue, l'ennemi avait réussi à con­quérir une « partie » CD de cette ligne. Erreur absolue. On appelle « élément de tranchée » une petite tranchée de première ligne autonome, sans doute reliée au système des tranchées du secteur par un ou plusieurs boyaux de com­munication, mais cependant isolée, c'est-à­-dire ne communiquant pas latéralement avec les tranchées de première ligne avoisinantes. La conquête ou la perte d'un « élément de tranchée » n'a d'ailleurs pas une très grande importance.


Source Article anonyme ‘Lectures pour tous’ du 1er mai 1916
Photos 'Guerre Documentée'

lundi 3 janvier 2011

Dictionnaire du communiqué


LA GUERRE DE MINES.

SAPES ET
CONTRE-SAPES Passons successivement en revue les diverses for­mes qu'affecte la guerre de mines, conséquence de l'interminable guerre de siège que nous soutenons depuis vingt mois. On lit dans les communiqués : « Dans les Vosges nous avons fait exploser deux « camouflets » qui ont bouleversé les «contre-sapes» de l'ennemi » (19 octobre 1915). « Après avoir fait exploser aux abords de la route d'Arras à Lille et au sud-est de Neuville-Saint-Waast une série de puissants « fourneaux » de mine qui ont bouleversé les tranchées et les réseaux allemands, nos troupes en ont aussitôt occupé les entonnoirs» (27 octobre 1915), etc »

Pour nous initier à ces termes, prenons exemple. Donc, nous sommes en janvier 1915. L'ennemi occupe encore une des crêtes du bois Bolante, dominant le ruisseau des Meurissons, en Argonne. La tranchée française est à 40 mè­tres à peine de la tranchée allemande et à contre-pente, situation désagréable entre toutes, permettant à l'adversaire de nous « arro­ser » littéralement de grenades à main et nous rendant, par contre, la riposte des plus diffi­ciles et des plus pénibles. Plusieurs tentatives d'attaque directe ayant échoué, on décide de faire sauter Boches, tranchée et fils de fer.
Les sapeurs commencent aussitôt leur lent et dangereux travail. Tout d'abord, ils choi­sissent leur point de départ dans notre tran­chée de première ligne et attaquent le sol droit devant eux, pour établir le « rameau princi­pal » de la « sape ». En effet, le terrain étant en pente roide, inutile de procéder à l'habi­tuel forage d'un « puits ».

Manches retroussées et chemise ou­verte malgré le froid, les camarades du génie peinent. 11 s'agit de retirer la terre au moyen de paniers. On déverse les paniers pleins dans le boyau voisin où d'autres travailleurs rechargent au fur et à mesure d'autres paniers pour les transporter et les vider plus bas. Si l'on rejetait la terre à l'ex­térieur, l'opération irait certes plus vite, mais l'éveil serait ainsi donné tout de suite aux Allemands. Enfin, il faut encore très minutieusement boiser la galerie au fur et à mesure qu'elle s'enfonce, étroite, obscure et mystérieuse, vers l'ennemi.
Au bout de quelques jours, mon camarade, le lieutenant R:.., m'invite à venir l'aider pour mesurer la longueur de la « sape » commencée. Avec une petite chaîne d'arpenteur, nous nous enfonçons de compagnie dans la nuit du souterrain, une lanterne de mineur au cou. « 19 m. 76 ! », annonce le lieutenant. - Et alors ? - C'est parfait. Nous allons faire maintenant deux « rameaux secondaires » de 10 mètres environ; au bout de chacun de ceux-ci, nous en creuserons deux autres de 10 mètres encore, et nous aurons nos quatre charges de mélinite juste sous leur sa­tanée tranchée ! »
Mais si la construction du « rameau principal » et des deux premiers « rameaux secon­daires » avait pu se faire en secret, il n'en fut plus de même, quatre jours après, pour les quatre dernières galeries. Je vois encore R..., son « bleu » maculé de boue, sortant de son trou, tel un diable sale et crotté hors de sa boîte, et nous disant : « Ça va chauffer ! Les chameaux nous ont entendus et ils commencent une « contre sape ». Gare à la casse, il faut faire vite ! » Dès lors, ce qu'il me sera difficile de dépeindre, c'est la hâte fiévreuse avec laquelle les sapeurs continuèrent leurs travaux. Qu'on se les représente accroupis au fond des boyaux obscurs, piochant entre leurs genoux, menacés à chaque seconde d'être ensevelis par un éboulement ou par l'explosion du fourneau de mine de la « contre-sape » alle­mande, hâtivement dirigée contre eux afin de détruire leur travail avant qu'il ait pu être efficace. «Venez voir ! » Simple ma­nière de parler, car on ne voit absolument rien. Toutefois, au microphone du « poste d'écoute » on entend nettement les coups de pioche des Allemands au-dessus de nous, et même leur guttural charabia. « Il n'y a pas à dire, ils nous gagnent de vitesse. Dans une heure, nous sautons. Je vais les « camoufler ».

CAMOUFLET. Alors, fiévreusement, avec la barre de mine, mon camarade R... fora lui-­même un trou dans la direction du bruit perçu au-dessus de nos têtes, chargea la cavité à l'ex­trémité, alluma, et nous reculâmes précipitam­ment. A peine étions-nous revenus dans la tran­chée qu'une explosion sourde fit trembler la montagne. Mais nous ne vîmes rien ; la charge du « camouflet », assez forte pour bouleverser la « contre-sape » allemande et y ensevelir à jamais ses travailleurs, n'était pas assez puis­sante pour faire sau­ter toute la masse de terre qui la séparait de la surface. Aussitôt les sa­peurs s'engouffraient dans les galeries, déblayaient les éboulements causés par l'explosion et reprenaient en toute hâte les travaux inter­rompus.


Deux jours après, R..., plus boueux que jamais, la barbe engluée de glaise, m'annon­çait triomphalement : « Ça y est, cette fois ! Les quatre rameaux sont terminés. Il n'y a plus qu'à bourrer les fourneaux de mine dans deux heures on attaque ! »

FOURNEAU
DE MINE Tout au bout de chacune des galeries de la sape, des kilogrammes de mélinite ou de cheddite sont accumulés dans la « chambre » ou « fourneau » de mine. On fait par-dessus un solide « bourrage » sans lequel les gaz de l'explosion, au lieu de produire l'effet attendu, iraient « souffler » dans la sape. Si nous comparons celle-ci au canon d'un fusil, le « bourrage » fait office d'un corps étranger fermant hermétiquement l'extrémité du canon, ce qui ferait infailliblement exploser l'arme. Une étincelle électrique ! Une seconde se passe.... Et quatre explosions formidables retentissent ! La tranchée ennemie est vola­tilisée dans quatre énormes nuages de fumée noire, de terre, de pierres, de débris de toutes sortes, qui retombent en pluie. « En avant ! en avant ! » Toute la ligne sort d'un bloc et se rue vers l'ennemi. En quelques minutes, les quatre gigantesques « entonnoirs » produits par l'explosion des « fourneaux » sont occupés par nous, pendant que les mitrailleuses allemandes ouvrent le feu tardivement et que notre artillerie arrose d'obus de tous calibres les positions de l'adversaire...


Nous ne poursuivrons pas le récit de cette action de détail. Le lecteur sait maintenant qu'une sape est une galerie souterraine se dirigeant vers l'ennemi et comprenant un « rameau » principal et plusieurs « ra­meaux secondaires ». Une « contre-sape » est un boyau creusé par l'ennemi afin d'at­teindre et de détruire notre « sape » avant que celle-ci ait réussi à installer et à charger d'explosifs ses fourneaux de mine. Un « camouflet » est une « contre-contre-sape » ayant pour but de défendre notre «sape » en construc­tion par la destruction de la « contre-sape » ennemie.


Un « fourneau » est constitué par une charge d'explosifs sur laquelle on établit un solide « bourrage » et placée à l'extrémité d'une sape, d'une contre-sape ou d'un camouflet. Enfin un « entonnoir» est le trou ou plutôt le cratère creusé dans le sol par l'explo­sion d'un fourneau, et dont les dimensions varient suivant la quantité de matières explo­sibles employée.


Source Article anonyme ‘Lectures pour tous’ du 1er mai 1916