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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

mercredi 27 janvier 2010

Le 10 R.I. en Lorraine

Premier séjour dans la forêt d’Apremont.
La Vaux-Féry et Bois d’Ailly.

Du 15 Janvier au 26 Septembre 1915.

Le 15 Janvier, le Régiment marche sur Marbotte par Ménil-aux-Bois, en exécution de l’ordre suivant reçu la veille : Demain 15 janvier, le 10e Régiment d’Infanterie sera remis à la disposition du Général commandant la 15e Division et relèvera le 171e Régiment d’Infanterie dans la tranche est du sous-secteur du Bois d’Ailly. Le soir, les trois bataillons du Régiment sont en première ligne :
Un Bataillon à la Vaux-Féry est ;
Un Bataillon à la Vaux-Féry ouest ;
Le 2e Bataillon qui devait aller d’abord en réserve à Pont-sur-Meuse, s’établit lui aussi au Bois d’Ailly (saillant Beaulieu et le Fortin).

Chaque bataillon a pour soutien la valeur de deux sections à une compagnie suivant son dispositif. A droite est la 16e Division, à gauche le 56e Régiment d’Infanterie. Le poste de commandement du Colonel est à la Croix-Saint-Jean. Les trains du combat des bataillons et sections de mitrailleuses sont répartis entre la Commanderie et Pont-sur-Meuse ; les trains régimentaires, partie à Pont-sur-Meuse, partie à Euville. L’Etat-Major de la 30e Brigade est à Boncourt, puis à la Commanderie ; celui de la 15e Division à Ménil-aux-Bois, celui du 8e Corps d’Armée à Commercy.

Une rivière qui serpente au milieu d’une vallée bordée des deux côtés de collines boisées, dont les gradins s’élèvent assez rapidement, telle est la vallée de la Meuse entre Commercy et Saint-Mihiel. En face de cette dernière ville, un promontoire aux flancs abrupts domine et commande une grande longueur de la vallée ; il est couronné par le fort du Camp des Romains aux mains des Allemands. Ils ont là un magnifique observatoire, grâce auquel ils paralysent de jour une grande partie de nos mouvements. Les vallons secondaires, qui confluent dans la Meuse, marquent les points de passage des routes ; ils sont généralement très encaissés au milieu des bois. On a donné le mon de Hauts-de-Meuse à ce plateau tourmenté et boisé, limité à l’ouest par la vallée de la Meuse et tombant brusquement à l’est, comme une sorte de falaise, sur la plaine marécageuse de Woëvre. Telle est la région que le Régiment est appelé à occuper. C’est la même qu’il a connue déjà au bois Bouchot dans le secteur de Vaux-les-Palameix, Mouilly ; c’est celle qu’il connaîtra plus tard dans les combats de Fleury.

Le 27 Janvier, une occasion met en plein relief la valeur morale du Régiment. Un détachement comprenant : l’officier, 6 sous-­officiers et 50 hommes, tous volontaires et résolus, est chargé d'exécuter une contre-attaque sur un fortin perdu la veille. La troupe est répartie en deux échelons de trois groupes chacun, correspondant aux trois boyaux conduisant au fortin.
Mais les défenses accessoires, accumulées par les Allemands dans les boyaux, retiennent les groupes trop longtemps sous un feu violent de fusils et de mitrailleuses. Sans pouvoir réussir, ils subissent des pertes sérieuses, mais leur bravoure mérite d'être retenue.
Sont cités :
" Les volontaires de la 7e Compagnie qui se sont offerts spontanément, le 27 Janvier au matin, pour contre-attaquer le fortin et le reprendre aux Allemands.
Le sous-lieutenant AU­TELIN, le sergent DE THY, le caporal FLETY, les soldats DESROCHES, BAUER, FAUDOT, GIEN, LEDREAU, MEYER, PETITJEAN et PITAUD ont été mortellement frappés ; les sergents DROUIN, BONNOT, RICHARD et les soldats MONIN, GUILLEMAIN, MARSEILLE, DU­PASQUIER et JANIER out été blessés.
Si ces braves n'ont pu arriver à empoigner l’ennemi à la gorge comme ils l'avaient espéré en fonçant dessus, ils nous marquent notre devoir par une dette de sang que nous saurons faire payer aux Allemands pour les venger ».

Le séjour dans les tranchées est employé à des travaux de défense, entretien, assainissement des tranchées, approfondissement des boyaux de communication, constitution de défenses accessoires inexistantes sur certains points ou détruites par les tirailleries ou le bombardement, création de traverses destinées à mettre les troupes à l'abri des coups d’enfilade. Entre temps, des coups de fusils plus ou moins nombreux aux créneaux, surtout pendant la nuit, des bombardements d'artillerie sur les tranchées et les boyaux, surtout pendant le jour.

A partir du 1er Février, l'organisation défensive du Régiment est disposée en profondeur.
Un bataillon en première ligne : La Vaux-Fery est ;
Un bataillon, moitié à la Croix-Saint-Jean, moitié à Pont-sur- Meuse ;
Un bataillon à Commercy : caserne Oudinot.
Une deuxième ligne de défense est organisée à 400 mètres de la première. La guerre de mines s'organise sur tout le front, en particulier près du saillant de la Mitrailleuse et du Champignon. Au dispositif de mines des Allemands, nous opposons un autre système de mines auquel les soldats du 10e travaillent avec les sapeurs du Génie. Dans la nuit du 2 au 3 Mars, l'organisation souterraine allemande est bouleversée par un de nos camouflets.
La lutte est sans cesse très active, mais principalement dans les mois d’Avril, de Mai et de Juillet. Le 5 Avril, après un violent bombardement et l’explosion de fourneaux de mine, deux bataillons (1 du 27e et 1 du 56e), attaquent et prennent les tranchées allemandes du bois d’Ailly.
En vue de cette attaque, le Bataillon du 10e de la Croix-Saint-­Jean est rassemblé, celui de Commercy est tenu en réserve. Une contre-attaque allemande reprend, peu après, les tranchées conqui­ses. La 4e Compagnie du 10e attaque à nouveau et reprend le Pentagone 7, que les Allemands contre-attaquent sans succès, comme la citation ci-dessous en porte témoignage :

BOILLOT Capitaine, « Le 5 Avril, à l'attaque d’une tran­chée ennemie, a entraîné ses sections d’assaut sur un terrain découvert et balayé par le feu. S’est maintenu dans la tranchée conquise malgré de violentes contre-attaques ; grièvement blessé, est mort des suites de ses blessures ».

L’ordre d'attaque est donné ensuite au 3e Bataillon du 10e qui relève le 27e le 5 Avril ; les obiectifs sont atteints. Le 7, de violentes contre-attaques allemandes, parviennent à reprendre partiellement nos gains de la veille ; un retour offensif de notre part nous remet en possession des tranchées allemandes, en totalité reprises après une attaque de nuit. Trois contre-attaques ennemies dans la journée du 9, suivies le soir par un bombardement de nos lignes extrêmement violent, ne réussissent pas à ébranler la résis­tance de nos unités.
A partir du 15 Avril, le Régiment modifie son dispositif et occupe :
Un Bataillon en première ligne ;
Un Bataillon à la Croix-Saint-Jean ;
Un Bataillon à Pont-sur-Meuse.

Le 22 Avril, la 15e Division fait deux attaques. Le 10e participe à l’une d’elles sur la tranchée ouest du blockhaus. La 8e Compa­gnie attaque en trois colonnes ; mais le tir d'artillerie étant insuffisant, les deux colonnes de droite ne peuvent progresser, seule une section prend pied dans la ligne allemande. Le 24, les tranchées sont perdues, puis reprises par nous au prix de lourds sacrifices. Le 30 Avril, une action de plus grande envergure doit conduire la 2e Division d'Infanterie et le 10e Régiment d'Infanterie à attaquer entre le Blockhaus inclus et le Champignon inclus et à élargir la brèche. Mais l'attaque qui n'a pas réussi à 13 heures, échoue une seconde fois à 20 heures ; en raison de la préparation insuffisante de l’artillerie, les tranchéees ennemies sont restées intactes et leurs défenseurs reçoivent les assaillants à coups de fusils.
Le Régiment relevé par le 33e Régiment d'Infanterie, s'établit le 2 Mai aux casernes de Lérouville. Le 5, les Allemands attaquent le secteur de la 15e Division d'Infanterie sur son extrême gauche et prennent pied entre la Meuse et le Bois Mulot à la Carrière. Le Régiment se tient prêt à quitter Lérouville. Un bataillon se poste au bois Mulot, deux vont à la Croix-Saint-Jean. Un de ces derniers est chargé de la contre-attaque ; les autres occupent les ouvrages de la deuxième ligne.
A signaler ce jour-là, la citation du caporal BACHELU :
« Véritable entraîneur d'hommes, toujours au premier rang, blessé le 5 Mai, a continué à se battre à coups de grenades et a fait des prisonniers, ne s'est fait panser que le 6 et n'a pas voulu quitter sa compagnie ".

Le 7 Mai, une attaque du 3e Bataillon en liaison avec le 27e, sur le saillant Baulieu par l’est, ne donne que des résultats insigni­fiants.
Ce même jour, est tué le Commandant DESSAINT, une belle figure de soldat :
« D'une bravoure chevaleresque, véritable entraîneur d'hommes toujours le premier au feu. Tué à la tête de son bataillon le 7 Mai 1915 en conduisant l'attaque ". (Citation.)

A partir du 11 Mai a lieu une nouvelle modification du dispositif du Régiment. Six compagnies sont en première ligne, quatre compagnies à la Croix-Saint-Jean, deux compagnies à Pont-sur-Meuse.
Le 14 Mai, les Allemands, après avoir pris la Sablière sur le front du 56e, attaquent sur la gauche du Régiment. Un saillant de la ligne tombe, les Allemands parviennent jusqu’à la ligne de soutien ; mais les renforts arrivés de la Croix-Saint-Jean repren­nent, d’un seul élan, la Crémaillère en entier et la ligne de soutien.
Ce jour-là est tué le Commandant ARCHER :
" Officier supérieur d'une bravoure et d’un dévouement hors ligne. Le 14 Mai, a, par son énergie, rétabli le combat, en ralliant un groupe d'hommes et en partant à leur tête sur les Allemands, dont il a tué trois de sa main, est tombé glorieusement frappé à mort, au moment où il venait de reprendre le terrain perdu ". (Citation).

Du 17 au 20 Mai, des attaques nouvelles, afin de récupérer le terrain perdu, donnent peu de résultat. D’autre part l’état d’usure et de fatigue de la troupe engagée au combat depuis le 5 Mai est considérable. Pour la période du 5 au 17 Mai, les pertes se montent à 26 officiers (dont trois chefs de Bataillon), et à 1483 sous-officiers, caporaux et soldats.
Aussi, du 21 au 23 Mai, le Régiment est relevé en entier et cantonne à Commercy. Les tranchées sont réoccupées par le Régiment à partir du 1er Juin (deux bataillons en ligne). Le 7 Juin, le Président de la Répu­blique vient visiter le secteur à la Croix-Saint-Jean.
A partir du 12, les Bataillons sont ainsi disposés :
Un Bataillon en première ligne,
Un Bataillon à Croix-Saint-Jean et abris de deuxième ligne,
Un Bataillon à Commercy.

Le mois de Juin ne se fait remarquer par aucune action parti­culière. La guerre de mines continue ; les tirs de minenwerfer gênent considérablement les travaux pendant le jour et font subir des pertes assez sensibles.
Le 5 Juillet, l’artillerie allemande montre sur toute la ligne une activité plus grande et presque inaccoutumée. De nouvelles batteries ennemies semblent avoir été installées vers le bois du Fays et le bois du Gobésard. Le 6, est caractérisé par un violent bombardement d’obus de tous calibres. Le 7 au matin, les Alle­mands font sauter deux mines vers le saillant de la Mitrailleuse et en occupent les entonnoirs ; en même temps après un violent bombardement, ils prennent la Tête-à-Vache et portent le combat dans le ravin de Vauzelles. Mais la ligne de soutien n’est pas entamée ; on a le temps de la renforcer et d’occuper les ouvrages de la 2e ligne ; la liaison n’a pas cessé d’exister avec le 27e Régi­ment d’Infanterie à la Cremaillère. Vers 10 heures, une contre-attaque, exécutée par plusieurs unités, reporte nos barrages plus au Nord et rétablit la liaison avec la 16e Division.

A retenir de la journée les citations suivantes :
Commandant SAUVAIN : « Officier de la plus grande bravoure. Est resté toute la journée du 7 Juillet debout sous une pluie de balles et d'obus, rassemblant des isolés, les maintenant par la fermeté de son attitude, et reprenant l’offensive contre l’ennemi, qu’il a réussi à refouler. Blessé deux fois dans la journée, n'a pas quitté son poste ".

Capitaine WITZ : « Le 7 Juillet, dans un combat de plusieurs heures, a refoulé à plusieurs reprises, toujours en tête, l’ennemi, par des contre-attaques furieuses. Blessé mortellement, a dit à ses hommes : Que l’un de vous prenne mon képi et en avant ! ».

Les six unités (4 compagnies du 2e Bataillon ; 2e et 3e compa­gnies), qui ont été engagées dans ce combat, se reconstituent le lendemain aux casernes de Lérouville.
Du 24 Juillet au 8 Août, un bataillon du 210e d’Infanterie entre en jeu avec le 10e Régiment d’Infanterie pour l’organisation du secteur.
Les mois d’Août et de Septembre ne sont marqués par aucun fait saillant. La lutte d’artillerie continue active. On remarque pour la première fois, dans le secteur, que les mitrailleuses alle­mandes tirent des balles lumineuses sur nos avions.
A partir du 11 Septembre, le Régiment est organisé :
Deux bataillons en ligne, avec réserve de chacun d’eux à la Croix-Saint- Jean ;
Un bataillon à Commercy (à partir du 20 Septembre à Ménil-aux-Bois).
Le 26 septembre, arrivent les ordres pour la relève du Régiment par le 29e Régiment d’Infanterie et pour l’embarquement de la 15e Division.


Source : Historique anonyme, LIBRAIRIE CHAPELOT PARIS
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