.
Attaque du Fort de Vaux –Bois des Chevaliers – Bois des Caurières
Après une magnifique revue passée au camp de Saflay, le Bataillon est transporté à Ligny-en- Barroy. Le 9 septembre, la 7e compagnie et la compagnie de mitrailleuses sont enlevées en camions et débarquent le même soir à Haudinville. Les autres unités, le train de combat et le train réglementaire s’embarquent le lendemain. Ce détachement, sous les ordres du capitaine-adjudant -major Labeuf, après avoir séjourné une nuit au camp Augereau, rejoint le Bataillon à Haudinville.
Puis c’est la montée en secteur le 16 septembre. Le bataillon occupe l’ouvrage Rond, près de la route du fort de Vaux ; et c’est jusqu’au 7 octobre, avec des alternatives de relèves et de repos, la vie des secteurs de Verdun : la tranchée sous un effroyable bombardement, les relèves à travers les tirs de barrage, les ravitaillements précaires dans des conditions difficiles, les attaques partielles repoussées plusieurs fois dans la même nuit.
Rien n’altère ni la bonne humeur, ni l’entrain, ni le moral des chasseurs venus de secteurs où ils avaient remué la terre dans un travail opiniâtre et sans gloire, il semble qu’ils aient vu éclore tout à coup dans leur coeur, en arrivant sur cette terre de Verdun, tout l’héroïsme et toutes les vertus guerrières qui s’y étaient dépensées depuis de longs mois.
Le 30 septembre, la Division est relevée. Transportée à Condé-en-Barrois, le Bataillon s’entraine, dans une hâte fébrile, pour participer à la grande offensive qui doit faire retomber entre nos mains les forts de Douaumont et de Vaux. Au 50e doit revenir l’honneur d’attaquer ce dernier.
A l’annonce de la mission qui est dévolue au Bataillon, tous les coeurs s’enflamment, les imaginations s’exaltent, mais la résistance sera plus sérieuse qu’on ne la prévoyait et le 50e devra se contenter d’écrire avec son sang une des plus nobles pages de son histoire.
Le 23 octobre, le Bataillon est à Belrupt ; il quitte ce cantonnement à 18 h 30 pour rentrer en secteur et occuper ses emplacements dans les tranchées de départ. Le 24 à 2 heures, il est en place ; pendant la nuit, le bombardement est relativement faible.
L’heure de l’attaque est fixée à 11 h 40. A la faveur d’un brouillard qui favorise leur marche et malgré l’intensité de bombardement, les chasseurs s’élancent le coeur joyeux. Les premières tranchées sont facilement enlevées, de nombreux prisonniers sont tombés entre nos mains, la marche en avant continue à chaque moment plus pénible et le Bataillon doit stopper devant le « Petit-Dépôt » qui est formidablement défendu. Déjà nos pertes sont sensibles, un grand nombre de chasseurs sont tombés ; le capitaine d’Hauezn et le lieutenant de Ribes viennent d’être blessés ; le capitaine Finet, belle figure de soldat, avec toute l’ardeur du cavalier qu’il fut jadis, est tombé glorieusement à la tête de sa compagnie ; tombé aussi le brave sous-lieutenant Gault, quittant précipitamment l’ambulance où il se trouvait quelques jours avant l’attaque, pour venir retrouver ses chasseurs qu’il veut mener à l’attaque ; tombé aussi glorieusement le lieutenant Blaise qui, avec l’ardeur juvénile de ses vingt ans, s’élance à la tête de ses pionniers.
Vers 16 heures, le commandant Imbert, fortement contusionné, doit passer momentanément le commandement du Bataillon au capitaine Magner. Les chasseurs se rapprochent du fort, mais ils sont arrêtés par des feux nourris de mitrailleuses et par la résistance qu’offre au 71e B.C.P. le « Petit Dépôt ».
D’ailleurs, les effectifs sont réduits à 60 et 70 hommes par compagnie ; les équipes spéciales de sapeurs, pionniers, grenadiers, sont disloquées, le Bataillon est mangé avant le moment où il aurait dû attaquer le fort avec tous ses moyens. A la nuit, il s’organise sur le terrain qu’il vient de conquérir.
Le 25 au matin, le capitaine Magner, blessé, passe le commandement au lieutenant Rousselot qui, lui-même, quelques instants après, tombe très grièvement blessé.
Le chef de bataillon Imbert, qui rejoint son unité, reçoit l’ordre de s’installer en réserve à l’ouvrage Rond : devant la violence du bombardement, ce mouvement ne peut s’exécuter que la nuit. Jusqu’au 29 octobre, le Bataillon occupera les positions qui viennent d’être conquises et les organisera. Il est finalement retiré de la bataille ; il avait perdu dans ses attaques 11 officiers et 150 chasseurs tués ou blessés.
Quelques jours de repos dans la région de Villers-en-Lieu permettent au Bataillon de se reformer, de recevoir des renforts et, le 26 novembre, il est prêt pour de nouvelles missions.
A la fin de novembre, il remonte en secteur au bois des Chevaliers, près du fort de Troyon ; mais la mauvaise saison est arrivée, les nuits sont longues, l’ennemi réagit peu, et la pelle et la pioche sont presque les seules armes que manient les chasseurs.
Historique du 50e BCP (Anonyme, Imp. H. Haut, 1920)
/