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Compte-rendu établi par le lieutenant-colonel Sohier, commandant le 23e RI, concernant les procédés de liaison employés aux attaques de décembre 1915 de l’Hartmannswillerkopf.
Les procédés de liaison employés aux attaques de l’Hartmannswillerkopf ont été les suivants :
1) Réseau téléphonique. Un réseau téléphonique reliait les bataillons au P.C. du Chef de Corps. Le Chef de Corps était relié téléphoniquement avec le Cdt de la Brigade et directement avec le central artillerie. En raison de la violence des bombardements et malgré l’emploi d’un câble armé, ces liaisons furent très précaires et ne rendirent que peu de service au moment des engagements. Plusieurs lignes furent réparées jusqu’à six fois dans la même journée. Pour que les communications aient des chances d’être maintenues il faudrait que les communications indispensables soient établies en câble armé et enterré au moins à 2 m 50 de profondeur, travail long qui devrait être compris dans les travaux de préparation des attaques au même titre que les places d’arme ou les parallèles de départ.
2) Télégraphie optique. Un poste optique avait été mis en liaison avec un autre poste optique placé près de l’observatoire d’artillerie de façon à remédier à l’inconvénient de la rupture des communications. Cette liaison, après de violents bombardements qui coupent les fils téléphoniques, est des plus utiles et a rendu de grands services. Les postes optiques pouvaient être abrités sous casemates rapprochées autant que possible des postes de Cdt des Chefs de Bataillon du front.
3) Signalisation. On a fait usage de fusées de couleur pour demander le déclenchement du tir de l’artillerie en barrage. L’emploi de ce moyen de liaison à donné lieu aux remarques suivantes :
Par temps de brouillard ou de forte pluie ces fusées sont invisibles même à distance rapprochée, à plus forte raison des postes d’observation de l’artillerie. Il est donc nécessaire que ce moyen de liaison soit doublé d’un autre mode de transmission qui ne peut être que le téléphone, sinon on se trouve à la merci d’une attaque. Cependant on pourrait adopter un signal acoustique qui ne semble pas avoir encore été utilisé couramment, par exemple des sirènes très sonores analogues à celles des autos ou même des relais de clairons faisant des appels.
4) Agents de liaison. Les agents de liaison, soldats énergiques et vigoureux, bien trempés au point de vue moral, sont encore de loin les moyens de liaison les plus sûrs. Mais les communications sont forcément très lentes et les pertes considérables sous les bombardements violents.
En résumé les moyens de liaison mis à la disposition du commandement doivent être les plus nombreux possible pour ne pas être à la merci de l’ennemi (bombardement) ou de l’atmosphère (brouillard, neige, pluie, vent).
Le téléphone demande une installation solide et longuement étudiée mais c’est encore le moyen de transmission le plus commode et le plus constant. Les signaux optiques ou acoustiques sont les seuls qui puissent fonctionner sur la ligne de feu. Ils doivent être perçus aux P.C. et retransmis par téléphone.
Enfin les agents de liaison établissent une liaison sûre mais périlleuse et lente. C’est encore grâce à eux cependant qu’arrivent toujours dans les moments de crise les renseignements ou les ordres.
Source SHD 26 N 598
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