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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

jeudi 25 février 2010

Le 10e R.I. à Verdun

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Combat de Fleury

2 Août 1916.

Le 3e Bataillon du 10e doit attaquer dans la direction de la station Fleury, tandis que le 56eRégiment d'infanterie dirigera une attaque vers la crête de Fleury. A 3 heures, l’artillerie commence sa préparation sur l’ensemble de la position ; l’attaque est pour 13 heures. Dès le début du mouvement, le commandant Tisserand-Delange est tué, le capitaine Brand prend la direction de l’attaque ; mais la préparation d'artillerie a été insuffisante ; les tirs n'ont causé aucun dommage à l’ennemi, il a des mitrailleuses et sait s'en servir.
De ce fait, notre mouvement en avant étant arrête, nos grenadiers entrant en action. Mais, vers 18 h 30, le Régiment à notre gauche a dessiné un mouvement en avant ; la gauche de notre ligne peut esquisser un mouvement d'enveloppement de la ligne allemande ; l’action, dès lors, est engagée. Un groupe de grenadiers, commandé par le sergent Chatelain, saute sur un abri occupé par deux officiers, tue l’un d’eux et fait l’autre prisonnier. Le 3e Bataillon se rue sur l’ennemi, l’aborde à la baïonnette et, finalement, enlève toute la ligne. Sans s'arrêter, le Bataillon con tinue son mouvement en avant et atteint la deuxième ligne alle mande. Sur cette ligne, la résistance, moins violence, est brisée rapidement et le mouvement en avant est repris aussitôt ; l’ennemi, se sentant débordé, fait une résistance de courte durée. On aborde et on gravit maintenant les pentes de Fleury ; la ligne atteint et dépasse légèrement la station de Fleury, limite assignée à la pro gression. Le 2e Bataillon, à son tour, pousse de l’avant. L’ennemi fait une résistance courte, mais très vigoureuse ; après quoi, il cède rapidement le terrain et se replie.
Il y a lieu de retenir parmi les nombreuses citations de cette journée :

Commandant TISSERAND-DELANGE :
" Officier d'une rare droiture et d’une haute élévation de caractère, ayant de ses devoirs le sentiment le plus noble et le plus élevé. Modèle de bravoure. S'est toujours distingué dans toutes les affaires auxquelles il a pris part. Blessé mortellement d’une balle à la tête au moment, où, en avant de son bataillon, il entraînait celui-ci à l’assaut".

Capitaine BRAUD :
« Officier énergique et de grande bravoure. Désigné au cours d’une attaque (le Chef de Bataillon, qui dirigeait cette attaque ayant été tué) pour en prendre la direction, s'est porté immédiatement en avant du terrain décou vert, sous un feu de mitrailleuses, donnant ainsi le plus bel exemple de courage. A, peu après, enlevé une position de la ligne ennemie, où 300 hommes ont été faits prisonniers et où six mitrailleuses ont été enlevées. A secondé ensuite énergiquernent le Chef de Corps pour faire échouer les contre-attaques ennemies ».

Serpent POULLEAU (7e Compagnie) :
« Sous-officier d’une belle allure et très crâne. Blessé en portant sa demi-section en avant, sous un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. S’est fait panser rapidement et a continué à entraîner ses hommes en avant, jusqu’à l’enlèvement de la position ennemie ; a fait de nombreux prisonniers ».

Borne commémorative

Cette journée du 2 août est extrêmement pénible, il fait une chaleur accablante. Mais le moral est excellent, les hommes sont pleins d’ardeur et d’entrain. La journée se termine par un bombardement. Pendant la nuit, nos patrouilles reprennent le contact avec la ligne allemande.
Les Allemands tentent, le 3 août, une attaque qui est rapidement et énergiquement arrêtée ; ils se retirent en laissant du monde sur le terrain.
Vers 7 h 30 du même jour, le commandant du Régiment, le colonel Lechères qui, avec un complet mépris du danger, veut se rendre compte de l’état de la ligne, est blessé très grièvement par une balle de mitrailleuse. Le caporal Pichot et le soldat Gontier, de la 9e Compagnie se précipitent aussitôt en terrain découvert et rapportent le colonel a l’abri dans notre tranchée.
Le Régiment, et surtout le 2e Bataillon, en ligne depuis huit jours, livrant des combats presque journaliers et dont le ravitaille ment n'a pas été régulier fait preuve d’une grande endurance.
A 4 heures du matin, le 4 août, un bombardement violent d’obus à gaz précède une attaque allemande, appuyée par des feux nourris de mitrailleuses.
Mais les Allemands s'empêtrent dans les réseaux de fils de fer, jetés de nuit en avant de la station de Fleury ; reçus par nos feux, la plupart restent sur le terrain. A cinq reprises, ils envoient des obus à gaz, deux fois de suite, ils renouvellent leurs attaques ; elles échouent. Démoralisés, ils se replient et tombent sous le feu de notre artillerie.
Le Régiment, protégé par des grenadiers poussés en avant, continue à s'organiser solidement, car le manque de tranchées et de boyaux se manifeste par des pertes sensibles.
Le 5 août, à 4 heures du matin, le bombardement redouble dans la région du bois Vaux-Chapitre, pentes de Souville et ravin de la Poudrière. A 7 heures, une attaque générale, à gros effec tifs, se déclenche, mais démonstrative surtout, sur le front station Chapelle-Sainte-Fine.
Les mitrailleuses du groupe Fleury exécutent, grâce à leur position de flanquement, des tirs efficaces en avant du front atta qué. Les troupes d'attaque, évaluées à trois Bataillons, paraissent avoir comme objectif la lisière Sud de la Haie Renard. Mais, après une contre-attaque de divers éléments placés à l’arrière, la ligne ennemie hésite et flotte, ses éléments sont dispersés ; un groupe allemand, d’une quinzaine d'hommes, avec un sous-officier, parvient jusqu'à un poste de commandement, où il se constitue prisonnier. Certaines unités du Régiment, déjà réduites par des pertes très lourdes, sous la direction énergique de leur chef, parti cipent aux contre-attaques qui ont pour objet de maintenir la ligne.

L’emplacement du village

Dans la soirée, il règne une telle nervosité sur la ligne, de part et d'autre, que l’ordre suivant est envoyé :
« Profiter de la nuit pour faire une répartition de munitions et se réapprovisionner en cartouches de fusils et de mitrailleuses et en grenades. Etre sobre de fusée, surtout de fusées rouges, de demander le tir de barrage qu'en cas de nécessité absolue, sans quoi, l’artillerie, sollicitée de tous côtés, fait des tirs désordonnés. Pas de tiraillerie inutile, pas de fusée sans motif, très peu de fusées éclairantes, le calme sur une ligne indique la bonne tenue d’une troupe ».
« A nos tirs de barrage, les Allemands ripostent, et, de la sorte, les ravitaillements sont longs et difficiles et coûtent chaque fois des vies humaines ; il faut y penser. Dans les sections qui ont subi de grosses pertes, il faut organiser des groupes commandés par quelqu'un d'énergique, fut-il simple soldat. Il faut activer la relève des morts et des blessés, il ne faut pas laisser nos braves soldats sans sépulture ou sans soins. Patrouilles très énergiques et très actives. Travailler activement à l'organisation de la ligne ; il faut vaincre la fatigue même ».
Le même soir, à 22 heures, le 2e Bataillon est relevé par le 65e d'infanterie. Le 6 août est marqué par un bombardement violent et par la participation des mitrailleuses du Régiment, à l’échec d’une attaque ennemie sur le Régiment voisin. Le 10e Régi­ment d'infanterie est relevé le même jour, par le 8e Régiment de tirailleurs et se rend au camp C.
Au cours de ces opérations, cadres et troupes se sont montrés pleins de courage et d’entrain, malgré les difficultés du terrain, les fatigues provoquées par la chaleur ou les privations. Leur conduite et leur attitude, au cours des attaques et des contre-attaques, où l’ennemi a fait le plus large emploi d’obus asphyxiants, a eu non seulement pour conséquence de briser les efforts des Allemands, mais encore, en passant à la riposte, de déterminer une progres­sion au-delà de nos lignes et d’imposer notre volonté à l’adver­saire.
550 prisonniers et 12 mitrailleuses, une avance de notre ligne de 600 mètres de profondeur sur une largeur à peu près équiva­lente, dans la région de Fleury, ont été le résultat de leurs efforts et de leur vaillance.
Malheureusement, le Régiment était en deuil !
Le colonel Léchères, très grièvement blessé, comme il est relaté d'autre part, reçut la Croix de Commandeur de la Légion d’Hon­neur, avec la citation suivante :
« A brillamment conduit à l'assaut les réserves de son Régi­ment sur un glacis entièrement découvert, électrisant ses officiers et ses hommes par son exemple. A été grièvement blessé en se maintenant énergiquement sur la position conquise. Déjà cité à l'Ordre ».

II succomba quelques jours après à l’hôpital mixte de Vitry-le-­Francois.


Source : Historique anonyme du 10 e R.I., Librairie Chapelot - Paris
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