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Aux termes de l’ordre de la 66e Don, le 5e Btn de chasseurs et le 152e qui avait atteint le 21 l’objectif assigné, devaient s’établir sur la position conquise, sous la protection d’éléments avancés poussés au contact.
Les renseignements reçus sur l’action des différents Btns, les rapports fournis par quelques officiers ou isolés qui réussirent à rentrer, ne permettent pas de se faire une idée complète de ce qui se passa le 22 Décembre sur les pentes de l’Hartmannswillerkopf.
Le 22 vers 7 h 15, le Lt Colonel Cdt le Régiment apprenait par un homme du 2e Btn, envoyé par le Commandant Mas, à la recherche de ses deux sections de réserve, qu’une contre-attaque venait de se produire sur le front du 2e Btn.
D’autre part, un Lieutenant de ce Btn, blessé dès le matin du 22, faisait connaître au Chef de Corps qu’il lui paraissait nécessaire de renforcer le Commandant Mas, enfin le Capitaine de la Cie de gauche du 3e Btn rendait compte que sa liaison n’existait plus à gauche et qu’il était urgent d’envoyer dans cette direction une Cie constituée.
Sur la Cie de réserve du Régiment, il ne restait disponible à ce moment que 2 sections. Dans le courant de la nuit, une section avait du être mise déjà à la disposition du 2e Bataillon, sur la demande expresse du Commandant Mas, pour renforcer ses travailleurs, en vue du maintien de sa communication.
Une autre section avait été employée provisoirement, sur la demande du Commandant du 3e Btn, au transport des matériaux et munitions destinés au 3e Btn. Il avait été formellement spécifié que cette section serait rentrée à sa Cie le 22 à 6 heures.
Le Chef de Corps décide en conséquence de mettre à la disposition du Commandant Mas toutes les unités restant disponibles de la 10e Cie.
En fait cette Cie toute entière se trouva placée sous les ordres de cet Officier supérieur.
Le Lieutenant Colonel du 152e rendait compte à 7 h 45 au Colonel Cdt la 81e Brigade, de la situation sur l’éperon Nord, des dispositions qu’avait prises, et lui faisait connaître qu’il n’avait plus aucune réserve. A 8 heures, le Colonel Cdt la 81e Brigade informait le Colonel du 152e qu’il donnait l’ordre de faire monter deux Cies du 6e Bataillon, réserve de Brigade, vers le sommet de l’Hartmannswillerkopf à la disposition du 152e. Il prescrivait en même temps au Chef de Corps de demander à l’artillerie des tirs de barrage. Cette demande était faite d’ailleurs depuis la veille au soir, et par l’intermédiaire de l’Officier d’artillerie adjoint au commandant de l’attaque, auquel tous renseignements nécessaires avaient été fournis sur le front approximativement occupé.
Les deux compagnies de réserve mises à la disposition du 152e étaient au camp Burluraux leur trajet jusqu’au sommet devait être assez long en raison de l’encombrement du boyau unique dont elles disposaient, et du bombardement intense qui s’abattit toute la matinée sur l’Hartmannswillerkopf. Elles ne devaient arriver dans les environs du sommet qu’entre dix et onze heures, et encore que par paquets successifs, ce qui compliqua leur entrée en action, et ce qui, en fait, les empêcha de s’engager au-delà de nos anciennes tranchées de première ligne.
En même temps qu’il envoyait au Commandant Mas sa compagnie de réserve, le Lieutenant Colonel du 152e informait les Commandants des 1er et 3e Bataillons de la contre-attaque qui se produisait à gauche, et prescrivait au 3e Bataillon d’appuyer si possible le 2e Bataillon en orientant vers le Nord un détachement chargé de prendre en flanc la contre-attaque, si elle arrivait à progresser.
Par un compte-rendu de 9 heures 30, le Commandant du 3e Bataillon faisait connaître au Chef de Corps que ce mouvement vers le Nord n’était pas possible en raison dans cette direction, d’un barrage de mitrailleurs allemands ; que d’ailleurs les Compagnies éprouvées comme elles l’avaient été la veille et la nuit, ne pouvaient guère effectuer sans danger un mouvement de quelque envergure.
Le Commandant du 3e Bataillon, à ce moment, 9 heures 30, signalait que son front était intact. Le 1er Bataillon n’envoyait aucun renseignement.
Les agents de liaison à lui adressés ne reparaissaient pas.
En somme, pendant toute la matinée, le Chef de Corps eut l’impression qu’il se produisait sur sa gauche une contre-attaque locale, à laquelle le 2e Bataillon, appuyé successivement par la Cie de réserve du Régiment, puis lorsqu’elles arrivaient, par les deux Compagnies de réserve de Brigade annoncées, pourraient sans doute parer, quitte à se résoudre à un mouvement de repli.
Quant au 3e et 1er Bataillon, vu le renseignement du 3e Bataillon daté de 9 h 30, et étant donné d’autre part, la confiance qu’il avait dans le 1er Bataillon et de son Chef (Cdt Guey), le Chef de Corps pensait que la situation dans l’entrecuisse et la cuisse droite, restait stationnaire.
La fusillade entendue jusqu’à ce moment dans le brouillard épais qui interceptait la vue, n’avait d’ailleurs rien d’anormale.
L’artillerie allemande effectuait d’ailleurs, pendant toute la matinée le tir de barrage intense commencé à la nuit, et qui avait manifestement pour but d’isoler la ligne française avancée, sur les pentes escarpées de l’Hartmannswillerkopf. Ce tir de barrage rendit en permanence les liaisons excessivement difficiles, et à certains moments tout à fait impossible ; il ne put être question dans la matinée du 22 d’utiliser le téléphone, déjà réparé à plusieurs reprises dans la nuit, et devenu dans la matinée absolument inutilisable.
Les 2 Compagnies du 23e étaient impatiemment attendues ; elles se trouvaient égayées et morcelées dans une marche pénible dans les boyaux, la Compagnie de tête arrivait par pelotons. C’est vers onze heures seulement (l’heure exacte n’a pas été notée – l’Officier adjoint au Chef de Corps venait d’être blessé) que la fraction de tête de la première Compagnie arriva vers le poste Moyret. Le Chef de Corps voulut à ce moment, porter lui-même les deux Compagnie du 23e vers le 2e Bataillon, où la situation lui semblait toujours la plus critique – il arriva avec le Commandant de la Compagnie et la section de tête à la tranchée de première ligne ; un brouillard intense régnait et à ce moment le barrage d’artillerie sur le sommet était particulièrement violent.
Le Chef de Corps orienta le Commandant de la Compagnie, lui prescrivit d’envoyer des patrouilles sur le front Nord, de prendre aussi le contact du Commandant du 2e Bataillon, pensant qu’il reconstituerait sa Compagnie, et de se mettre aux ordres de cet officier supérieur. Le Chef de Corps redescendit prendre la 2e Cie du 23e, qui arrivait par sections successives, et conduisit la section de tête avec le Commandant de la Compagnie, à l’ouest de la Cie déjà placée, lui donna les ordres analogues à ceux donnés à la Compagnie voisine.
Mais même avant que les deux compagnies aient eu le temps de se réunir, et au moment ou le Chef de corps revenait à son poste de Commandement, des isolés allemands étaient signalés débouchant sur tout le front, et pénétrant dans nos tranchées, sur la partie sud de l’Hartmannswillerkopf.
Tous les divers détachements qui se trouvaient à proximité des Postes de Commandement de la Brigade et du Régiment, alors dans le camp, furent rapidement réunis, le Commandement, agents de liaison, travailleurs, cyclistes, téléphonistes, etc… détachement du 68e Chasseurs, formés face à l’Est, en une ligne de tirailleurs qui, sans grande peine, déblaya le Camp et rejeta dans les anciennes tranchées allemandes les patrouilleurs qui venaient d’apparaître. Les tranchées allemandes se trouvèrent ainsi réoccupées vis à vis des notres qui, à partir de ce moment, restèrent solidement tenues par les deux Compagnies du 23e, et à leur droite par les divers détachements d’isolés constitués dans le Camp.
Les renseignements adressés sur les opérations du 22, soit par les Chefs de Bataillon, soit par les quelques Officiers ou isolés qui firent des comptes rendus à leur retour (ci-joints) ne donnent aucune idée exacte de ce qui se passa sur les pentes de l’Hartmannswillerkopf. Ce furent sans doute de nombreux combats de détail, ou les unités furent isolées ou débordées.
Il est plus que probable que dans le terrain chaotique ils n’avaient pas eu le temps d’organiser sérieusement. Les Chefs de Bataillon, et les Cdts de Cie eux-mêmes connurent vaguement ce qui se passait, et que leurs liaisons furent supprimées, dès que l’une ou l’autre de leurs factions se trouva débordée.
A suivre
Source JMO du 152e R.I. :http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/spip.php?article59
Photo : Collection personnelle
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