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La Marche sur USKUB
Le lendemain le 4e Chasseurs ne peut déboucher de PRILEP vers le Nord et le Général JOUINOT-GAMBETTA ne voulant pas se laisser arrêter par des arrière-gardes, quitte la vallée et fait prendre à sa Brigade les pistes de montagne.
« A la nuit, le 1er Chasseurs commence l'ascension du col. Les Spahis sont en avant-garde. Les lacets de la route sont parsemés d'une grande quantité de débris de voitures, de caisses de munitions, d'autos et de cadavres d'animaux ; la descente est brillamment éclairée par la lune ; on marche sur un matelas de poussière ; nous croisons de nombreux prisonniers italiens évadés. Pas un coup de feu n'a été tiré lorsque nous débouchons en plaine à la gare détruite de STÉPANCI, où l'on fait halte pendant quatre heures ; quelques pommes de terre et du maïs épargnés par l'incendie permettent d'améliorer la soupe et le repas d'avoine. »
« A 7 heures, la marche est reprise par IZVOR sur VELÈS ; tous les abords de la route sont jonchés de débris de toutes sortes, surtout des casques de Tranchées et des grenades. Un Escadron du Régiment est à l'avant-garde ; au passage, un homme habillé en berger a jeté un fusil et s'est enfui ; on le saisit, il ne parle que le bulgare et porte des armes et des munitions sous ses vêtements ; il est fusillé au pied d'un poteau télégraphique. »
« Tout à coup, à un tournant de la route encaissée, une forte détonation éclate, deux chevaux de l'avant-garde roulent à terre, la tête de colonne se déploie pour éviter une surprise, mais ce n'est qu'une fausse alerte provoquée par l'explosion d'un paquet de grenades que le sabot d'un cheval a fait exploser ».
La Brigade atteint IZVOR évacué par l'ennemi. Après quelques heures de repos, pendant lesquelles l'Infanterie serbe a rejoint par la vallée, la marche sur VELÈS est reprise mais 8 km. plus loin les combats s'engagent et la Cavalerie ne peut plus progresser par la route solidement tenue par les arrière-gardes de la IIe Armée allemande. Il faut abandonner la direction de VELÈS.
« II n'y a d'autres moyens pour atteindre USKUB que de tenter la traversée de la GORESNICA PLANINA par les sentiers de STARIGRAD, DREVENO, ZABLONITZA et PÉTORAC, dans lesquels la Cavalerie serbe s'est en partie perdue pendant la campagne de 1913. »
« Le Général JOUINOT-GAMBETTA, confiant dans l'énergie de ses Escadrons, décide de tenter cette pénible traversée pour atteindre USKUB sur les derrières des défenses de VELÈS. Au 1er Chasseurs d'AFRIQUE échoit l'honneur de mener la tête de colonne sur ce périlleux itinéraire. Faisant demi-tour vers IZVOR, la Brigade s'engage sur le chemin de STARIGRAD avec deux guides pris au passage dans la gare de BUZILCA. »
« Le sentier est à peine tracé, coupé de pistes divergentes que les patrouilles de pointe ont peine à débrouiller. La carte est inexacte, les habitants méfiants et farouches s'enfuient à notre approche. Dès le début, les accidents du terrain et la nature rocheuse des pistes rendent la marche pénible. Il fait très chaud. On fait une grande halte à GORESINICA et l'avant-garde (Escadron FROSSARD) amène un prisonnier du 12e Bataillon de Chasseurs saxons, saisit à LISICE, qui donne d'utiles renseignements. Les Bulgares, dit-il, ont tout abandonné et trahi leurs Alliés ; ils ne veulent plus faire la guerre, ce sont les Allemands qui doivent tenir partout. Il est éreinté et plusieurs de ses camarades, à l'approche de notre colonne, se sont jetés dans les bois ».
Après une marche très pénible de deux jours, la Brigade atteint CERNAVODA le 28 Septembre au matin.
« Nous sommes à une demi-étape d'USKUB qu'on peut atteindre désormais par de bonnes pistes ; la GORESNICA est franchie et les habitants prétendent que la ville est entièrement évacuée par l'ennemi. On entend toujours le canon vers VÉLÈS. Malgré la fatigue très grande des hommes et des chevaux, il n'y a pas un instant à perdre pour faire le dernier effort qui donnera la récompense de nos peines ; mais on ne peut songer à risquer de nuit l'attaque d'une ville comme USKUB avec deux Régiments de Cavalerie. C'est au petit jour que la Brigade abordera la ville. Le 1er Chasseurs d'AFRIQUE doit l'envelopper par le Sud et l'Est pendant que les Spahis marcheront directement sur les hauteurs qui dominent la ville au Sud. »
« A 10 heures, la Brigade quitte le bivouac de CERNAVODA pour se rapprocher des reconnaissances poussées vers, USKUB. Le 1er Chasseurs doit se tenir en surveillance dans la partie Sud-est et lancer un Escadron de partisans au point du jour par les gués du VARDAR, à l'Est d'URUMLI, pour détruire la voie ferrée de KUMANOVO, afin d'encercler la ville par l'Est ».
Malheureusement, l'Escadron envoyé au gué d'URUMLI tombe sur un camp bulgare fortement défendu, et subit de lourdes pertes. Il est dégagé par deux autres Escadrons du 1er R.C.A. qui débordent largement et recourent au combat à pied, après un essai infructueux de charge au sabre.
Pendant que VÉLÈS, beaucoup plus au Sud, tient encore devant l'Infanterie serbe, USKUB est abandonné précipitamment par les Allemands le 29 Septembre. Les Chasseurs ne peuvent y capturer qu'un Cavalier de l'escorte du Maréchal Von MACKENSEN. Trop en flèche et trop éprouvés pour pousser plus loin, ils organisent la défense de la ville et sont rejoints le 1er Octobre par l'Armée serbe. Le même jour la BULGARIE demande l'Armistice.
Source Historique du 1er Régiment de Chasseurs d’AFRIQUE
Avec l’aimable autorisation de Jean-Luc DRON
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