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Vue d'ensemble par Mois des Événements en 1914
I. 3ème et 4ème ESCADRONS
Année 1914.
Août.
Le 2ème RÉGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE est au MAROC au moment de la DÉCLARATION de GUERRE. Troupe d'Élite par l'ancienneté de services de ses cadres, par une longue expérience de la Guerre Africaine, par le patrimoine de son glorieux passé, elle est fière et heureuse d'être appelée à l'honneur de servir en FRANCE : c'est l'âme vibrante d'un chaud patriotisme, qu'elle se mobilise pour aller combattre l'Allemand, le vrai fauteur des séditions marocaines, et venger la mort de ses devanciers, les héros de 1870.
Le 2ème RÉGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE vient en FRANCE en deux échelons : c'est d'abord le 2ème Demi-Régiment dont le 3ème Escadron, venant d'OUDJDA, et le 4ème, de TAOURIRT, débarquent le 29 Août à CELLE.
Leur composition est la suivante :
3ème escadron :
Capitaine De WARREN, Commandant l'Escadron.
Lieutenant LECLERC, Chef de Peloton.
Lieutenant MARY, Chef de Peloton.
Lieutenant SOULÉ, Chef de Peloton.
Lieutenant OGÉ, Chef de Peloton.
12 Sous-officiers.
133 Brigadiers ou Cavaliers.
4ème Escadron :
Capitaine De HEINE, Commandant l'Escadron.
Lieutenant De MONBRISO1N, chef de peloton.
Lieutenant MICHEL-WALON, Chef de Peloton.
Sous-lieutenant RAMOND, Chef de Peloton.
Adjudant-chef ALBERTINI, Chef de Peloton.
14 Sous-officiers.
131 Brigadiers ou Cavaliers.
Transportés en chemin de fer près de PARIS, ces deux Escadrons se rendent d'ANTONY au BOURGET où se forme le 1er RÉGIMENT DE MARCHE DE CHASSEURS D'AFRIQUE, composé de deux Escadrons du 1er Régiment de Chasseurs d’AFRIQUE et de deux Escadrons du 2ème Régiment de Chasseurs d'AFRIQUE (Commandant SOULE). Il est sous les ordres du Colonel ANDRIEU, et fait partie de la 45ème Division d'Infanterie des Troupes d'Afrique, commandée par le Général DRUDE, (VIème Armée).
L'heure est critique. Les 34 Corps d'Armée allemands, portés à plus de 50 en quelques semaines, se sont rués sur la FRANCE par la BELGIQUE et marchent à flots pressés sur MAUBEUGE. Leur but est de mettre l'Armée Française hors de cause par une campagne foudroyante, afin de pouvoir se retourner ensuite, toutes forces réunies, contre les Russes.
Septembre :
Bataille de La MARNE (6-13 Septembre). — Cinq Armées allemandes ont franchi la Frontière Française entre VALENCIENNES et LONGWY, et s'avancent à marches forcées pour réparer le retard causé par la résistance de la Belgique. PARIS semble être leur objectif. Mais, le 4 Septembre, la 1ère de ces Armées, qui descendait la vallée de L’OISE, opère de COMPIÈGNE et de CREIL un brusque mouvement de conversion vers le Sud-est, dans la direction de Meaux. Le Général VON KLUCK semble ignorer sur son flanc droit l'existence de l'ARMÉE MAUNOURY : celle-ci est, il est vrai, de création récente. C'était une faute. Aussi le Général JOFFRE, qui guettait la première occasion propice d'arrêter sa « retraite stratégique », informe-t-il le Maréchal FRENCH, dès le 5 Septembre, de son intention « d'ordonner immédiatement l'Offensive, parce qu'il considérait les conditions comme particulièrement favorables ». Et, à son heure, librement choisie, JOFFRE déclenche la bataille de La MARNE qui met aux prises plus de deux millions d'hommes.
Le 1er RÉGIMENT DE MARCHE DE CHASSEURS D'AFRIQUE arrive à point nommé pour y participer. Il éclaire et protège la 45ème Division d'Infanterie dans sa marche vers le Nord-est ; il sert de soutien à son Artillerie, fait la liaison entre les Anglais (Général WILSON) et la 45ème Division (Général DRUDE) prend part aux combats de CHAMBRY et de VAREDDES, et poursuit l'ennemi jusqu'à SOISSONS. Là, le front se stabilise, et le Régiment reste dans la région de NOYANT jusqu'au 2 Octobre.
Bataille de L'AISNE (14-21 Septembre). — Les Allemands, dans leur marche en avant, avaient fait aménager, aidés en cela par la population civile, les hauteurs de la rive droite de L’AISNE. C'est là qu'ils se fixent pour arrêter notre Offensive. La Guerre de Tranchées se substitue alors à la Guerre de Mouvement. Elle exige d'autres qualités que l'élan et la fougue : mais, là encore, par son sang-froid réfléchi et sa ténacité, le Français reste le premier Soldat du Monde.
Octobre :
Course à la Mer (20 Septembre au 15 Octobre). — Arrêtés dans leur marche « Nach PARIS », les Allemands cherchent à nous déborder vers l'Ouest, et l'État-major Français, se rendant compte que la solution de la bataille de L’AISNE ne peut être donnée par une attaque de front, fait exécuter, à notre aile gauche, un mouvement débordant, à large envergure, dans la direction du Nord. C'est littéralement la « Course à la Mer ».
Bataille d'ARRAS (4-9 Octobre). — C'est dans cette extension du front que le contact se produit entre les forces allemandes et françaises, autour d'ARRAS, d'où ces combats du 4 au 9 Octobre qui causèrent la ruine de cette malheureuse ville.
Le 1er RÉGIMENT DE MARCHE DE CHASSEURS D'AFRIQUE, venant de la région, de SOISSONS par étapes, embarque à COMPIÈGNE, le 4 Octobre, à destination de DOULLENS. Il participe à la bataille d'ARRAS, reste dans la région jusqu'au 18 Octobre, et vient ensuite cantonner à l'arrière, à CALONNE-sur-La-LYS.
Le 20 Octobre, le Régiment est mis à la disposition de la 10ème Division de Cavalerie. Celle-ci reste en réserve derrière les Anglais, dans la région des DUNES, jusqu'au 1er Novembre, date à laquelle elle rejoint le 1er Corps de Cavalerie, pour participer à la bataille de L’YSER.
Novembre :
Bataille des FLANDRES. — La prise d'ANVERS oblige les Belges à glisser le long de la côte et à nous rejoindre sur L’YSER. C'est alors la ruée allemande. L'ennemi n'ayant pu, malgré sa célérité, tourner notre gauche, va chercher, pendant trois semaines à percer le front pour atteindre CALAIS.
L'heure la plus tragique est celle du 31 Octobre, qui marque l'attaque allemande contre le 1er Corps Anglais. Il faut toute l'énergie passionnée du Général FOCH, pour arrêter les forces allemandes et leur infliger un échec. Le 31 au soir, le Maréchal FRENCH songe à donner l'ordre de battre en retraite. Le Général FOCH arrive, vers 2 heures du matin, à VLAMERTHINGUE, et dit au Généralissime Anglais :
« Monsieur le Maréchal, nous tenons, depuis 15 jours, dix Corps d'Armée contre seize ; si vous reculez, ma gauche est débordée. Jamais, dans l'Histoire, l'Armée Anglaise n'a reculé : vous tenez l'honneur de l'ANGLETERRE dans vos mains, comme je tiens celui de la FRANCE. Restez, je viens à votre aide. »
Le Maréchal FRENCH très ému donne l'accolade au Général FOCH, et l'Armée Franco-anglaise arrête l'ennemi.
Le 1er RÉGIMENT DE MARCHE DE CHASSEURS D'AFRIQUE se porte dans la région des MONTS (BELGIQUE), et participe à l'attaque des 4, 5 et 6 Novembre, tentée par la 10ème Division de Cavalerie pour enlever MESSINES. Le Sous-lieutenant RAMOND y trouve une mort glorieuse. Le 15 Novembre, l'échec de la Garde prussienne met fin à la « Grande bataille pour CALAIS », et les Allemands enregistrent là, le deuxième grand échec qu'ils devaient subir avant celui de VERDUN.
Le 15 Novembre 1914 est une date mémorable : c'est l'arrêt définitif, sur toute la ligne, des projets ambitieux du Kaiser.
Cette bataille des FLANDRES, de L’YSER et d’YPRES a duré trois semaines, tandis que la Bataille des Frontières n'a duré que deux jours, et celle de La MARNE sept. On verra, en 1915, les batailles d'ARTOIS et de CHAMPAGNE durer un mois, et, en 1916, celle de La SOMME en durer cinq, celle de VERDUN dix.
Décembre :
De part et d'autre on est à bout de souffle, force est de s'arrêter pour prendre haleine. On en profite pour chercher de nouvelles méthodes de combat. En attendant, le mot d'ordre est de « Tenir » et, dans ce but, la Guerre de Tranchées se généralise sur tout le Front Occidental.
Le Régiment tient un secteur en avant d'ARRAS du 9 Décembre 1914 au 14 Février 1915, devant THÉLUS, à l'Est de la route de LILLE.
Source Historique du 2ème Régiment de Chasseurs d’AFRIQUE
Avec l’aimable autorisation de Jean-Luc Dron.
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