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Exécution de l’ordre N° 228/3 du 2 janvier 1916 du Général Nollet, Commandant la 66e Division. RAPPORT SUR LE FONCTIONNEMENT DES SERVICES DE L’INTENDANCE PENDANT LA PÉRIODE DES OPÉRATIONS AU HARTMANNSWILLERKOPF EN DÉCEMBRE 1915.
SOMMAIRE.
A – PÉRIODE PRÉPARATOIRE.
a) Mise en parfait état des 7 dépôts de vivres crées par ordre du Général Commandant la VIIe Armée.
b) Aménagement de la baraque d’Intendance de Turenne afin de prévoir la possibilité de ravitaillements importants par convois.
c) Utilisation complète du câble de Breitfirst encore inachevé, afin de réduire presque entièrement le service des convois d’Intendance allant de Kruth à Hahnenbrunnen.
B – PÉRIODE D’OPÉRATIONS.
a) Renforcement du centre de distribution de Willer. Construction de deux baraques.
b) Modification du ravitaillement en viande fraîche de la Division.
c) Augmentation des stocks de vivres à Kruth et Wesserling afin d’avoir un minimum de deux jours de tous vivres d’avance.
d) Mesures prises pour faciliter l’habillement et le campement des troupes divisionnaires.
e) Dispositions permettant d’assurer la distribution rapide des colis postaux gratuits et des suppléments du 1er janvier.
f) Utilisation maximum des convois divisionnaires pour aider les transports de munitions d’artillerie et de matériel de Génie.
C – OBSERVATIONS ET DESIDERATA.
DÉVELOPPEMENT.
A – PÉRIODE PRÉPARATOIRE.
a) Mise en parfait état des 7 dépôts de vivres crées par ordre du Général Commandant la VIIe Armée.
Ces dépôts comprennent un total de 80 000 rations de vivres de réserve (pain de guerre, viande de conserve, sucre, sel, café en tablettes, eau de vie, riz et potage salé ont été intégralement complétées comme suit :
Mittlach 15 000 rations
Sondernach 5 000 rations
Breitfirst 30 000 rations
Camp Brun 5 000 rations
Niederlauchen 5 000 rations
Haag 10 000 rations
Turenne 10 000 rations
b) Aménagement de la baraque d’Intendance de Turenne afin de prévoir la possibilité de ravitaillements importants par convois.
La baraque d’Intendance de Turenne renfermait 10 000 rations de vivres de réserve. Prévoyant qu’il pourrait y avoir intérêt à l’utiliser pour assurer sur place certains ravitaillements par convois ; Monsieur le Capitaine Lécuyer a bien voulu, sur la demande de l’Intendant Divisionnaire, faire aménager un petit quai de distribution, élargir la plateforme de la route et réserver un local pour le logement éventuel du personnel nécessaire aux distributions. Tous les aménagements n’ont été que partiellement utilisés.
4 000 rations de vivres de réserve ont été consommées au cours des opérations et immédiatement remplacées.
c) Utilisation complète du câble de Breitfirst encore inachevé, afin de réduire le service des convois d’Intendance allant de Kruth à Hahnenbrunnen.
Au début de décembre 1915, la câble Holtzplatz Breitfirst ne possédait encore ni baraquement ni abri. Son fonctionnement était peu régulier et il paraissait malaisé de lui confier la montée des 400 quintaux de denrées variées et encombrantes nécessaires au ravitaillement quotidien des centres de Mittlach et Hahnenbrunnen. Malgré la rigueur extrême de la température et les grosses difficultés de transport des denrées entre la gare de Breitfirst et le centre d’ Hahnenbrunnen, L’Intendant Divisionnaire a exigé et obtenu un fonctionnement satisfaisant de ce service. Il en est résulté des disponibilités importantes dans les équipages des C.V.A.D. 66 et C.V.A.X. 71. Il est seulement demeuré indispensable de monter parfois par la route avec quelques charrettes à bœufs, une partie des marchandises volumineuses et peu denses, telles la paille et le foin.
Le problème de la montée du pain a été presque entièrement résolu, mais le dispositif des bennes se prête encore mal à son transport.
L’achèvement des baraques d’Holtzplatz et des voies Decauville les desservant, prévu pour le 5 janvier 1916, permettra la réception directe des camions de ravitaillement. On réalisera ainsi une nouvelle économie d’équipages et de convois.
B – PÉRIODE D’OPÉRATIONS.
a) Renforcement du centre de distribution de Willer ; construction de baraques.
Le centre de Willer a eu à desservir pendant les opérations une moyenne de 27 000 rationnaires hommes et chevaux. On n’y disposait primitivement que d’un hall de la gare de marchandises et d’une salle d’attente de la gare de voyageurs. En vue de limiter les risques d’un bombardement, il a été jugé convenable de disposer à Willer d’un jour entier de tous vivres devant être distribué le plus rapidement possible aux corps, le matin entre 7 heures et 10 heures : les camions de ravitaillement devant apporter les vivres destinés à la distribution du lendemain dans le courant de l’après midi.
Un officier d’administration a reçu l’ordre de demeurer en permanence à Willer pour assurer la régularité des services de l’Intendance. Le personnel mis à sa disposition a été augmenté. Pour loger les vivres (surtout le pain) le foin et la paille, il a été nécessaire de trouver de nouveaux locaux : la chose étant indispensable à Willer, l’Intendant Divisionnaire s’est fait céder deux baraques démontables par le service du Génie. Faisant venir une équipe de boulangers et soldats du train de la boulangerie de Goldbach, il a assuré le montage et l’installation rapide de l’une de ces baraques dans la cour de la gare et de l’autre dans une dépendance de l’usine Koecklin, à l’entrée de Willer.
b) Modification du ravitaillement en viande fraîche de la Division. Pendant les opérations, les effectifs à ravitailler se sont progressivement élevés à 67 300 hommes. L’Intendance de la Division ne disposant que d’un parc à bétail de Division, il est devenu très malaisé d’assurer la régularité des distributions de viande. Le Sous Intendant Divisionnaire y est cependant parvenu en faisant forcer au maximum le travail des équipes de bouchers, en obtenant de l’Intendance de l’Armée un renfort de 8 bouchers et en faisant élever au plus haut chiffre possible le ravitaillement en viande frigorifiée (150 quintaux par jour). Les autobus R.V.F. ont pu assurer quotidiennement les distributions au centre de Willer (usine Koecklin).
c) Augmentation des stocks de vivres à Kruth et Wesserling afin d’avoir un minimum de deux jours de vivres d’avance.
Cette augmentation, d’ailleurs réglementaire, était difficultueuse parce qu’elle nécessitait des locaux considérables correspondant au chiffre de rationnaires. Il a été possible d’y pourvoir en utilisant de nouveaux hangars de l’usine Gros Roman à Wesserling.
d) Mesures prises pour faciliter l’habillement et le campement des troupes divisionnaires. L’organisation des services de l’habillement et du campement a été particulièrement délicate, étant donné d’une part les besoins impérieux des corps de troupe éloignés de tout centre d’approvisionnement, et, d’autre part, les disponibilités forcément limitées des services de l’arrière.
L’Intendance Divisionnaire a pu obtenir d’excellents résultats en faisant expédier sur le centre de Wesserling des envois globaux d’effets dont elle a ensuite fait fixer la répartition par le commandement, entre les diverses formations. Cette fixation a non seulement tenu compte des effectifs mais aussi de l’urgence des besoins à satisfaire. Elle n’a concerné que les effets suivants : chemises, caleçons, chaussettes, gants, passemontagnes, cache-nez, jersey, chaussons à neige, couvertures, chapes, bottes de tranchée et ceintures de flanelle.
Il serait à souhaiter que les effets d’habillement les plus indispensables : capotes, vareuses, pantalons et chaussures puissent être distribués par la même méthode simple permettant de parer à des besoins parfois extrêmement urgents.
Tout le service d’habillement et campement a été organisé à Wesserling dans un grand local où se déchargent les camions automobiles arrivant à toute heure de Bussang. Après décompte et classement minutieux, les corps peuvent prendre livraison à leur convenance des effets qui leur sont attribués.
Lors du bombardement de Wesserling du 28 décembre 1915, un obus a démoli une partie de la toiture du dit local. Grâce à de rapides mesures de sauvegarde, il n’en est résulté que d’insignifiantes pertes d’effets.
e) Dispositions permettant d’assurer la distribution rapide des colis postaux gratuits et des suppléments du 1er janvier.
Ayant à desservir un nombre considérable d’unités, il était nécessaire de prévoir des mesures spéciales pour être certain d’assurer très rapidement la répartition des suppléments du 1er janvier. Mr. L’officier d’administration Samaruc, gestionnaire du groupe d’exploitation de la Division, a été chargé de ce service temporaire organisé dans un grand hangar du village de Fellering. La réception et la répartition de tous les colis a été parfaite et a satisfait tout le monde.
f) Utilisation maximum des convois divisionnaires C.V.A.D. 66 et C.V.A.X. 71 pour aider les transports de munitions d’artillerie et de matériel de guerre. La mise en place d’un câble Holtzplatz – Breitfirst ayant libéré la plus grande partie des équipages des convois C.V.A.D. 66 et C.V.A.X. 71, il a été possible d’accéder aux demandes de l’artillerie et du Génie Divisionnaire demandant un renfort de voiture pour le transport du matériel et des munitions.. quotidiennement ces deux convois ont pu transporter 100 à 200 quintaux de munitions, un jour même ils en ont transporté 300 quintaux.
C.- OBSERVATIONS ET DESIDERATA.
Vivres, pain et petites vivres : néant.
Vivres viande néant.
Habillement et campement : Une réserve d’effets d’habillement 1ère et 2e portion devrait être constituée en vue de chaque opération de guerre. La généralisation du système des envois globaux, à répartir par la Division comme il a été exposé plus haut, est demandée avec insistance eu égard aux bons résultats constatés. Ces envois globaux devraient comprendre des brodequins, capotes, vareuses, pantalons.
PERSONNEL. Un renfort de personnel à prélever sur la réserve du C.O.A. d’armée devrait être mis à la disposition du Sous Intendant Divisionnaire pendant toute la durée des opérations.
CONCLUSIONS
Le Service de l’Intendance a pu faire face à tous les besoins des troupes et a fonctionné d’une façon régulière malgré l’accroissement des effectifs, le très mauvais temps et la gène causée par le tir de l’artillerie ennemie sur les centres et les routes de ravitaillement. Il a pu en outre aider constamment le service des transports de munition d’artillerie au moyen des convois divisionnaires et des trains des boulangeries de campagne qui ont ravitaillé directement en obus les batteries engagées pendant l’action.
Le Sous Intendant Divisionnaire croit devoir signaler l’excellent esprit, le travail intensif et le dévouement dont ont fait preuve les hommes des convois C.V.A.D. 66 et C.V.A.X. 71, ainsi que ceux du train de la boulangerie de Goldbach.
Il signale également l’effort considérable de nuit et de jour fourni par les officiers d’administration et les C.O.A. des centres de ravitaillement de Wesserling et de Willer.
Signé illisible
Source : SHD cote 24 N 1632
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