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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

lundi 28 décembre 2009

Le 43e Régiment d'infanterie en Champagne, de décembre 1914 à mars 1915


la guerre de tranchées à la ferme de Beauséjour

Le 29 décembre, le 43e relève le 22e Régiment d'infanterie coloniale en avant de la ferme Beauséjour. Calmes et confiants, les hommes se rendent dans ce secteur, cheminant dans la boue glacée des boyaux, sans chercher à savoir ce que sera demain, ils ignorent les luttes épiques dont ils vont être les héros. Ils ne savent pas que bientôt ils vont magnifier une terre ingrate et auréoler un nom jusqu'alors ignoré : "Beauséjour" !
Pour les survivants du 43e, c'est le titre glorieux d'un chapitre éternel où s'inscrivent les plus belles vertus guerrières : "Beauséjour" ! C'est de l'héroïsme et c'est de la souffrance, c'est le nom d'une immortelle bataille qui pendant trois mois se déroula avec une opiniâtre ténacité, malgré le froid, malgré les privations, malgré la maladie ; c'est aussi le déploiement d'une bravoure particulièrement intrépide et persévérante qui lutta contre les puissances coalisées de l'homme et de la nature. Avec un courage merveilleux, les hommes, malgré leurs misères, supportèrent stoïquement l'hiver dans des tranchées toujours boueuses, où gisaient des cadavres. Ils vécurent sans abri, sans feu, et presque sans nourriture, attaquant sans relâche avec une énergie et un entrain admirables. Ils surent mourir en héros, souffrir sans se plaindre. Dans la multitude des souvenirs glorieux dont le 43e s'enorgueillit, Beauséjour demeurera le plus flamboyant, et toujours ce nom secouera d'un frisson l'âme des poilus qui s'y battirent !

Vingt-quatre heures après son arrivée en ligne, la 12e compagnie enlève une tranchée, allemande, et trois jours plus tard, la 2e compagnie inaugure par un assaut coûteux, une série de combats ininterrompus pendant deux mois pour la possession d'un ouvrage blindé appelé Le Fortin. Pris et repris sans cesse, ce Fortin fut le témoin des plus brillants faits d'armes, des plus valeureux exploits. Enlevé le 9 janvier par le 127e RI, il est occupé le soir même par la 6e compagnie du 43e. Le lendemain à 16 heures, le Fortin saute avec sa garnison et l'ennemi en occupe l'emplacement. C'est pour la conquête de cet emplacement et de tout le système défensif qui s'y rattache que les combats se poursuivront désormais.
Le 11, la 3e compagnie réussit à se porter en un point avancé du dispositif ennemi et à s'y maintenir. Malgré ses efforts, elle ne peut se rendre maîtresse de l'ensemble de la position dont la plus grande partie reste aux mains de l'adversaire. Avant d'entreprendre la conquête générale de l'ouvrage, des travaux d'approche sont ordonnés : il s'agit de creuser une parallèle à distance d'assaut de la position ennemie. Cette oeuvre est poursuivie activement malgré un bombardement incessant et meurtrier et le 16 février, le travail étant achevé, les 2e et 3e bataillons attaquent à 10 heures et s'emparent de quelques tranchées. Ils en sont chassés à 15 h 30 par une puissante contre-attaque allemande. Une nouvelle tentative reçoit le lendemain un sort pareil : Succès à 9 h 35... échec à 11 heures. Le 19, la 3e compagnie réussit un coup de main sur le Fortin qu'elle nettoie minutieusement avant de rentrer dans nos lignes. Désireux d'en finir avec cette résistance qui nuit à la progression générale, le commandement fait intervenir des troupes coloniales qui n'obtiennent que des avantages momentanés. Et c'est enfin au 3e bataillon que revient l'honneur d'avoir enlevé le 2 mars, et conservé ensuite cette position si âprement disputée.
Cet obstacle enfin réduit, le régiment porte ses efforts en d'autres points, mais partout la lutte présente le même caractère d'acharnement ; partout les combats sont longs et meurtriers. Malgré les plus grands sacrifices, la progression demeure insensible : chaque élément de tranchée, chaque boqueteau, chaque motte de terre passe indéfiniment de mains en mains, l'attaque fait surgir immédiatement la contre-attaque. Sur cette terre désolée de Champagne, sur ce sol raviné, bouleversé, en ce désert de craie où croupit une boue liquide et blanche, deux puissances de mort s'entrechoquent, se heurtent avec une violence inouïe et s'épuisent en vain...

Les 13 et 14 mars, le régiment est relevé de cet absorbant secteur, après avoir subi un échec, le 3 mars, dans l'attaque du Bois Oblique, et après avoir arrêté, le 4, une vigoureuse poussée allemande.


Source : Historique anonyme. Paris, Berger-Levrault