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(AOÛT 1915, MAI 1916)
Débarquant à Vitry-la-Ville, le 93e gagna Somme-Tourbe par étapes.
Le 27 Août, il montait dans le secteur de La Truie, à l’Ouest de la ferme Beauséjour.
Le nouveau secteur n’était pas réputé comme tranquille.
Les nombreuses tombes échelonnées le long de La Tourbe et du Marson attestaient de la vigueur des combats qui s’y étaient livrés.
En face de nos positions et les dominant, s’étendaient les premières lignes allemandes tracées sur une étroite crête, appelée « La Courtine » se reliant à l’Est, à l’organisation formidable de La Butte-du-Mesnil.
Devant le front tenu par le 93e Régiment d’Infanterie, les lignes étaient très rapprochées, séparées seulement, en quelques points, par les entonnoirs produits par l’explosion des mines, mais, malgré la proximité des lignes adverses, les tranchées ennemies, tracées légèrement à contre-pente, échappaient à nos vues.
Vers l’Est, notre ligne faisait un coude à angle droit, revenait vers l’arrière coupant le ravin des cuisines et venait se placer sur le prolongement de la ligne de soutien du secteur de La Truie.
Aussitôt arrivé, le régiment travailla à des organisations en vue d’une grande offensive prochaine.
Pendant les périodes de repos passées, soit dans les villages démolis de la vallée de La Tourbe, soit dans les bivouacs sous bois, tel que le bivouac de La Voie-Romaine, les aménagements se poursuivaient vers l’arrière.
Enfin dans la nuit du 24 au 25 Septembre, le régiment montait en ligne, pour l’attaque préparée depuis plusieurs jours par notre artillerie.
L’objectif immédiat était pour le 93e les fortins Benoit et de La Croix, puis l’ouvrage de La Galoche et enfin la ferme du Moulin de Ripont.
L’opération comportait pour nos vagues d’assaut un déplacement latéral au cours de l’attaque.
Enfin la jonction de la 21e Division avec le 20e Corps d’Armée, au coude à angle droit de notre ligne, n’était pas sans inquiéter le Lieutenant-Colonel JAHAN ; aussi avant l’heure de l’attaque, quitta-t-il son abri pour se porter vers les tranchées de départ.
Le départ des vagues d’assaut avait été fixé à 9 heures 15, les montres avaient été réglées la veille, cependant le 25 au matin, entre 8 et 9 heures, arriva une rectification d’heure à faire subir aux montres, l’heure nouvelle retardant de 7 minutes sur celle donnée la veille.
Le dispositif d’attaque comprenait l’échelonnement en profondeur.
En tête, le 1e Bataillon (Commandant CHATEL), derrière lui le 3e Bataillon Commandant CHICOT) et le 2e Bataillon était maintenu en réserve.
Les vagues d’assaut, massées dans les tranchées de première ligne, attendaient l’heure du départ.
Le Capitaine POITOU-DUPLESSIS, commandant la 1e Compagnie, étudiant le terrain, s’aperçut que les fils de fer des premières lignes allemandes n’avaient pas été touchés par la préparation d’artillerie ; il en rendit compte à son chef de bataillon :
« Notre artillerie tire peu, écrit-il, et cependant les fils de fer sont intacts, nous sortirons quand même. »
A 9 heures 15, le 1er Bataillon, auquel la modification de l’heure n’a pu parvenir, sort de ses tranchées, se précipite sur les lignes allemandes qu’il traverse et se porte sur l’ouvrage de La Galoche.
Le 3e Bataillon, auquel l’heure rectifiée a pu parvenir (les montres marquent 9 heures 8) attend qu’il soit 9 heures 15, mais voyant partir le 1e Bataillon, part lui aussi sur l’ordre qu’en donne le Commandant CHICOT.
Cependant, le très court intervalle qui s’est écoulé entre le départ des deux Bataillons a été mis à profit par les mitrailleuses allemandes.
Le 3e Bataillon tombe sous leurs feux qui le fauchent littéralement dans les fils de fer en même temps qu’un barrage d’artillerie de 150 et de 210 écrase les tranchées de départ.
Le Commandant CHICOT est tué.
Le Lieutenant-Colonel JAHAN, le Commandant RAVEL qui se trouvait à ses côtés, le Lieutenant PERNET, officier téléphoniste, un officier du génie, tombent mortellement frappés par un obus.
Pendant un quart d’heure, artillerie et mitrailleuses tirent sans relâche.
Des fortins Benoit et de La Croix sortent des contre-attaques qui pénètrent dans nos lignes d’où une poignée d’hommes du 2e Bataillon soutenus par nos mitrailleuses les en chasse.
Vers midi, l’artillerie se calme, les survivants sont rassemblés et occupent les tranchées de départ.
Du 1er Bataillon, il ne reste que quelques hommes avec le Commandant CHATEL arrêtés dès le départ par les mitrailleuses allemandes.
Du 3e, il ne reste pas 200 hommes, enfin le 2e, demeuré en réserve, a subi de sérieuses pertes sous le feu de l’artillerie ennemie. Certains éléments du 1er Bataillon tiennent encore dans les lignes allemandes.
Le Sergent PROTAT conserve, pendant 24 heures, une tranchée qu’il ne doit abandonner que faute de renfort et peut, à la faveur de la nuit, regagner nos lignes.
Cependant, les pertes nécessitent une réorganisation immédiate.
Le 26 Septembre, le régiment revient à La Truie où le Commandant LAFOUGE, qui vient d’arriver, prend le commandement.
Le 27, le 2e Bataillon est porté plus à l’Ouest en soutien des bataillons de territoriaux.
Dans la soirée, un ordre de la 21e Division prescrit de diriger d’urgence deux compagnies (5e Compagnie, Lieutenant ORDONNEAU, 6e Compagnie, Capitaine PERRÉE) à l’Ouest du Trapèze pour y collaborer avec un bataillon du 65e, des éléments du 137e et du 64e, à la prise de cet ouvrage.
La progression par boyaux fut lente ; les Allemands disputent le terrain pied à pied.
L’opération fut dure et coûteuse.
Un des rares officiers survivants de l’attaque du 25, le Lieutenant ORDONNEAU, commandant la 5e Compagnie, est mortellement frappé en entraînant sa compagnie.
Pour faire diversion et hâter la chute du Trapèze, déjà menacé de trois côtés, le commandement décide d’opérer à l’Est, une brèche dans les lignes entre la Courtine et le Trapèze, exactement au col séparant ces deux ouvrages.
L’opération devait être effectuée par les 7e et 8e Compagnies qui attaqueraient du Sud au Nord, soutenues par la 8e Compagnie du 137e, par deux compagnies du 65e qui opéreraient du Nord au Sud, avec la collaboration des troupes déjà en position à l’Ouest du Trapèze.
L’ordre reçu le 5 octobre au soir, devait être exécuté le 6 au matin, il indiquait :
1° L’heure de l’attaque : 5 heures 15.
2° Les moyens : explosions d’une mine chargée de 27.000 kilos d’explosif, concours de toute l’artillerie lourde et de campagne du secteur.
3° La mission : s’emparer de la première ligne allemande qui comprenait deux tranchées distantes de 40 mètres, s’y maintenir, assurer la liaison en avant avec deux compagnies du 65e attaquant du Nord au Sud.
4° Les mouvements préparatoires : les 7e et 8e Compagnies du 93e, formant deux colonnes, devaient se tenir à 500 mètres de leur point de départ pour l’assaut afin d’éviter le danger d’être prise dans l’explosion du fourneau de mine, dont les effets terrifiants étaient attendus.
Le 6 au matin, vers 5 heures 15, au moment où les compagnies de tête terminaient leur mouvement, une petite explosion se fit entendre : il ne sembla pas que c’était l’explosion attendue.
Les compagnies ne partirent qu’à 5 heures 15 selon l’ordre reçu, franchissant aussi rapidement que possible la distance les séparant de leur point de départ pour l’assaut, puis à un signal donné par l’envoi d’une fusée, s’élancèrent dans un nuage de poussière et de fumée, sous un violent bombardement.
Le terrain bouleversé ralentissait la vitesse de la marche.
Les mitrailleuses allemandes établies au Trapèze et à La Courtine s’attendant à notre attaque (30 minutes se sont écoulées depuis l’explosion de la mine) ouvrent un feu croisé et arrêtent l’élan des deux compagnies dont quelques éléments atteignent les tranchées allemandes, mais ne peuvent s’y maintenir.
Cette opération nous coûtait, rien que pour les deux compagnies d’assaut : 2 officiers, Sous-Lieutenants MONNIER et BOURRU, 2 blessés, 200 sous-officiers, caporaux et soldats tués, blessés ou disparus.
Les débris des 7e et 8e Compagnies furent reportés en réserve dans la Grande-Transversale où la 8e perdit encore 13 hommes sous le feu de l’artillerie ennemie. Pour commander ces deux compagnies, il ne restait plus que des sergents.
Le 7 dans la soirée, le Lieutenant-Colonel, les chefs de bataillon et commandants de compagnies partent reconnaître le secteur tenu par le 137e Régiment d’Infanterie aux Mamelles (Nord du Trapèze) et du ravin de La Goutte.
A 20 heures, les 7e et 8e Compagnies à effectif très réduit, quittant leur emplacement, se portent, par Mesnil, au Bois-des-Renards où elles arrivent vers 3 heures du matin.
Cependant, les 5e et 6e Compagnies puissamment aidées par des mortiers de tranchées, gagnaient du terrain à l’Ouest du Trapèze et réduisaient considérablement le saillant. Le 2e Bataillon réuni allait continuer la progression.
Le 8 Octobre, la 5e Compagnie (Lieutenant BELAUD) et la 6e Compagnie (Capitaine PERRÉE), en liaison à droite avec le 65e, à gauche avec la 7e entraient dans l’ouvrage vers 8 heures du matin.
La progression y fut rapide car, les Allemands sous la pression exercée de trois côtés les menaçant d’encerclement, violemment bombardés par les canons de 58, évacuaient la position après une défense héroïque, laissant une centaine de cadavres et une cinquantaine de blessés qu’ils n’avaient pu transporter.
Le butin était considérable, l’avance comportant 600 mètres jusqu’à la cote 187 (Mamelle Sud).
Le 9, la 5e Compagnie continue la progression jusqu’au ravin de La Goutte (boyau de Cobourg) où la résistance de l’ennemi redevient plus vive.
Le bataillon reçoit l’ordre d’organiser la défense sur place.
A partir de ce moment, l’artillerie ennemie, lourde et de campagne, s’acharna sur Le Trapèze, mettant chaque jour à plat tranchées et boyaux, remis chaque nuit en état.
Cependant, grâce aux solides abris des organisations allemandes, les pertes diminuaient : la position s’organisait, les ravitaillements arrivaient régulièrement en première ligne.
De nombreuses mitrailleuses (18 pour le Bataillon) consolidaient la défense de la position.
D’autre part, le terrain en amphithéâtre dominait les positions ennemies de La Courtine et du Poignard et permettait aussi à notre artillerie des réglages précis.
Le 15, attaque : une attaque à faible effectif sur La Courtine ne donna lieu qu’à des accidents dûs à l’inexpérience des renforts reçus.
Le 17, le bataillon était relevé par un bataillon du 137e et se rendait au bivouac de La Voie-Romaine.
Le 8 Octobre, le 3e Bataillon avait relevé un bataillon du 137e Régiment d’Infanterie dans le ravin de La Goutte et le 1er Bataillon était venu se placer aux Mamelles entre le 2e et le 3e. Ce secteur, placé à un saillant de notre ligne, tourné en pentes douces vers les lignes ennemies, était complètement en vue de leurs observatoires.
Conquis depuis le 25 Septembre et jours suivants, il demandait à être organisé défensivement.
Mais l’ennemi veillait dans ses observatoires, faisait démolir chaque jour le travail de la nuit précédente et interdisait par ses tirs toute circulation même d’isolés.
Pas d’abris, ou d’anciens abris allemands, très peu protégés et très exposés aux vues.
Dans les tranchées que l’on parvient à creuser, les hommes ont pour tout abri leur toile de tente. Les corvées de nuit sont, chaque soir, prises dans les tirs de barrage. Ravitaillement en vivres et munitions, matériel destiné aux travaux, arrivent en très faible proportion.
En trois jours, le bataillon reçoit un seul ravitaillement en vivres à peu près complet.
Le 15 Octobre, un obus de 105 éclate dans l’abri occupé par le Comandant CHATEL (1er Bataillon), des éclats d’un deuxième obus l’atteignent au moment où il franchit la porte.
Malgré d’atroces douleurs, car il a la cuisse broyée, le Commandant CHATEL passe les consignes du secteur des Mamelles à son camarade du 3e Bataillon avec lequel il partage son abri, précisant les points importants et ne consentant à se laisser emmener qu’après avoir tout minutieusement réglé.
Le Commandant CHATEL mourut dans le courant de l’après-midi, à l’ambulance de Croix-Champagne.
L’occupation d’un pareil secteur, pour des hommes sans cesse en opérations depuis le 25 Septembre, était littéralement épuisante, surtout lorsque l’insuffisance et même parfois l’absence de fils de fer en première ligne, exposait à l’éventualité continuelle d’une attaque par surprise.
Le 17 Octobre, les 1er et 3e Bataillons relevés allaient, eux aussi, au bivouac de La Voie-Romaine où de nouveaux renforts devaient recompléter le régiment.
Malheureusement, le manque de cadres se fait de plus en plus sentir, particulièrement au 3e Bataillon où il n’y a même plus un officier par compagnie.
Quant aux sous-officiers et aux hommes, ils sont généralement peu expérimentés, venant au front pour la première fois ou y revenant après blessure les ayant retenus longtemps à l’arrière.
Le 24 Octobre, le 3e Bataillon se porte au bois Mollandin, le 1er se porte au bois Jaune, en réserve, derrière les trois autres régiments de la division attaquant La Courtine.
L’attaque réussit partiellement.
Deux compagnies du 1er Bataillon furent appelées d’urgence pour se rendre à l’Ouest du Trapèze en soutien du 137e Régiment d’Infanterie. Enfin le 25, vers 2heures 30, le 1er Bataillon au complet était en position dans Le Trapèze.
Le Général commandant la 42e Brigade, venait prendre le même jour le commandement des troupes opérant dans cet ouvrage : il établissait son P.C. à l’abri Gotha et décidait de relever les unités fatiguées du 137e Régiment d’Infanterie pour reprendre l’attaque à 5 heures du matin.
La relève terminée à 4 heures, l’attaque fut déclenchée à la grenade dans les boyaux.
Le boyau de Cobourg fut repris, mais en raison des faibles moyens d’attaque et des pertes subies, le Général fit arrêter l’opération et donna l’ordre au 1er Bataillon de se consolider sur ses positions.
Le 3e Bataillon, dans la nuit du 25 au 26 octobre, avait relevé dans le ravin de La Goutte un bataillon du 137e Régiment d’Infanterie, le 2e était revenu aux Mamelles.
Cette partie du secteur est de plus en plus agitée, les tirs de barrage et bombardements de plus en plus fréquents.
Les communications téléphoniques presque continuellement coupées, les coureurs tombent souvent, victimes de leur intrépidité dans l’accomplissement de leur mission.
Les 30 et 31 Octobre, le bombardement devient incessant.
L’attaque du 3e Bataillon parait si imminente que le 31, vers 16 heures, le chef de bataillon demande le tir de barrage. Notre artillerie, muette depuis le matin, donne libre cours à son impatience d’intervention.
Les hommes aperçoivent des mouvements dans les lignes allemandes.
Les mitrailleuses entrent en action, allumant une fusillade générale. Pendant 10 minutes, le vacarme se prolonge.
Subitement, l’artillerie allemande se tait, la nôtre continue encore de tirer.
Puis, tout rentre dans un silence inconnu depuis plusieurs jours.
Sur notre gauche, les Allemands avaient prononcé une attaque sur Tahure ; dans le ravin de La Goutte, grâce à l’énergique intervention de l’artillerie, elle n’avait pu déboucher. Le terrain avait été intégralement maintenu, mais les pertes étaient lourdes.
Le 31 au soir, le 1er Bataillon venait relever les effectifs très réduits du 3e Bataillon et le 4 Novembre, le régiment quittait la région du Mesnil où depuis le 25 Septembre, il n’avait cessé de combattre.
Les croix portant le numéro 93, dans les nombreux cimetières de la région, attestent ses pertes et son héroïsme.
Transporté par camions automobiles, il se rendait sur la Marne, dans la région de Soulanges et de Couvrot, pour s’y réorganiser.
Dans les premiers jours de Décembre, le régiment reprenait la direction des lignes vers la région de Tahure.
Le 3e Bataillon, arrivé le 5 décembre à Somme-Suippes, en repartait le 6, à 17 heures, pour se rendre à La Savate où il n’arrivait que le 7, à 3 heures du matin.
Par suite de pluies torrentielles des jours précédents, les pistes et boyaux habituellement suivis étaient devenus impraticables.
Les guides, appartenant à des unités depuis très peu de temps en secteur, étaient peu sûrs de leur chemin dans une nuit très obscure ; aussi avaient-ils préféré suivre les boyaux malgré leur état déplorable.
A plusieurs reprises, il fallut pourtant les quitter.
Entre le bois des Perdreaux et La Savate, les hommes de tête de colonne s’enlisèrent et ne purent être que difficilement sortis d’une situation inquiétante, ayant disparu dans la boue jusqu’à mi-corps.
Le 7 Décembre au soir, le 1er et le 2e Bataillon montaient en ligne au ravin des Mures et faisaient leur relève dans des conditions meilleures, ayant profité des leçons de la nuit précédente.
Nos positions marquaient la limite des avances faites depuis l’attaque du 25 Septembre ; à vrai dire, le secteur n’avait cessé d’être le théâtre de combats : attaque allemande sur Tahure, le 31 Octobre, attaque française au début de novembre, puis opérations secondaires constamment répétées. Les lignes occupées par le 93e étaient situées sur le flanc de la butte de Tahure et des collines avoisinantes dont le sommet appartenait aux Allemands.
Vers l’Est, après avoir coupé la route Tahure-Grateuil, elles descendaient perpendiculairement sur la Dormoise dont elle coupaient le cours pour se raccorder aux organisations de La Brosse-à-dents.
Deux ravins orientés Ouest-Est, séparés par une colline, venaient se rejoindre près de la source de la Dormoise à Tahure.
Le tracé en saillant de la ligne obligeait à de grands détours pour gagner l’arrière sans être sous le feu de l’artillerie ennemie.
De Tahure, il fallait suivre le ravin jusqu’à La Savate, d’où les itinéraires se dirigeaient sur Perthes, tel des boyaux et où aboutissait la partie utilisable des routes.
Sur ce terrain de Champagne, les mouvements de nuit, sauf par gelée, étaient extrêmement pénibles.
De jour, la vigilance de l’artillerie ennemie ne permettait pas d’emprunter les pistes, itinéraires plus courts que les boyaux.
Les observatoires de la butte de Tahure veillaient et ne laissaient passer personne sur le terrain.
De cette situation, résultait une extrême difficulté pour le transport du matériel et des ravitaillements.
Le matériel, pour les abris et pour la pose des fils de fer, n’arrivait que par petites quantités, porté, en Décembre, à dos d’hommes depuis Perthes.
Plus tard, on employa des animaux de bâts jusqu’à ce que l’établissement d’une voie ferrée de 0.60 eût permis, l’apport régulier du matériel.
Le 8 Décembre, l’ennemi dirige un violent bombardement sur la partie Ouest du secteur et ses arrières.
Le bois de La Savate où se trouve le 3e Bataillon, sous des abris improvisés, est violemment pris à partie.
Les abris s’écroulent, le poste de secours se remplit de blessés et d’hommes qu’il a fallu dégager de dessous de leurs abris.
L’eau manque. Une corvée est envoyée au point d’eau le plus rapproché.
Prise dans le bombardement en traversant le ravin de La Savate, elle subit des pertes et ne rapporte que quelques bidons pleins.
Le mois de Décembre se passe toujours dans les mêmes conditions pénibles.
L’ennemi bombarde fréquemment, de jour, sur nos organisations, de nuit, sur les chemins pour gêner nos ravitaillements.
En Janvier 1916, les résultats d’un travail acharné commencent à se faire sentir.
En ligne, des abris sont en voie d’exécution, l’amélioration des communications permettant l’apport de matériel.
La sécurité du secteur contre une attaque par surprise est garantie par nos épais réseaux de fils de fer.
En février, améliorations de plus en plus sensibles ; la voir de 0,60 a été poussée jusqu’à La Savate, des cuisines ont été établies tout près des lignes : les conditions de vie sont complètement changées.
Cependant, si l’activité ennemie, surtout depuis le début de ses opérations contre Verdun, a bien diminué, il faut quand même se défier des bombardements.
Au début de Mars, dans le secteur tenu par le 2e Bataillon, notre première ligne ayant été portée plus en avant, les Allemands concentrent un violent feu d’artillerie sur la ligne de soutien de ce bataillon.
Le tir, très précis, d’obus de gros calibres, démolissait quelques abris et faisaient une quarantaine de victimes parmi lesquels le commandant COIGNARD, commandant le bataillon.
Le 22 Avril, le 93e quittait la région de Tahure et après quelques jours de repos dans la région de Juvigny, prenait le secteur du Vallon près de Mourmelon, précédemment occupé par un corps de cavalerie.
Il y demeurait jusqu’à fin Mai.
Là, il trouvait un secteur calme, bien organisé au point de vue matériel, doté de communications faciles.
Le 24 Mai, il quittait ce secteur, puis par voie ferrée, ensuite par étapes, se rendait à Nixeville, dans la région de Verdun.
Source : SHD, Historique anonyme. Cote A2g1953
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