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LA BATAILLE AUTOUR D'YPRES ET SUR L'YSER
(Octobre 1914-Février 1915)
Le 21 octobre, le régiment embarque à Mourmelon-le-Petit à destination de la Belgique ; il débarque Bailleul. Le 23 octobre, il entre dans la formidable bataille de l'Yser où le 9e corps va mériter une glorieuse citation, où le 68e particulièrement va jeter le poids de sa valeur dans tous les coins du champ de bataille. Le 23 octobre, le régiment relève les Anglais à Saint-Julien-d’Ypres, contre-attaque le 24 au matin, gagne 1 kilomètre, capturant de nombreux prisonniers et des mitrailleuses. Du 24 au 27, une nouvelle manœuvre offensive nous porte aux abords de Passchendael. Dans la nuit du 27 au 28, nous sommes relevés par la 32e D. I. Les 1er et 3e bataillons du 68e partent dans la nuit du 29 et gagnent par étapes forcées la région de Zillebecke. Les Anglais, ayant subi des pertes énormes, menacent de fléchir ; au petit jour, le 68e entre dans la bataille. Il contre-attaque, dépasse les lignes anglaises et arrive au château d'Hoodge. Il va vivre là, jusqu'au 12 novembre, une période d'attaques violentes suivies d'énergiques réactions ; par sa défense héroïque de la cote 60, il va empêcher les Allemands de s'emparer d'Ypres et de passer l'Yser. Le 6 novembre, un trou s'étant produit dans la ligne de défense, c'est là que le général Moussy exécute, avec des cuisiniers, des plantons, des cyclistes ramassés dans les rues de Zillebecke, sa fameuse contre-attaque qui sauve la situation. Et, dans cette lutte homérique, on glane une lettre du capitaine Pasquier, tombé devant Saint-Julien-d'Ypres, qui dit aux siens : «Adieu ! Vive la France ! Maintenant, j'ai fait mon devoir d'officier, je peux mourir. »
La glorieuse citation à l'ordre de l'armée que le général d'Urbal décernait au 9e corps « pour l'énergie et la ténacité dont il a fait preuve au cours des combats qui se sont déroulés sans interruption, du 21 octobre au 13 novembre », pouvait bien s'adresser au 68e.
Après une période de repos, le régiment prend, fin décembre, le. secteur de Zonnebecke, au carrefour de Broodseinde. Il va passer l'hiver clans l'eau et dans la boue, avec des périodes de quatre jours de tranchée seulement en raison de la dureté du secteur. C'est un secteur aux attaques fréquentes : le 15 décembre, les 1ère et 5e compagnies repoussent une attaque et tuent trois cent cinquante-deux Allemands, le colonel du 32e régiment d'infanterie qui nous relève les en félicite ; le 25 décembre, les 9e et 12e compagnies méritent la lettre de félicitations suivante : « Ont exécuté une attaque de nuit sur les tranchées allemandes dont elles se sont emparées. » A signaler de façon particulière l'attaque du 25 janvier au matin, préparée avec un feu intense de gros minens : elle a été pour l’ennemi un échec complet. Le général Dubois, commandant le corps d'armée, en parle en ces termes :
« Le 68e régiment d'infanterie a été attaqué dans ses tranchées par toute une brigade d'infanterie et tout un bataillon de chasseurs allemands. Grâce à la solide organisation de son secteur, et à la parfaite vigilance de ses hommes, il a pris l'attaque ennemie, dès son apparition, sous le feu de ses fusils et de ses mitrailleuses, et lui a tué 350 hommes, fait 52 prisonniers et blessé 600 hommes. »
Et le régiment mérite à cette occasion la lettre de félicitations ainsi conçue :
« Le général commandant la Vllle armée félicite le 68e régiment d'infanterie pour le sang-froid et la vigilance dont les troupes ont fait preuve lors de l'attaque allemande du 25 janvier et pour la vigueur avec laquelle elles l'ont repoussée. »
Fin janvier, le régiment est relevé et va au repos à Wormouth pour trois semaines. Il reprend les lignes dans le bois de l'Herenthage, il est relevé par les Écossais et prend un nouveau repos de quinze jours à Wormouth ; de là, il se porte à Loos pour l'attaque du 9 mai 1915.
Source Historique du 68e R.I., IMPRIMERIE BERGER LEVRAULT
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