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La poursuite jusqu'au DANUBE
A cette date, l'ennemi, aux prises avec la 1ère Armée serbe, a ses arrières établis au Sud du DANUBE, dans la boucle des PORTES de FER. La Brigade JOUINOT-GAMBETTA, dans un terrain toujours montagneux mais faiblement tenu, va faire irruption sur ces arrières et y semer la panique, empêcher les Allemands d'évacuer leur matériel et bloquer l'arrivée de leurs renforts.
Parti le 20 Octobre de ZAJECAR, le 1er Chasseurs pousse rapidement vers le Nord quand il apprend, par des renseignements d'habitants, qu'un important convoi allemand de munitions, retardé par les abattis créés par les partisans serbes, tente de regagner le DANUBE. La poursuite s'engage, et le convoi est rejoint au village de BRESTOVITZA.
« Mais l'ennemi a été prévenu. Au premier coup de fusil, le convoi démarrait à bonne allure et prenait de la distance en profitant des couverts qu'offrait la vallée très encaissée et garnie d'arbres touffus. Les crêtes, difficilement accessibles, n'ont pas permis aux Escadrons de flanc de progresser assez vite. Les abattis fermant la route n'ont jamais existé. Le Lieutenant FAYE s'empare d'un Aspirant allemand, et les Pelotons lancés à la poursuite ne peuvent s'emparer du convoi, malgré les efforts audacieux de quelques Cavaliers qui tuent au sabre des chevaux et blessent des conducteurs. Le Colonel arrête la poursuite pour ne pas se détourner de sa mission et ramène le Régiment, avec un Aspirant allemand prisonnier, sur la direction de BOR où il arrive à 14 heures ».
BOR est le centre d'une importante région minière.
« Les habitants font bon accueil aux Français, mais la population ouvrière semble effervescente. Le Colonel est obligé d'user de son autorité pour réinstaller l'ingénieur directeur qui a été chassé par les Allemands. »
« Les installations minières, très développées pendant la guerre, ont été laissées intactes par les Allemands ; mais les ouvriers ont pillé les maisons des ingénieurs et pris l'or disponible. »
« L'Aspirant allemand déclare que l'état moral de ses hommes est déplorable. Ils ne veulent plus faire la guerre et ne cherchent qu'à échapper aux Français dont ils redoutent les plus terribles vengeances ; mais il est à craindre que, dans cette région où ils comptent beaucoup de partisans, ils ne sachent vite qu'ils ont seulement sur le dos quelques Pelotons de Cavaliers ».
Il faut donc se montrer partout et le Régiment multiplie les reconnaissances, tout en poussant rapidement vers le Nord. La poursuite s'arrête au DANUBE. Il y avait plus de cent ans que l'Armée Française n'avait pas vu ses rives.
La Couverture le long du DANUBE
Le Régiment atteint le fleuve le 24 Octobre à MOSNAC, aux environs de NEGOTIN, (150 km à l'Est de BELGRADE). Il y est accueilli par une vive fusillade mais le petit poste de Dragons prussiens qu'il attaque décroche sans attendre. Alignés sur la rive, avec leur unique canon de 37 et leurs deux mitrailleuses, les Chasseurs essayent de prendre à parti le trafic automobile sur l'autre berge, mais bientôt arrivent des monitors autrichiens, chaloupes blindées armées de canons de gros calibre qui ripostent sans d'ailleurs causer de pertes aux hommes sommairement abrités. Les habitants préviennent que des renforts allemands et autrichiens se préparent sur la rive Nord et vont débarquer. Il faut de toute urgence détruire le débarcadère voisin, à MIANOVAC. Un Escadron y arrive trop tard et assiste au débarquement de deux Compagnies allemandes, appuyées de monitors. Ne pouvant charger sur un terrain découvert battu par les feux ennemis, le Régiment part pour MIROC d'où il surveille mieux les mouvements de l'ennemi.
Les jours suivants nos patrouilles sont au contact d'une Brigade allemande dont la Cavalerie vient constamment tâter les avant-postes des Chasseurs. La situation pourrait être critique : avancée en flèche dans un pays inconnu, coupée depuis longtemps de ses arrières, sans réserves de vivres et de munitions, la petite Troupe épuisée risque d'être anéantie par les masses allemandes refluant de ROUMANIE. Mais l'ennemi ne songe plus à attaquer.
L'annonce de l'Armistice décide brusquement les Allemands à rompre le contact. Ils quittent la rive serbe en désordre le 11 Novembre. Le 1er Chasseurs prend quelques jours de repos pour remettre en état le personnel et les chevaux qui sont en campagne sans interruption depuis 60 jours et ont parcouru plus de 600 kilomètres d'étapes dans les régions les plus chaotiques de l'EUROPE Centrale, puis il traverse le DANUBE, à BAZIAS, sur des chalands, pour aller cantonner en HONGRIE.
Source Historique du 1er Régiment de Chasseurs d’AFRIQUE
Avec l’aimable autorisation de Jean-Luc DRON