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L'Artois.
(28 août 1915-2 janvier 1916)
LA BATAILLE.
Arrivé à Mondicourt le 29 au matin, le régiment va cantonner à Pommera (Pas-de-Calais). Ayant reçu, le 30, l'ordre de se porter à Blarville pour y prendre le service des tranchées, il y arrive et s'installe dans le secteur Blammont - Grosville le 31. La position, calme le jour est rendue pénible à tenir pendant la nuit par le bombardement qui s'efforce de gêner les travaux.
Au cours d'un repos, qui dure du 11 au 22 septembre, le général Foch passe en revue le régiment. D'une voix énergique et brève, le futur maréchal annonce la prochaine reprise de l'offensive et demande l'effort de tous.
Le 22 septembre, le 268e relève en première ligne le 290e dans le secteur de Grosville. La lutte d'artillerie est violente.
Le 24, le lieutenant-colonel réunit les officiers et leur donne connaissance de l'ordre d'attaque pour le lendemain. Il faut enlever le moulin de Ficheux.
Le 25, à 12 h 45, L'ordre de départ est donné et aucun récit de la journée, ne saurait valoir le rapport qu'en fit dans les termes suivants un des survivants, l'adjudant Deze, de la 17° compagnie
« Le capitaine Liniez passa parmi nous vers 12 heures et nous dit de nous tenir prêts à sortir de la tranchée à 12 h 25. »
« Après avoir préalablement fait des gradins pour grimper, tout le monde attendit, anxieux, l'heure prescrite. Nos regards à tous se fixaient sur, le terrain situé devant nous, en évaluant la distance que nous devions parcourir pour atteindre le but. Nous regardions avec confiance le bombardement qui s'effectuait sans relâche sur les lignes allemandes et nous pensions qu'après un tel bombardement des tranchées ennemies aucun être humain n'y pourrait tenir. »
« 12 h 15. - Les cœurs se serrent ; les hommes ne tiennent plus en place et s'impatientent. A 12 h 20, l'ordre venant du capitaine passe de bouche en bouche dans la tranchée : « Tout le monde le pied sur le gradin, prêt à sortir ! »
« A 12 h 25, le déclenchement se fait dans un ordre parfait. Nous parcourons une vingtaine de mètres sans entendre de balles, puis, dans un élan indescriptible, tout le monde, sans exception, accélère l'allure, et, la baïonnette haute, nous nous élançons à l'assaut. »
« A voir cette vague humaine s'avancer, sans une seconde d'hésitation, au milieu de la mitraille qui devient de plus en plus dense, chacun a la plus grande confiance dans la réussite de l'attaque. Mais, rendus à une cinquantaine de mètres de l’ennemi, deux mitrailleuses nous prenant de flanc se mettent à cracher, l'une à droite, l'autre à gauche, clouant sur place bon nombre de camardes. »
« Le capitaine Liniez qui est au centre de la compagnie, crie à tous : «Courage ! Nous arrivons ! » et montre le plus bel exemple de bravoure et de sang-froid. Nous avançons quand même au milieu du vacarme effrayant qui se fait autour de nous. »
« Une fraction de la compagnie réussit à prendre pied dans la tranchée boche ; le courage s'accroît et chacun a encore bon espoir. Mais les maudites mitrailleuses font leur œuvre ; à mesure que les hommes avancent, ils sont fauchés : impossible d'aller plus loin. Le plus grand nombre ; en partie des blessés, est contraint de rester couché à quelques mètres de la tranchée ennemie parmi les fils de fer qui, quoique coupés en partie, forment encore une barrière difficile à franchir. »
« Le sous-lieutenant Fillaud, debout sur le bord de la tranchée boche, tire sans relâche jusqu'à ce qu'il tombe. Tous les autres officiers, ainsi que les adjudants Poudret et Virolleau, furent, au dire des survivants, aussi sublimes. Le sergent bombardier Cédelle, couché sur le parapet, jeta plus de trente grenades dans la tranchée ennemie et ne s'arrêta qu'à complet épuisement des munitions. »
« A un moment donné, les Boches se retirèrent dans leurs boyaux, mais revinrent au galop quand ils s'aperçurent de la situation. A partir de cet instant, les renforts n'ayant pu arriver à temps, il ne fallut plus songer à bouger. La plupart des survivants attendirent la nuit, couchés parmi les morts, et beaucoup furent tués en cherchant à revenir. »
La journée nous avait coûté 3 officiers tués, 1 blessé, 1 disparu, 27 morts, 133 blessés et 133 disparus.
Le 26 septembre, le régiment est relevé. Quelques journées de déplacements l'amènent à cantonner à Bully le 1er octobre. Les pluies continuelles commencent à bouleverser les tranchées ; les rats creusent des galeries dont les ramifications provoquent sans cesse des éboulements. Le commandant d'une compagnie de soutien écrit :
« Malgré le travail fourni cette nuit, travail surveillé par les officiers, le secteur est toujours dans un état déplorable. Nous avons dégagé deux abris, mais, partout, on enfonce encore jusqu'au ventre, et c'est une chose que vous pouvez à peine imaginer. »
De leur côté, les Allemands travaillent activement, camouflant avec habileté leurs parapets, rapprochant leurs postes d'écoute des nôtres.
Jusqu'au 22 décembre, le 268e alterne dans ce secteur avec le 290e. Le 23, au nord de Grenay, il relève le régiment d'infanterie coloniale du Maroc dans le secteur de la 4e brigade marocaine. Là, encore, les tranchées sont dans un état lamentable et les boyaux presque impraticables, Le bombardement d'artillerie fait rage. Le 29 décembre, le 66e régiment d'infanterie relève le 268e qui cantonne à Bully et de là se rend à Bruay et à, Hersin, où il stationne jusqu'au .9 janvier 1916.
Source : Historique anonyme, Henry Charles-Lavauzelle
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