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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

mardi 12 janvier 2010

93e R.I. - RETRAITE DE L’AISNE

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RETRAITE DE L’AISNE
(28 Mai au 1er Juin 1918)

Le 28 Mai, dans la matinée, après une nuit troublée par plusieurs bombardements par avions, le régiment reçoit l’ordre d’aller occuper un secteur en première ligne au Sud de l’Aisne, à l’Est de la route Ciry-Salsogne-Condé. Le mouvement doit être terminé à 18 heures.
Deux compagnies de manœuvre, sous les ordres du Capitaine DE LASSUS et du Capitaine GOURDIER, et une section de mitrailleuses, commandée par l’Adjudant DUCASSE, formées avec les éléments restants et un renfort venu du C.I.D., seront accolées, chacune d’elles en profondeur, en liaison à droite et à gauche avec les deux autres régiments de la division.
Vers 12 heures, le contre-ordre est donné.
L’ennemi a forcé les passages de l’Aisne et progresse activement vers Chassemy-Braisne.
Les troupes de première ligne se retirent dans la direction de Mont-de-Soissons.
Le régiment reçoit l’ordre d’aller cantonner à Chacrise. Le mouvement, commencé immédiatement, est gêné par les avions ennemis qui mitraillent les compagnies pendant la route. A 19 heures, le régiment va prendre les avant-postes au Nord-Est de Nampteuil, entre Violaine et la ferme de l’Epitaphe, avec mission d’interdire toute infiltration de l’ennemi vers la vallée de la Crise.
Les deux compagnies de manœuvre forment deux grands gardes accolés. Comme réserve, le Commandant du Régiment dispose de tous les éléments étrangers refluant vers l’arrière, arrêtés au passage et regroupés.
La nuit est calme.
Le 29 Mai, dès la pointe du jour, l’ennemi cherche à descendre des hauteurs de Mont-de-Soissons.
Après une première résistance sur les positions au Nord de la Crise, le Régiment va s établir sur les hauteurs, au Sud de la rivière, à l’Ouest de Nampteuil, où il tient l’ennemi en échec toute la matinée, jusqu’à ce qu’il ait brûlé ses dernières cartouches.
Les sections, bien dissimulées dans les boqueteaux et replis du terrain, font des feux ajustés sur les troupes allemandes dévalant les pentes en formations serrées, et leurs occasionnent des pertes sensibles.
L’Adjudant DUCASSE, avec une mitrailleuse, qu’il sert lui-même, fauche complètement les premières vagues ennemies.
Le moral des hommes est excellent.
C’est à regret que, vers midi, ils exécutent l’ordre de se replier, faute de munitions, pour laisser la place aux 9e et 18e Bataillons de Chasseurs à Pied.
Le régiment reçoit l’ordre de s’établir en deuxième ligne, derrière les chasseurs, vers la station de Droizy, où il peut se ravitailler.
Dans la journée, il subit un très violent bombardement qui, heureusement, ne lui occasionne aucune perte.
Dans la soirée, le 93e reçoit l’ordre d’aller prendre position au Sud d’Hardennes-et-Taux, au Nord-Est de la ferme de Contremain, première position de défense avancée du C.R.P.
Il est prévenu que, dès la tombée de la nuit, les troupes qui sont à l’Est de la route nationale de Soissons à Oulchy-le Château, se replieront vers l’Ouest, et qu’il doit se considérer comme étant aux avant-postes.
Le régiment est installé vers 20 heures 30, les deux compagnies de manoeuvre sont accolées.
Le Lieutenant VALLY remplace le Capitaine GOURDIER, blessé.
La nuit est calme.
Le 30, au matin, l’ennemi continue son mouvement offensif. Avec de gros effectifs, précédés de chars d’assaut, il cherche à forcer la position. Le régiment tient bon et ne cède pas un pouce de terrain.
Mais les unités placées vers Grand-Rozoy ont du se replier sous la pression qui ne cesse de s’accentuer.
Il s’agit de redresser la ligne.
Pour ce faire, le régiment reçoit l’ordre de laisser seulement en position sa compagnie de gauche (DE LASSUS) tandis que celle de droite (VALLY) viendra en réserve d’I.D., vers la Fontaine-aux-Chênes, le 137e Régiment d’Infanterie devant assurer la liaison à droite avec l’unité du 93e restant en ligne.
Pendant l’exécution de ce mouvement, l’attaque allemande redouble de fureur ; la droite continue à céder : le régiment, complètement débordé, est soumis à un barrage des plus violents, par obus de gros calibres et par obus toxiques, et à des pertes sérieuses.
Ses éléments isolés se retirent péniblement par Saint-Rémy vers Billy-sur-Ourcq, sous le feu des mitrailleuses des nombreux avions ennemis qui les poursuivent.
La défense de Billy-sur-Ourcq est immédiatement organisée, avec ordre de tenir le village jusqu’au départ de deux groupes d’artillerie en position dans les ravins à l’Ouest et qui, par un barrage violent, cherchent à couvrir le mouvement de la division et à arrêter les progrès de l’ennemi.
Vers 22 heures, le détachement de Billy-sur-Ourcq gagne, par la ferme d’Edrille, l’éperon Ouest de Chouin, poursuivi par les patrouilles allemandes. Les quelques éléments qui restent encore du 93e prennent position sur les pentes Est du plateau pour en interdire l’accès aux Allemands. L’attaque se produit le 31, dès le lever du jour.
Les unités défendent le terrain pied à pied.
Mais Neuilly-Saint-Front est tombé et le régiment a l’ordre de se rallier à Troesnes.
Après une marche très pénible, par une chaleur excessive, malgré les patrouilles ennemies qui circulent à Marizy Sainte-Geneviève et Amerville, les deux compagnies de manoeuvre réussissent, par les deux rives de l’Ourcq à gagner le village qui leur a été fixé.
La défense de Troesnes va être organisée, lorsque l’ordre de relève est reçu vers 18 heures.
Le régiment va cantonner à Digny.
Le lendemain 1er Juin, après une étape assez dure, le régiment se rend à Bargny.
Pendant la grande halte, dans les bois d’Yvors, le Capitaine DELAFOSSE passe en revue les derniers survivants du 93e.
Ils sont une centaine de combattants.
C’est tout ce qui reste de ce glorieux régiment.
La Marseillaise est écoutée avec la plus grande émotion.
Les honneurs sont rendus au Drapeau.
On défile devant lui en lui présentant les armes ; puis le glorieux emblème prend place au milieu de la petite troupe, qui formera sa garde et l’accompagnera baïonnette au canon, jusqu’au cantonnement.
Le Général DAUVIN, commandant la 21e Division, termine ainsi son rapport sur les opérations des 27 au 31 Mai 1918 :
« Le 27 au soir, la 21e Division d’Infanterie avait perdu 6.500 officiers, sous-officiers et soldats, qui, fidèles à leurs consignes, avaient lutté sur place jusqu’au bout, sans se laisser intimider par l’immense supériorité numérique de l’ennemi, en hommes et en artillerie.
Le lendemain matin, on voyait cette belle division rassembler ses dernières forces et étonner ses chefs eux-mêmes, par l’énergie et le moral superbes avec lesquels elle faisait encore tête à l’ennemi pendant quatre jours, répandant sans hésiter, les dernières gouttes de son sang précieux pour le Salut de la Patrie et de la Victoire finale des Armées Françaises.
Le 1er Juin, les derniers survivants de ces journées épiques se sont mis en marche vers la région où,des cendres de l’ancienne, doit renaître une nouvelle division, fille de la première, prête s’il le faut, à mourir aussi pour la Patrie, mais destinée sans doute, à être couronnée des Lauriers de la Victoire.
Et c’est fièrement, sûrs d’avoir fait tout leur devoir, plus que leur devoir, qu’ils sont entrés au cantonnement, Drapeau déployé, musique en tête. »


Source : SHD, Historique anonyme. Cote A2g1953
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