vendredi 30 décembre 2011
lundi 26 décembre 2011
dimanche 25 décembre 2011
mercredi 14 décembre 2011
Plouha (Côtes-d'Armor)
Oeuvre du sculpteur Elie Le Goff
Monument taillé dans le granite.
Adossé à l’arrière de l'église, sur un soubassement, un socle surmonté d'un obélisque avec deux stèles attenantes ornées de palme et de glaive.
Une plaque de marbre située sur le socle porte l’inscription
1914 – 1918
AUX ENFANTS
DE PLOUHA
MORTS POUR LA FRANCE
Le décor est en bronze :
l'obélisque est orné d'une croix et d'une grande palme, le socle d'un trophée de l'armée et de la marine serti d'une couronne de laurier et de chêne.
Un coq gaulois trône au sommet du monument.
Le monument est situé place Foch
jeudi 8 décembre 2011
Plouguiel (Côtes d’Armor)
Oeuvre de Yves Le Meur, Union Artistique de Vaucouleurs (Meuse).
Monument aux morts composé d'une partie en granite et kersantite sommée d'un groupe en fonte moulé monochrome.
La face antérieure du monument, ornée au centre d'une croix latine sertie de palmes de lauriers en bas-relief, présente deux inscriptions commémoratives et les noms des victimes en lettres dorées
Le groupe en fonte moulée associe deux soldats arme au pied, soit un poilu à droite et un fusilier marin à gauche, tenant chacun d'une main un écu portant l'inscription
1914-1918
L'YSER
VERDUN
LA MARNE
Source : Site des Archives départementales des Côtes d’Armor
mardi 6 décembre 2011
Confrécourt, la Croix Brisée
Jean, Marquis de Croix, fit ériger en 1929 cette Croix Brisée portant la devise familiale, symbole du calvaire vécu par tous les combattants de la première guerre mondiale sur le plateau de Confrécourt :
Le 13 septembre 1914, après la victoire de la Marne, les troupes françaises traversent l’Aisne et montent à l’assaut du plateau. Elles n’atteindront ce lieu qu’après 10 jours de terribles combats.
Français et Allemands, ne pouvant percer, vont s’enterrer. Ce sera la guerre des tranchées. Les carrières et la ferme de Confrécourt, à quelques centaines de mètres de la 1ère ligne, serviront de casernement aux troupes françaises.
1ère ligne française sur le plateau de Confrécourt
La défense héroïque du plateau de Confrécourt en juin 1918 stoppera l’offensive allemande. Le 20 août, il sera définitivement libéré, évènement rappelé par la borne du sculpteur Moreau-Vauthier :
‘Ici fut repoussé l’envahisseur’.
Sources : Texte, carte et photo ancienne, panneau d’information érigé par l’association ‘Soissonnais 14/18’
samedi 3 décembre 2011
En mémoire des soldats coloniaux
En 1899, un jardin d'essai colonial est créé, dans l’est du bois de Vincennes, avenue de la Belle-Gabrielle, limitrophe de Nogent sur Marne, pour permettre d'accroître les productions des colonies françaises.
L’exposition coloniale de 1907 a eu lieu dans son enceinte, des pavillons y sont construits, des villages reconstitués.
Pendant la première guerre, l’hôpital bénévole du jardin colonial est installé dans ces lieux. Il regroupe les combattants de l’Empire.
Une mosquée y est installée
Après la guerre, des monuments aux morts sont implantés sur le site tel celui des malgaches inaugurés en 1925
AUX CAMBODGIENS
ET
LAOTIENS
MORTS
POUR
SOLDATS COLONIAUX
DE LA
GRANDE GUERRE
AU SOUVENIR
DES SOLDATS
DE
MADAGASCAR
AUX SOLDATS NOIRS
MORTS
POUR LA FRANCE
Sources
Divers sites répondant aux critères de recherche ‘Jardin colonial et tropical’
Documentation personnelle
mercredi 30 novembre 2011
La dernière lettre
PACCARD Jules
né à Veyrins (Isere)
Le 10 juillet 1915
Cher frère et chers parents,
Je t’écris ces quelques lignes pour te donner de mes nouvelles qui sont bonnes pour le moment et pour te dire que notre repos est terminé nous avons relevé le 22e alpins des tranchées emplacement plus ou moins bon car nos tranchées se trouvent à 400 mètres boches on préférerait être bien plus près car ils leur est trop facile pour nous marmiter.
Cher frère je peux te dire que nous avons passé quelques jours à l’arrière je t »assure que le temps a passé vite car quand on se sent un peu à l’aise à l’abri de la mitraille on est content, je ne sais quand ce métier finira car on commence tous à le trouver bien long enfin ne perdons pas espoir ni courage peut-être on est bien plus proche de la fin qu’on ne se croit.
En faisant la relève j’ai bien demandé si on ne connaissait pas Chamolay et Trillat mais personne ne les connaît d’abord je ne savais pas leur compagne et puis qu’ils sont nouveaux arrivés alors ils ont pas encore eut le temps le temps de faire connaissance. Voilà cher frère tout ce que j’avais à te dire pour le moment j’espère que ma lettre vous trouvera tous en bonne santé. Tu donneras bien le bonjour à la famille Mignot et Gallay et à Faure
Votre fils
et Frère qui vous embrasse
bien fort
Jules
Extrait de l’historique du 28e B.C.A.
Tombé à Metzeral
Le 11/07/1915
Mort pour la France.
Croix de Guerre avec palme, ordre de l'armée 2823 du 7/8/1915. (7ème Armée, N°44)
Pour bravoure, courage et dévouement.
Mortellement blessé en posant des fils de fer sur la tranchée (tué par un obus, ses compagnons blessés.)
Général D'Aubigny, commandant des dépôts du 55ème Bataillon de l'Infanterie
Relevé le 23 juin, le bataillon se reformait, dans la haute vallée de la Fecht, à Schiessloch et à Mittlach, villages situés à moins de 2 kilomètres de Metzeral, lorsque, le 29 juin il fut alerté vers 11 heures du matin. Après un très violent bombardement des hauteurs à l’est, de Metzeral, l’ennemi avait réussi à s’emparer de la cote 664. Rapidement, les 1ère et 2e compagnies se portent à la contre-attaque; par une marche audacieuse et qui déconcerte l’ennemi, elles traversent, en plein jour et à découvert, les vergers qui entourent Metzeral, puis, elles dépassent le village et gravissent les pentes de 664, s’accrochant au terrain et rampant jusqu’à distance d’assaut. Après quelques minutes de tir d’artillerie sur le point conquis par l'ennemi, le détachement s’élance à la baïonnette et reprend le terrain perdu. A la nuit, le bataillon tout entier occupait le secteur, depuis la rive droite de la Fecht (au nord) jusqu’au ravin de Meyerbühl (au sud). La période qui s’écoule de cette date au 8 octobre est une des plus pénibles que le 28e ait passées en secteur. Sans abris, dans un sol rocheux où tout travail était presque impossible le bataillon resta accroché aux flancs de cette crête aride. La chaleur fut constamment accablante et les grands jours d’été passaient avec une lenteur désespérante.
Les distributions ne se faisaient qu’une fois par vingt-quatre heures, entre 10 heures et minuit, et les nuits étaient employées à l’aménagement du secteur. Tout mouvement de jour était impossible, car l’ennemi, profitant de sa situation incomparablement plus favorable, arrosait le secteur d'obus, de torpilles et de feux de mitrailleuses, sans crainte de représailles. Chaque jour, son artillerie détruisait le travail que les chasseurs avaient opiniâtrement fait pendant la nuit, mais, la rage au cœur et, sans se rebuter, le bataillon poursuivait méthodiquement, l'aménagement de ses lignes. La proximité de l’ennemi ne permettant pas de planter les piquets nécessaires à l’installation de réseaux solides, il avait fallu créer, au prix d’efforts persévérants, des « araignées » , en fil de fer tressé, qui, reliées entre elles par de solides ligatures, étaient placées la nuit, en avant des lignes, et constituaient un réseau important. Les compagnies se relevaient deux par deux, tous les huit jours, et se rendaient à Mittlach ou à Schiessloch, afin de se nettoyer et de se reposer des fatigues extrêmes que leur imposait la garde de ce secteur ingrat.
L’ennemi se montrait actif, particulièrement devant le mamelon du Kioske et le rocher de 664, et ses grosses pièces d’artillerie, bien abritées dans la vallée de Munster, ne cessaient d’écraser les derniers débris des maisons de Metzeral.
Sources :
Photos et lettres, Monsieur COLLOMB Gérard, avec tous mes remerciements
Historique Pages 14 18
Canevas Collection personnelle
dimanche 27 novembre 2011
Bla bla bla ...
En préparant un sujet sur les monuments du jardin colonial, passez-moi l’expression mais j'ai trouvé de sacrées conneries sur le net !
Ce jardin a vu défiler le Tout-Paris de la Belle-Epoque, lorsqu'il accueillit en 1907 les Pavillons exposés à Marseille lors de l'Exposition coloniale. Plongé dans un sommeil forcé depuis plus d'un siècle, il a ouvert ses portes en 2003. Les pavillons, envahis d'herbes folles, illustrent les relations douloureuses de la France avec ses colonies. Entrée libre, ouvert le week-end de 11h à 17h30
Voir source 1
Je reprends
Ce jardin a vu défiler le Tout-Paris de la Belle-Epoque, lorsqu'il accueillit en 1907 les Pavillons exposés à Marseille lors de l'Exposition coloniale
Aucunes indications précises quant à la venue de ces pavillons en provenance de Marseille
1906 : Exposition coloniale de Marseille, du 15 avril au 15 novembre. Elle fut initiée et dirigée par Jules Charles-Roux. Elle attira 1 800 000 visiteurs venus visiter une cinquantaine de palais et de pavillons.
1907 : Exposition coloniale de Paris. Elle se tint au Jardin Tropical de Paris dans le Bois de Vincennes. 2 millions de visiteurs défilèrent devant les villages reconstitués.
1908 : Exposition Franco-Britannique de Londres (Franco-British Exhibition)
Voir source 2
Le site, qui dépend du ministère des colonies, accueille en 1907 une exposition coloniale, comme il y en a eu plusieurs à cette époque, reconstituant sur quelques hectares des villages d’Asie et d’Afrique, avec leurs constructions et, pour quelques mois, leurs habitants.
Voir source 3
Plongé dans un sommeil forcé depuis plus d'un siècle
Après la décolonisation, le site continue d’héberger les chercheurs, et principalement le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) qui, notamment, étudie et présente à la filière bois les espèces les plus exotiques, avant qu’une grande partie de l’activité du site ne soit délocalisée à Montpellier. Depuis, coexistent chercheurs du CIRAD et d’autres organismes comme le GRET (Groupe de recherche et d’échange technologique), Vétérinaires sans frontières…
Voir source 3
Personnellement, ma mère travaillant à l’ORSTOM pus l’IRAT avant de terminer sa carrière au CIRAD à Montpellier, j’y ai traîné mes culottes courtes le jeudi (et oui à l’époque le jour de congé pour les élèves était le jeudi) loin des bureaux et c’était un sacré parc de jeux,
Les pavillons, envahis d'herbes folles, illustrent les relations douloureuses de la France avec ses colonies
Vu le nombre de personnes étrangères, surtout africaines, que j’ai pu côtoyer jusqu’en 1974, je laisse le commentaire à son auteur, c'est du politiquement correct, ça ressemble plutôt à un manque de financement et la ‘rivalité’ entre organismes d’état et municipalité
Sources
vendredi 25 novembre 2011
Saint-Mandé (Val de Marne)
Construit en 1923
mardi 22 novembre 2011
23e B.C.A.
Metzeral - (Mai-Juin 1915)
Depuis le 7 Avril, le détachement d’Armée des Vosges a formé 1a VIIe Armée, sous les ordres du Général de MAUDHUY. La 4e Brigade de chasseurs à laquelle appartient le Bataillon, est placée sous le commandement du Lieutenant-Colonel LACAPELLE et fait partie de la 47e Division (Général d’ARMAU de POUYDRAGUIN).
Le 9 Mai, le Bataillon transporté en camions automobiles, vient relever sur les pentes du Sillakerwasen, entre leHohneck et Metzeral, le 297e Régiment d’Infanterie.
Une nouvelle série d’opérations va être entreprise dont le premier but est l’enlèvement de Métzeral et la chute possible par le barrage de la vallée de la Fecht, de toute la défense allemande au Sud de cette vallée.
Du 9 Mai au 14 Juin, sous la réaction continue par la mitrailleuse ou par le canon, d’un ennemi mis en éveil par les travaux entrepris sur toute la ligne, Braunkopf, Sillakerkopf, cote 830, le Bataillon construit une série d’organisations destinées à faciliter le déclenchement de l’attaque : parallèles de départ, boyaux, abris ; c’est une tâche pénible, dangereuse, mais indispensable, malgré les pertes qu’elle occasionne chaque nuit.
Le bois de l’Eichwald, objectif du Bataillon, couvre l’un des éperons de la chaîne descendant duSillakerkopf sur Metzeral, l’autre éperon étant celui de la cote 83o.
Entouré sur toute sa lisière par un important réseau de fils de fer, le bois, très touffu, dissimule entièrement les organisations ennemies. D’après des observations faites de l’Altmatkopf, à travers quelques éclaircies, il est cloisonné intérieurement par d’autres réseaux, et parait puissamment organisé. D’autre part, si la préparation d’artillerie par pièces lourdes peut être facile à exécuter sur les têtes arrondies et en partie dénudées du Braunkopf et de 83o, au contraire sur les bois de l’ Eichwald, aux organisations masquées, et aux pentes très fortes, ce mode de préparation a dû être abandonné et laissé ici presque entièrement aux engins de tranchée.
L’attaque a lieu le 15 Juin à 16 heures 30, sur tout le front. A notre gauche, le 6e B.C.A. attaque le Braunkopf, à notre droite, le 133e Régiment d’Infanterie attaque la cote 83o.
La préparation énergiquement conduite partout, a paru bonne, quoique insuffisamment massive, sur l’ Eichwald. Cependant, au moment où l’ordre d’assaut est donné, aucune hésitation n’est possible. Les positions del’Eichwald forment pour le Braunkopf et 830 de terribles organes de flanquement. Il importe àtout prix de les attaquer et de ne pas permettre à leurs organisations et à leurs défenseurs, d’intervenir dans la lutte des secteurs voisins.
Les unités se portent à l’assaut avec un entrain splendide; la 4e compagnie (Capitaine LOIRE) attaque la corne N.O. du bois, la 3e Compagnie (Lieutenant EISSAUTIER) , renforcée par un peloton de la 6e Compagnie (Sous-Lieutenant FORGUES), attaque la corne S.O. et le blockhaus ; la 5e Compagnie (Capitaine MOUNIER), progresse face au bois, faisant la liaison des attaques des 3e et 4e Compagnies ; elle doit assurer le nettoyage des organisations ennemies; la 1re Compagnie (Capitaine ANNEAU), - doit attaquer dans 1e vallon, en liaison avec le 6e’ Bataillon.
A notre droite, le blockhaus est vaillamment enlevé, les occupants , tués ou faits prisonniers dans un énergique corps à corps. Le Sous-Lieu tenant DURAND, quoique blessé, s’y porte et s’y maintient avec sa section de mitrailleuses.
Les fractions des 3e et 6e Compagnies continuant leur progression pénètrent dans le bois; elles se heurtent à une organisation puissante et intacte, où est concentrée la défense ennemie : un énorme mur en pierres sèches, protégé par un vaste réseau et flanqué par les mitrailleuses.
L’assaut est immédiatement tenté; le Sous-Lieutenant FORGUES est tué en essayant de franchir courageusement le mur; le Sous-Lieu-tenant CHIDE tombe grièvement blessé devant le réseau; les chasseurs décimés par un feu meurtrier se cramponnent au sol pour ne pas perdre le terrain conquis et mènent un énergique combat au fusil et à la grenade.
Plus à gauche, le Capitaine MOUNIER, sous un feu violent, dirige la 5 e Compagnie par gestes, tranquillement, comme à la manœuvre; il tombe mortellement atteint, refuse les soins de son ordonnance et continue en mourant, à exciter l’attaque au cri de : « En avant toujours en avant ! »
Malgré un feu meurtrier, les premières sections de sa compagnie franchissent le réseau extérieur, mais arrêtées sous bois par le second réseau et par le même mur intact, elles doivent se retrancher sur place les fractions de soutien qui ont progressé jusqu’à la lisière, cherchent à s’y maintenir et subissent de fortes pertes.
A l’extrême gauche, même manœuvre, même réseau intact canalisant perfidement les attaques; les vagues d’assaut veulent passer quand même. Plusieurs chasseurs tombent la cisaille à la main dans les fils de fer, en essayant d’y ouvrir des brèches ; d’autres courageusement cherchent à renouveler la tentative et tombent à leur tour. Dés lors, les chasseurs cramponnés au sol, creusent des trous individuels et plutôt que de reculer se font faucher devant les fils de fer dans un alignement tragique. Les chefs de section sont tous tués ou blessés : des sergents, des caporaux, de simples chasseurs prennent le commandement des fractions et continuent le combat. Une contre-attaque ennemie au centre, ne peut déboucher du bois.
L’attaque est ainsi arrêtée sur tout le front, en face d’une organisation impossible à repérer sous bois et que la préparation d’artillerie a laissée intacte. En raison de la situation défavorable formée par l’avance irrégulière des troupes et de l’impossibilité de coordonner leur action, ordre est donné aux fractions avancées de se replier successivement sur la ligne de départ pour permettre une nouvelle préparation. L’attaque doit, en effet, être renouvelée avant la nuit. Mais en raison des résultats incomplets obtenus également dans les opérations contre le Braunkopf et 830, une nouvelle opération d’ensemble doit être envisagée et l’attaque est ajournée. Du reste, une partie des fractions engagées combat encore devant la position ennemie et ne peut être repliée pendant le jour; ces fractions rejoignent à la nuit tombante la tranchée de départ.
Dans la nuit du 15 au 16, l’ennemi ne tente aucune réaction; la nuit est utilisée à la relève et à l’évacuation des blessés, ainsi qu’à la réorganisation des unités. Par un admirable sentiment de dévouement et de solidarité, plusieurs de ceux qui viennent d’échapper à la mort reviennent: encore dans la nuit près des positions ennemies pour rechercher les camarades tués ou blessés. Cet assaut a été particulièrement meurtrier. Tous les chefs de section et de demi-section, sortis des tranchées, ont été sans exception mis hors de combat. Les compagnies d’attaque ont perdu plus de la moitié de leur effectif dont une proportion élevée de tués. Ce détail souligne l’acharnement de la lutte, la ténacité et la bravoure des chasseurs. Cet effort sévère, avait eu du moins pour résultat important, outre les pertes infligées à l’ennemi, d’interdire l’intervention des Allemands de l’Eichwald dans la lutte du Braunkopf et de 830, que nos troupes avaient pu en partie enlever. Nous avions ainsi coopéré puissamment aux succès de la journée.
Le 16, l’attaque d’ensemble est reprise. L’opération du 15 ayant montré l’impossibilité de faire sur l’Eichwald des concentrations de feux d’artillerie et de tirs de destruction suffisants, le rôle du bataillon est d’aider par ses feux les attaques exécutées sur le Braunkopf et 83o, et de battre sans interruption, par ses fusils et ses mitrailleuses les organisations ennemies de l’Eichwald.
Le 17, sous la menace créée par la progression des attaques voisines, et sous la pression continue du Bataillon, l’ennemi abandonne ses positions de l’Eichwald et bat en retraite ne laissant dans les bois que des patrouilles d’arrière-garde. Nos reconnaissances y pénètrent et le mouvement en avant est repris par la 6e Compagnie (VERGEZ) et la 2e Compagnie (GRELOT). Le bois est rapidement traversé. Quelques patrouilles d’arrière-garde sont faites prisonnières.
Continuant rapidement leur progression au-delà du bois, les premières fractions débouchent devant la partie ouest du faubourg d’ Alternat dont elles s’emparent et où elles s’établissent avec les fractions du 24e B.C.A.
Quelques patrouilles poussent jusqu’aux premières maisons de Metzeral en flammes.
Dans la nuit du 17 au 18, le Bataillon reçoit pour mission d’occupé , Altenhof et d’établir vers la Fecht la liaison avec les troupes opérant sur les pentes du Schnepfenried où l’attaque entreprise par la 66e D.I. progresse lentement. L’ennemi canonne sans, relâche le fond de la vallée, et tient encore solidement le cimetière et les quartiers Sud de Metzeral.
Le 18 et le 19 le Bataillon se maintient sur ses positions et s’organise à Altenhof-Sud.
Le 20, il est relevé par le 22 e B.C.A. et est mis au repos au bivouac, dans la région du Lac de Schiessroth.
Dès le 21, il revient à Altenhof et soutient l’attaque des troupes qui enlèvent Metzeral.
Le 22 Juin, il est mis de nouveau au repos dans la haute vallée de la Fecht pour se réorganiser.
Durant cette période de durs combats, le Bataillon avait largement rempli sa tâche.
Au lendemain même des attaques des 15, 16 et 17 juin, la traverse du bois à la poursuite de l’ennemi en retraite, avait permis d’apprécier la puissance formidable de l’organisation établie dans l’Eichwald. Celle-ci témoignait, comme purent s’en rendre compte ultérieurement tous ceux qui sont venus voir cette organisation défensive exceptionnelle, de l’importance attachée par l’ennemi à la conservation de cette position, de l'âpreté de la lutte héroïque menée par les unités d'assaut, de la valeur du succès remporté par le Bataillon.
Sources :
Historique du 52e B.C.A.
Carte E.M.
Remerciements à A Bohly et D Roess
samedi 19 novembre 2011
52e B.C.A.
Metzeral.
(Juin 1915.)
Le 52e, ainsi entraîné, est prêt pour des opérations plus importantes. Au début de juin 1915, il abandonne ce secteur de Pairis où il tient depuis novembre, dont il a commencé l'organisation et dont il vient d'améliorer la situation. Il va prendre part aux opérations que la 47e division, en liaison avec la 66e à sa droite, va tenter entre la Fecht-de-Metzeral et le grand Ballon d'Alsace.
Du 10 au 15 juin, le bataillon, sous l'énergique direction du commandant AUSSET, occupe, face à la vallée de Metzeral, les tranchées du Braunkopf, soumises à un furieux bombardement sans arrêt. C'est de là que va partir l'attaque.
Le 16 juin, le combat est engagé sur tout ce vaste front ; le bataillon a l'ordre de nettoyer le bois de Sommerlitt, que l'ennemi a puissamment organisé ; ce bois, très touffu, couvre une région de roches difficiles. La bataille y sera dure.
A la baïonnette, à la grenade, pas à pas, à travers les réseaux insuffisamment détruits, les braves des 9e et 10e compagnies s'engagent dans ce bois où la mitraille ennemie frappe avec une violence inouïe. Dès les premiers pas, le lieutenant BOULANGER, commandant la 10e, est tué devant un réseau ; le lieutenant MATHENET, arrivé de la veille pour prendre le commandement de la 9e, est blessé à son tour. Mais les bonnes unités marchent tout de même ; les sous-lieutenants MILLOT et MAGE entraînent leurs chasseurs à travers mille difficultés. En arrivant au fond du bois, après l'avoir nettoyé, tous deux à leur tour sont blessés. Pendant la marche, le sous-lieutenant TARDIEU, de la 10e, avait été tué, et le sergent MANDET, de la 9e, voulant à lui seul capturer un groupe d'ennemis, se fit tuer à son tour en leur faisant lever les mains.
Ayant ainsi gagné un demi-kilomètre, les deux compagnies, épuisées mais victorieuses, creusent leurs trous à l'autre lisière.
Le 21 juin, la bataille continuant, le 52e prend part à l'attaque de Metzeral. Dans son élan irrésistible, il part à l'assaut et culbute l'ennemi. L'église est atteinte, les abords de la gare sont en notre possession, mais ne peuvent être dépassés ; de nombreuses mitrailleuses dissimulées dans les taillis, au Reichakerkopf, nous arrêtent net.
Pendant les deux semaines suivantes, le bataillon resta en ligne dans ces quartiers de bataille, bombardés sans rémission du matin au soir. A la cote 664, au-dessus de Metzeral, la 10e compagnie, aux ordres du lieutenant OLIVE, résistait le 29 juin à un assaut très violent tenté par l'ennemi pour reprendre le terrain perdu. Cette belle compagnie, qui avait perdu trois de ses officiers le 16, résista encore grâce à l'énergie du seul officier qui lui restait, lequel, dans cette heure critique, suppléa par sa valeur personnelle à l'extrême épuisement de sa troupe et la tint à sa place sans qu'un seul prisonnier lui fut fait.
La première citation à l'ordre de l'armée.
La belle conduite du 52e chasseurs, qui depuis près de trois semaines était engagé sans répit dans une grande opération, fut signalée ; elle lui valut, quelques jours plus tard, son premier titre de noblesse : sa première citation à l'ordre de l'armée qui parut avec le texte suivant :
Ordre de la VIIe armée n° 32, du 9 juillet 1915.
Le 52e Bataillon de chasseurs :
A fait preuve d'une vaillance et d'une énergie au-dessus de tout éloge, en enlevant une position très fortement organisée, dans laquelle l'ennemi se considérait comme inexpugnable, d'après les déclarations mêmes des officiers prisonniers. Lui a fait subir des pertes considérables et, malgré un bombardement des plus violents, n'a pas cessé de progresser pendant plusieurs journées consécutives pour élargir sa conquête.
A la suite de ces belles journées, nos officiers et nos chasseurs recevaient, à leur tour, la récompense de leur vaillance.
Les chasseurs STIERLIN, SARRAZIN et CHANUT, les infirmiers JUILLARD et GUIBERT, le sergent GAY, le lieutenant BOULANGER étaient cités à l'ordre de l'armée. Le chasseur BESSY, le médecin auxiliaire ARRAUD, le caporal RODDE recevaient la médaille militaire. Ce dernier, à l'attaque du 16, ayant reçu une balle qui venait de lui fracasser le bras, criait encore à ses chasseurs d'avancer sans se soucier de lui-même.
Sources :
Historique du 52e B.C.A., avec l’aimable autorisation de Jean-Luc Dron
Carte E.M.
Photo ancienne ‘La photo au service de l’histoire’ Société d’Histoire du Val et de la ville de Munster, avec l’aimable autorisation de Gérard Jacquat
vendredi 18 novembre 2011
Créteil (Val de Marne)
Oeuvre de l’entrepreneur L. Bardet et du sculpteur A. Descatoire (1874-1949)
Construit en 1921 et inauguré en 1922
La sculpture : une femme drapée représentant la paix
Le monument comporte les noms des Cristoliens morts pour la France aux guerres de 1870-1871, 1914-1918, 1939-1945, Indochine, Algérie, Allemagne, les déportés et le nom d’un militaire tué en Afghanistan
Sur le devant du monument, une urne surmontée d’un casque avec une couronne de lauriers comportant de la terre de Verdun
Derrière le monument se trouve un mausolée aux combattants du siège de Paris (1870-71)
Source Divers sites répondant aux critères de recherche ‘Créteil monument aux morts’Derrière le monument se trouve un mausolée aux combattants du siège de Paris (1870-71)
mardi 15 novembre 2011
CHAUX DES CROTENAY (JURA)
Oeuvre de l'architecte M. SCHACRE de Champagnole (Jura)
Inauguré le 28 mai 1922
La construction du monument a été effectuée en 1921 par Les Ateliers St Joseph à Buxy (Saône et Loire) sur un terrain offert gratuitement par M. GUERILLOT Félix.
C’est un monument imposant de 37 m de long sur 13 m de large qui a nécessité la construction du mur de soutènement sur l’emplacement du monument en 1921 effectué par M. ROFFET Jacques des Planches en Montagne, selon plans établis par M. SCHACRE
Le monument comporte 28 noms dont 2 de la seconde guerre
Source Mairie de Chaux des Croteney que je remercie
vendredi 11 novembre 2011
jeudi 10 novembre 2011
lundi 7 novembre 2011
Soupir, 17 avril 1917
Le 17 avril
4h.30
L’ennemi prononce une très forte contre-attaque sur tout le front du Bataillon. Des troupes fraîches y coopèrent, elles appartiennent au 211erégiment de réserve (45e division de réserve)
Nos feux obligent l’assaillant à reculer en laissant des cadavres sur le terrain. La 4e compagnie, malgré de grosses pertes (capitaine Bonnier, blessé, sous-lieutenant Scoliège, tué) résiste énergiquement. Le lieutenant Charles est tué.
11 heures.
Le tir trop court de nos canons oblige toute la droite de la ligne à refluer de quelques pas. Sitôt la crise passée les emplacements sont réoccupés.
Il faudrait, en ces jours d’héroïques combats, citer tous les chasseurs du Bataillon, car tous se sont battus comme des lions, la difficulté de s’emparer de cette position indique suffisamment la bravoure avec laquelle les chasseurs se sont élancés à l’assaut. Néanmoins quelques-uns méritent qu’on cite leurs noms.
Le chasseur Biez, de la C.M.1., voit déboucher une contre-attaque ennemie en arrière de la section ; il s’élance seul sur les assaillants, les attaque à la grenade, en tue 4 et met les autres en fuite.
Le sergent Ethuin, de la 5e compagnie, se précipite sur un groupe de grenadiers ennemis, tue 3 Allemands, dont un officier et fait les autres prisonniers.
Le sergent Delaune, de la 5e compagnie, est blessé ; il prend néanmoins, le commandement d’une section privée de son chef et repousse trois contre-attaques ennemies.
L’adjudant Guillaume, de la 2e compagnie, enlève de haute lutte une mitrailleuse ennemie.
L’adjudant Ricart, de la 3e compagnie, tombe mortellement frappé après avoir été blessé au début de l’action.
Le chasseur Guyon, de la 3e compagnie, est en position prés d’une mitrailleuse ; l’ennemi, au cours d’une contre-attaque, s’avance au devant de la pièce, elle va être prise. Guyon se précipite au devant de l’assaillant, lutte, est blessé, mais la pièce est sauvée.
Le sous-lieutenant Lhuillier a été blessé au début de l’attaque ; le sergent Lang, de la 3e compagnie, a pris le commandement de sa section, il manœuvre adroitement trois îlots de résistance, permettant ainsi à sa compagnie de progresser. Le soir, il repousse une violente contre-attaque ; un de ses chasseurs, Picot (Georges) est grièvement blessé et perd l’œil droit.
Le chasseur Paindevoine, de la 2e compagnie, veut, malgré la violence du feu, transporter un de ses camarades mis hors de combat ; il est à son tour grièvement blessé.
Il faudrait des pages pour citer tous les actes des braves qui se sont distingués, car ils furent nombreux.
17h30
Le Bataillon appuie l’attaque des 27e et 29e Sénégalais sur les carrières de Grinons et l’attaque du 29e B.C.P. sur les carrières souterraines.
Dans une progression à la grenade, la 1re compagnie cherche à déborder par l’est la zone des abris fortement tenue par l’ennemi ; le mouvement est arrêté par des mitrailleuses et barrages de grenades. Le peloton de 37 appuie par son tir le mouvement des Sénégalais.
A 21 heures Une contre-attaque allemande est repoussée comme les précédentes.
Sources :
Historique du 25e BCP Avec l’aimable autorisation de Didier créateur du site ‘Chtimiste’
Fiche : SGA Mémoire des Hommes
Photos et carte Alain Pereur
jeudi 3 novembre 2011
LA BUTTE DE VAUQUOIS
A L'ASSAUT DE LA BUTTE DE VAUQUOIS
28 FÉVRIER 1915
Voici un récit vécu de la conquête de la fameuse « Butte », de sinistre mémoire, comme les Eparges, pour tous les rescapés des sanglants combats qui s'y déroulèrent avec une telle frénésie que cette croupe célèbre devait, à la suite des éruptions volcaniques des mines et contre-mines, voir son niveau s'affaisser de plusieurs mètres. On hausse les épaules, aujourd'hui, devant cette bêtise sans nom qui faisait, à cette époque-là, encore sonner la charge et jouer La Marseillaise au moment de l'assaut. Mais c'étaient les derniers sursauts d'une vieille pratique militaire qui ne voyait la charge à la baïonnette que comme l'épisode final et magnifique d'une manœuvre de garnison.
Les obus continuent de tomber dans un vacarme assourdissant sur la colline. Les officiers encouragent les hommes de leur mieux.
« On entrera dans Vauquois sans tirer un coup de fusil, disent-ils, et l'arme à la bretelle !... »
On aurait pu croire aisément ces paroles encourageantes. Chacun pensait qu'après un pilonnage semblable on ne retrouverait plus qu'un cahot d'abris et de tranchées sanguinolentes abandonnées...
Mais les Allemands, devant ce déluge de fer, se retireront tout bonnement en arrière et feront appel, entre temps, à des renforts.
Après cinq heures de bombardement ininterrompu dont l'intensité n'a jamais été égalée jusqu'à ce jour sur le même objectif et sur aucune partie du front, un clairon s'est mis à sonner la charge
Il y a la goutte à boire, Là-haut !...
C'est le signal. Il est une heure de l'après-midi. Notre artillerie cesse tout à coup pour nous donner le champ libre. Par malheur, la charge a sonné quelques minutes trop tôt, ce qui permet aux éléments allemands encore valides de se ressaisir et de venir réoccuper leurs tranchées.
Le clairon les a avertis. Tant pis ! Les commandements de : «En avant ! » se sont répercutés sur l'ensemble du secteur.
Dans un élan superbe, les soldats gravissent lestement les échelles et montent maintenant sur la pente de la « Butte ».
Les baïonnettes étincellent sous la rafale de feu.
Là-bas, à la ferme de Bertramet, le général Valdant, voyant partir ces guerriers dans un assaut sublime, se tourne vers ses officiers et dit en se découvrant :
« Saluez ! Messieurs ; ce sont des héros qui s'en vont à la mort !... »
Non loin de nous, près de la « gabionnade », les musiciens, sous le commandement du sous-chef Laty, entament la Marseillaise.
Ces giboulées de grésil glacial qui faisaient trembler nos pauvres carcasses durant ces cinq heures de bombardement intense, semblent, tout à coup, avoir été balayées par la tempête.,., l'autre... la tempête de feu...
Maintenant que les fantassins des deux camps sont en contact, l'artillerie ennemie donne de la voix et remplace la nôtre. Des obus allemands de tous calibres s'abattent dès lors sur le versant sud de la colline, sur ces hommes qui montent à l'assaut, sur le Chemin Creux où nous nous faisons petits et sur la « gabionnade » pour empêcher nos renforts d'arriver.
Pour intimider le régiment, l'ennemi envoie deux formidables obus de 305 au pied du « Mamelon Blanc », sans faire trop de dégâts.
Le lieutenant attend toujours impatiemment l'ordre de se porter à tel point du village. Mais, tout à l'heure, il m'a soufflé : qu'une fois la « Butte » en notre possession, nous irons, avec le 1er bataillon, installer nos mitrailleuses de l'autre côté de la colline dans un petit boqueteau... Brrr ! N'y tenant plus, il s'avance dans le chemin montant pour aller aux renseignements. Mais notre position devient de plus en plus périlleuse. Nous sommes au beau milieu du tir de barrage de l'ennemi.
Se déplacer est pure folie. Il faut se résigner à se laisser massacrer sur place... Nous restons plaqués aux derniers gabions qui prolongent la route jusqu'ici. Nous vivons dans un enfer indescriptible. « Ça tombe tout autour de nous et « ça » soulève la terre, les hommes, des poutres de bois et de fer...
Il ne faut plus se faire d'illusion sur notre sort.
J'égaille un peu les mitrailleurs afin d'éviter trop de pertes si un obus arrive sur la section. On ne sait rien de ce qui se passe sur la « Butte » et on n'ose pas la fixer. Si je fais cet effort, j'aperçois de la fumée, des pierres soulevées et une pluie de terre qui retombe alentour.
Le vacarme est assourdissant. Il faudrait se parler à l'oreille pour s'entendre... Et encore !...
Nous serons étonnés d'apprendre, plus tard, que la musique n'a pas cessé de jouer l'hymne national malgré ses pertes. Nous n'entendons plus rien qu'un sourd bourdonnement dans les oreilles à faire éclater la tête.
Mais nous voyons enfin la deuxième vague arriver sur la « Butte », la baïonnette haute. Les fantassins, debout ou agenouillés, épaulent et tirent. Quelques-uns tombent à la renverse en battant l'air des mains... Plus près de nous, un bras arraché, venant on ne sait d'où, s'étale sanguinolent sur le Chemin Creux où s'entassent déjà des morts et des moribonds. Les remplaçants de ceux de la veille l...
Et le défilé des blessés commence. Celui-ci est transporté par deux jeunes prisonniers qui viennent de se rendre au lieutenant Michel. Je vois encore ce brave officier, tenant ses deux prises par les oreilles pour les remettre à la garde d'un caporal. Deux autres blessés ramènent un de leurs camarades. Ils ont fort à faire avec cet homme qui hurle et se débat. Ses yeux sont hors de la tête ; ses dents sont serrées sur une racine d'arbre en travers de sa bouche... Il est fou !...
Cet autre, qui dévale la pente en courant, soutient sa mâchoire inférieure qui ne tient plus que par quelques lambeaux de chair. Ce qui fût une bouche n'est plus qu'un trou béant ensanglanté où remue, impuissante, la moitié d'une langue dans un caillot de sang ; un tronçon de langue qui, par des cris rauques, nous fait comprendre qu'elle demande le chemin du poste de secours.
Cet autre, qui dévale la pente en courant, soutient sa mâchoire inférieure qui ne tient plus que par quelques lambeaux de chair. Ce qui fût une bouche n'est plus qu'un trou béant ensanglanté où remue, impuissante, la moitié d'une langue dans un caillot de sang ; un tronçon de langue qui, par des cris rauques, nous fait comprendre qu'elle demande le chemin du poste de secours.
Nous lui indiquons la direction à prendre.
Arrivera-t-il jusqu'en haut de son calvaire ? sur le « Mamelon Blanc », où les médecins doivent être débordés d'ouvrage. Sur le moment j'en doute, et je douterai encore davantage lorsque je le rencontrerai plus tard avec sa mâchoire rafistolée...
A ce moment, les blessés valides qui passent font courir des bruits inquiétants... On reculerait sur la pente ouest !... Il faut redoubler de vigilance et se tenir prêt à se porter là où la mitraille » sera nécessaire... Il est quatorze heures. Je cherche en vain le lieutenant qui tarde à revenir.
Et, tout à coup, un cri sur notre gauche : « les Boches nous tournent l... »
En effet ! quelques éléments allemands arrivent jusqu'à la route, près de la Cigalerie, près du dépôt de munitions, et commencent à tirailler sur des soldats du 89e qu'ils ont refoulés jusque-là.
Quel beau tir en enfilade pour une mitrailleuse !...
Je me porte de ce côté avec la 2e pièce. En un clin d’œil la mitrailleuse est placée et pointée dans la bonne direction. Tout mon monde est là ; du moins je le crois... Hélas ! il me manque le principal : les cartouches !... Je hurle, je m'égosille :
« Les pourvoyeurs l... A moi !... »
Ils sont sans doute « planqués » dans un trou et ma voix serait-elle plus forte que le rugissement du lion qu'on ne l'entendrait pas à deux mètres. Je désespère de manquer ce « beau coup » qui se présente si ce doit être le seul de la journée ?...
On croirait que tous les éléments de la terre sont déchaînés autour de nous. Je m'époumone pour rien. Je monte sur une petite éminence pour faire les signaux réglementaires de demande de munitions : les bras tendus horizontalement. Entre deux explosions, j'entends les mitrailleurs, tassés près de la pièce, me crier
« Planque-toi ! Tu vas te faire « moucher » !... »
Des éclats d'obus de toutes dimensions voltigent en effet dans tous les sens pour venir s'aplatir tout chauds, tout striés, tout tordus, autour de notre position. Ces morceaux de ferraille sifflent et ronronnent épouvantablement dans l'air. Ils nous enlèveraient un bras ou la tête aussi proprement qu'un boucher de métier pourrait le faire. Et il faut garder tout son sang-froid dans cette atmosphère infernale...
Tout cela se passe en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire ; et les Allemands, aplatis en tirailleurs, sur la gauche, fusillent des soldats à bout-portant. Nous pourrions les balayer d'un seul coup et nous restons impuissants.
J'aperçois enfin sur la droite, à quelque cinquante mètres, un de mes pourvoyeurs agenouillé près d'un gabion renversé. Que fait-il ainsi prostré ?... Il ne m'entend pas et ne nous voit pas. Je m'élance vers lui pour le ramener avec ses munitions. En arrivant à sa hauteur, ma voix, qui s'apprêtait à l'apostropher de belle façon, s'arrête dans ma gorge. Un spectacle affreux et poignant me cloue sur place. Près du gabion aplati qui laisse échapper ses entrailles de pierres et de cailloux entre les croisillons de ses fascines arrachées, un homme, approchant la quarantaine, est allongé la face vers le ciel. Tel son fragile rempart, le soldat a le ventre ouvert. Il fait un effort surhumain pour éloigner la mort de quelques instants.
Mon pourvoyeur a levé la tête mais il ne pense plus à son emploi de ravitailleur. Il me fait comprendre que le moribond est natif du même village que lui. Les yeux du blessé laissent deviner qu'il m'implore d'autorisée son camarade à rester à ses côtés jusqu'à l'instant suprême.
Mon pourvoyeur retient ses larmes et console son ami comme il peut : - Ce ne sera rien !. Tu seras bien soigné !... lui dit-il. Mais le blessé comprend sa situation. Il voudrait faire des recommandations mais ses forces le trahissent. D'une main il soutient un paquet informe, rouge et noir ; les intestins, sans doute, qui tentent de s'échapper de la large plaie qui s'ouvre à chaque respiration accélérée par la fin proche. De l'autre il tire péniblement d'une poche de sa capote, une photo de femme qu'il essaie encore de porter à ses lèvres, puis sa montre :
- Tu lui diras où je suis tombé !!... Ma femme !... Tu lui rapporteras ma montre...
J'ai saisi les deux caisses de cartouches et j'ai laissé le mitrailleur fermer les yeux de son camarade...
Toute cette scène poignante s'était déroulée dans l'espace de quelques minutes. Quand je fus de retour près de ma pièce avec mes munitions, il était trop tard ; les vaillants soldats du 890 s'étaient ressaisis et avaient refoulé l'ennemi.
Henry-Jacques HARDOUIN.
(Tiré du livre de l'auteur : « Avec les « Bleus » du Premier Grenadier de France.)
Source Document extrait de l'almanach du combattant 1939, pages 305 à 308,
Article : A l'assaut de la butte de Vauquois 26 février 1915, auteur : Hardouin Henry-Jacques
Merci à Jean-Claude PONCET
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