Vous souhaitez partager les archives de vos ancêtres lors de la première guerre ?

Contactez-moi

Merci

Vous recherchez un lieu, une carte, le parcours succinct d’un régiment, des photos

NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

vendredi 26 février 2010

Le 5e B.C.A. à l'Hilsenfirst

.
Le I5 juin, le commandant Colardelle, par ordre du lieutenant-colonel commandant la 1re brigade de chasseurs à laquelle le 5e est momentanément rattaché, prend le commandement du secteur de la Lauch, depuis Gustiberg à droite jusqu'au Langenfeldkopf inclus à gauche.
La vie de secteur calme est pour un temps finie ; une longue période de durs mais glorieux combats s'ouvre maintenant pour les chasseurs du 5e bataillon.
Il faut d'abord soutenir le 13e B. C. A. qui, à 16 heures, attaque l'Hilsenfirst. Le 5e B.C.A. a pour mission de garder son flanc droit.
Le 16 juin, le 13e chasseurs, exploitant son succès de la veille, doit attaquer le bois nord de l'Hilsenfirst.
A 17 heures, le lieutenant-colonel commandant la 1re bri­gade de chasseurs envoie l'ordre d'alerter immédiatement deux compagnies du 5e pour dégager la compagnie Manhes, du 7e B.C.A., cernée dans les lignes allemandes dans le bois du Langenfeldkopf.
Les 1re et 3e compagnies, sous les ordres du capitaine Saillard, quittent aussitôt le bivouac pour se rendre au Langenfeldkopf.
La compagnie Coppens gagne son emplacement de départ mais ne peut, par suite des difficultés du terrain rocheux creusé de trous d'obus et de l'obscurité profonde de la nuit, accomplir sa mission. En conséquence, cette compagnie se retranche sur place et la compagnie Saillard est gardée en réserve.
Le 17, l’opération est reprise et la compagnie Manhes est délivrée par une compagnie du 13e chasseurs.
A 24 heures, le commandant Colardelle reçoit l'ordre suivant :
« L’armée victorieuse poursuit ses succès, la 1re brigade attaquera le 18 au matin le sommet et les pentes nord de l'Hilsenfirst appelées « Bois-en-Brosse ».
« Le groupe d'attaque se composera de deux compa­gnies du 5e (Saillard et Coppens), un bataillon du 213e ré­giment d'infanterie, deux compagnies du 53e B.C.A., une demi-compagnie de mitrailleuses de brigade, le tout sous les ordres du commandant Colardelle.
Le sommet de l'Hilsenfirst est couvert par une planta­tion de jeunes sapins, dénommée « les Epaulettes ». A gauche, descendant les pentes nord se trouve un bois de hauts sapins dit « Bois-en-Brosse ». Les deux compagnies qui forment la colonne de droite ont pour objectif ces deux bois. La compagnie Merklen se tient en réserve le long des pentes ouest de l'Hilsenfirst.
Après une préparation d'artillerie de deux heures, l'atta­que se déclenche à 6 h 30. Les deux compagnies du 5e pénètrent rapidement dans le bois des Epaulettes qu'elles nettoient et gagnent la pente sud-est du Bois-en-Brosse. Malheureusement, au centre et à gauche, l'attaque d'infan­terie ne petit déboucher. L'artillerie reçoit alors l'ordre de continuer ses tirs de destructions au centre et à droite. A 8 heures, l'opération doit être reprise.
A l'heure dite, et à la sonnerie de la charge, les chasseurs s'élancent en avant, mais une contre-attaque vigoureuse de l'ennemi et quelques coups trop courts de notre artil­lerie amènent un fléchissement d'une partie de la ligne qui entraîne un repli général sur les Epaulettes et la tran­chée de départ.
Par ordre du lieutenant-colonel commandant la 1re bri­gade de chasseurs, les chasseurs s'organisent sur les emplacements actuels.
Dans la nuit du 18 au 19 les trois compagnies qui étaient restées dans le secteur du Sudel rejoignent le bataillon.
Le 19 au soir, le commandant de la 1re brigade commu­nique l'ordre suivant :
Le 20, vers 16 heures, la brigade attaquera le Bois-en-­Brosse. Le commandant Colardelle commandera cette atta­que.
En conséquence, les 2e, 4e, 5e et 6e Compagnies se portent sur les pentes ouest de l'Hilsenfirst. Les 2e et 6e attaqueront la partie sud du Bois-en-­Brosse, la 4e la partie nord, en liaison à gauche avec les unités du 213e régiment d'in­fanterie.
A 14 h 30 commence la préparation d'artillerie et à 16 h 30 la 2e compagnie se porte sur le Bois-en-Brosse qu'elle atteint sans difficulté, pénétrant environ de 15 mè­tres à l'intérieur du bois. En même temps, la compagnie Merklen commence à progresser, la droite en avant, mais elle est bientôt arrêtée par le feu des mitrailleuses placées sur les pentes ouest du bois inférieur qui n'ont pas été atteintes par les tirs de notre artillerie.
Cette compagnie, subissant des pertes sérieuses, s'orga­nise immédiatement sur le terrain conquis. Sur la droite, la compagnie Muller est chargée de relier la ligne avec la compagnie Beucler et de flanquer la lisière est du Bois-en-­Brosse. Son entrée en ligne a un heureux résultat, celui de disperser, par un feu rapide d'infanterie, des renforts ennemis cherchant à se rassembler pour contre-attaquer la compagnie Beucler.
La bataille continue jusqu'au soir. Des deux côtés, l'ar­tillerie effectue des tirs serrés que seule interrompt la nuit. C'est alors l'entrée en ligne des compagnies en réserve qui organisent rapidement la position, perçant des boyaux d'accès, creusant des tranchées de départ, ravitaillant en cartouches les unités en ligne. Le 21, au jour, le combat reprend aussi acharné que la veille.
L'ordre est bref : « A tout prix il faut enlever le Bois-­en-Brosse ».
Après deux heures d'une préparation d'artillerie violente, les chasseurs de la compagnie Beucler bondissent en avant, gagnant une cinquantaine de mètres et s'emparant d'une tranchée ennemie. Malheureusement, a gauche, la 4e compagnie ne peut déboucher ; les chasseurs sont pris de flanc par un violent tir de mitrailleuses.


Canevas de tir (1918)

A 12 heures, la 6e entre alors en action ; une de ses section renforçant la 2e compagnie, les autres s'efforcent de gagner du terrain sur la gauche ; ces dernières subissent des pertes importantes et ne peuvent gagner qu'une cinquantaine de mètres. L'ennemi, sentant l'importance pour lui qu'il y a à conserver la crête de l’Hilsenfirst, résiste avec acharnement. Le commandant Colardelle se porte sur l’emplacement de la 2e compagnie qui peut encore sur sa gauche progresser quelque peu. A ce moment, une contre-attaque ennemie débouche sur la 2e, bousculant les premiers éléments. Le commandant, rassemblant aussitôt le gros de la 2e, lance les chasseurs à l'attaque, lui-même partant à leur tête. Il ne peut malheureusement pas aller loin, frappé de deux balles en pleine poitrine, il tombe et succombe peu après. Presqu'au même moment, le lieutenant adjoint Masson d'Autume est tué en transmettant un ordre. Néanmoins, l'intervention du commandant n'a pas été inutile ; la contre-attaque ennemie est dispersée, une ligne de tranchées conquise avec 20 prisonniers. Immédiatement les chasseurs se mettent au travail, organisant la position, creusant des tranchées et des boyaux. Le capitaine Muller prend provisoirement le commandement du bataillon.
Le 22 juin, par suite du retrait de la ligne des 7e et 13e chasseurs, le 5e est chargé de tenir la position du sommet de l’Hilsenfirst à droite, à la Fecht à gauche. L'ennemi, dont les pertes ont été sérieuses, et dont la ligne forme saillant du côté de la Fecht, profite de la nuit du 22 au 23 pour effectuer un mouvement de repli d'environ 500 mètres. La 1re compagnie s'installe immédiatement sur la position ennemie.
Pendant quatre jours la bataille semble s'apaiser, les chasseurs en profitent pour compléter l'organisation défen­sive du secteur.
Le 26, le commandant Barberot, venu du 133e régiment d'infanterie, prend le commandement du bataillon. Dans la nuit, la 3e compagnie relève au sommet de l'Hilsenfirst une compagnie du 53e B.C.A.
A cet endroit, les tranchées affectaient la forme d'un chapeau de gendarme. Le bord convexe tourné vers l'Est était l'ancienne tranchée allemande ; un ancien boyau mal bouché en partait de son centre vers l'ennemi.
Le 28 juin au matin, deux prisonniers faits pendant la nuit annoncent que les Allemands préparent une attaque pour la journée. Immédiatement, les dispositions sont pri­ses pour répondre comme il convient à cette attaque. La journée se passe cependant sans qu’elle se produise ; il en est de mène les 29 et 30 juin.
Le 1er juillet, vers 10 heures, le bombardement ennemi se déclenche, particulièrement violent sur les Epaulettes et le sommet de I'Hilsenfirst. Vers 11 heures, le bombardement augmente d'intensité causant des pertes sérieuses aux unités en ligne. Les communications des compagnies avec le commandant sont coupées, les coureurs ne peuvent cir­culer. Vers midi, l'ennemi, en force, débouchant au sommet de l'Hilsenfirst par le boyau mal comblé dont nous avons parlé, pénètre dans notre première ligne et, profi­tant du désarroi que son bombardement a causé dans le secteur de la 3e compagnie, il s'élance jusqu'à la tranches de soutien qu'il occupe. Un clairon de la 3e qui a pu passer malgré le tir de concentration qui s’effectue sur nos arrières vient rendre compte de ces événements au commandant. La 2e, qui depuis deux jours se tient en réserve sur les pentes ouest, se déploie aussitôt pour arrêter l'ennemi, qui, du reste, ne cherche pas à pousser. Le 2 juillet il faut, coûte que coûte, reprendre la position.
Deux compagnies du 15e chasseurs sont mises à la dis­position du commandant Barberot et, après deux heures de préparation d'artillerie, les chasseurs rentrent de nou­veau en possession du sommet de l'Hilsenfirst, faisant quelques prisonniers. Mais l'ennemi se venge de son échec par un bombardement violent faisant subir au 5e de nou­velles pertes.
Enfin, le 4 juillet le bataillon est relevé et gagne le camp de Breitfirst. Pendant dix-sept jours, le 5e eut à mener un des combats les plus durs depuis le début de la campagne, sur un terrain aux trois quarts dénudé, soumis à de vio­lentes concentrations d'artillerie ennemie. Travaillant la nuit, se battant le jour, les chasseurs firent preuve d'une merveilleuse ténacité.
Les pertes de ces dix-sept jours furent lourdes, tant en officier, qu'en chasseurs. Le commandant Colardelle tué ainsi que les sous-lieutenants de Masson d'Autune et Michel.
Les capitaines Beucler et Delahaye, les sous-lieutenants Bourgeois, Adam, Nitard, Meurer, Camus, Godefroy, Aubry et Ordioni blessés. Le capitaine Coppens disparu.
340 chasseurs blessés ; 219 chasseurs tués ou disparus.
Au total, 574 officiers et chasseurs tués, blessés ou disparus.
Aussi faut-il en hâte reconstituer le bataillon dont cer­taines unités sont très réduites. Le 12 juillet, le bataillon va cantonner à Kruth et Oderen jusqu'au 18.
L’arrivée de renforts et de nouveaux officiers permet de reformer les compagnies â peu près dans leur cadre normal.


Source : Historique anonyme du 5e B.C.A., Librairie Chapelot - Paris
.