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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

mercredi 24 mars 2010

Le 52e R.I.C. dans l’Offensive de Champagne

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L’Offensive de Champagne
(Septembre 1915)

C’est alors que se déclencha, en Champagne et en Artois, une offensive qui faillit nous donner la victoire. Les Marsouins comme toujours, furent à l’honneur. Le 52e R.I.C. attaqua en Champagne. Voici comment le capitaine Diverres narra cette attaque, la première du régiment :
« Le 21 septembre, nos parallèles n’étaient pas à plus de 100 mètres des tranchées ennemies et, bien que nos places d’armes ne fussent pas entièrement achevées, nous nous trouvions cependant dans de bonnes conditions pour entamer l’offensive.
« Comme régiment de choc, le 52e R.I.C. ne laissait rien à désirer. Il avait été aguerri par plus de six mois d’exercices, d’entraînement, par des périodes d’occupation de tranchées et par des travaux exécutés de jour et de nuit, à proximité de l’ennemi, sous un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses.
« Le moral des hommes était excellent, la confiance très grande, car nul n’ignorait que cette fois, une puissante artillerie appuierait le mouvement en avant et que les munitions ne feraient pas défaut. L’état sanitaire était également satisfaisant. Bien qu’un peu amaigris par les veilles et les travaux de dernier mois, nos soldats n’en étaient pas moins vigoureux, alertes, décidés et capables, en un mot, de supporter les fatigues et les vicissitudes d’une marche en avant de longue durée. Ils l’ont amplement prouvé dans la formidable bataille qui suivit.
« L’artillerie entama l’action le 22 septembre ; son tir, extrêmement violent, continua les 22 et 25 septembre et atteignit sa plus grande intensité dans la nuit du 24 au 25. Des bois où le régiment était bivouaqué, on apercevait quelques points d’arrivée des projectiles d’artillerie lourde et les bouleversements qu’ils semblaient produire dans les lignes adverses, augmentant encore la confiance de tous dans le succès.
« L’artillerie allemande répondait sans toutefois que son feu égalât la puissance du nôtre. Au cours de la préparation d’artillerie, les dernières mesures furent prises pour la marche en avant.
« Dans l’après-midi du 24, l’ordre du jour du généralissime fut lu à la troupe et chacun se prépara à faire bravement son devoir. L’Ordre d’attaque de la division fut communiqué dans la soirée : le régiment devait faire partie des troisième et quatrième vagues, il avait pour objectif, les ouvrages de Presbourg et de Wagram, et ces ouvrages enlevés, ils devaient continuer à progresser aussi loin que possible. La route de Souain à Somme-Py limitait à gauche le secteur d’attaque de la division.
« A minuit, les bataillons quittèrent leurs bivouacs pour gagner les emplacements d’attente situés tout prés des parallèles de départ. Ce mouvement, exécuté par nuit noire, dans des parallèles et des boyaux enchevêtrés, suivi par tous les éléments d’une division, s’accomplit avec ordre. A 3 heures du matin, les bataillons étaient à pied d’œuvre et recevaient un complément de munitions (2 grenades par homme).
« Vers 6 heures, l’heure de l’attaque fut communiquée à la troupe. On eut bien soin d’expliquer aux hommes que l’artillerie cesserait son tir à 9 heures ; que la première vague quitterait la parallèle de départ à 9 h 10 ; que la deuxième vague la remplacerait dans la parallèle de départ et déboucherait quand la première aurait gagné une distance de 50 mètres ; que les autres vagues procèderaient de même ; que le tir d’artillerie reprendrait alors, non sur les premières tranchées ennemies, mais sur celles plus en arrière pour se continuer suivant notre avance.
« Jusqu’à 9 heures, l’artillerie française fut seule en action. A 9 h 10, la première vague bondit hors de la parallèle de départ et, entre 9 h 15 et 9 h 20, ce fut le tour des troisième et quatrième vagues dont le 52e faisait partie.

Monument-Ossuaire de « La Ferme de Navarin »

« Mais entre le moment où cessa le tir de notre artillerie et celui où déboucha la première vague, l’ennemi s’était ressaisi. Il déclencha un formidable barrage entre ses lignes et les nôtres ; ce barrage ne réussit pas à arrêter la marche de nos vagues, mais, le régiment, sur une distance de moins de 200 mètres, laissa le quart de son effectif.
« La première parallèle allemande était faiblement occupée, il n’en était pas de même des autres, où l’on se heurta à la résistance opiniâtre de certains groupes disséminés dans des îlots de résistance soigneusement aménagés. L’ordre était de ne pas entrer dans les tranchées, mais de progresser par les terre-pleins pour ne pas ralentir l’élan, la marche en avant continua. Les vagues se reformaient d’elles-mêmes, après le franchissement des obstacles, et les ouvrages de Presbourg et de Wagram furent abordés et enlevés après un rude combat de tranchée où la baïonnette joua le plus grand rôle. Peu ou pas de prisonniers : l’acharnement était trop grand de part et d’autre.
« Au-dela des ouvrages de Presbourg et de Wagram, le terrain était à peu prés dépourvus de travaux de défense et l’on pût s’avancer jusqu’aux dernières crêtes bordant la Py.
« Mais des troupes d’attaque, il ne restait qu’une mince ligne formée de groupes d’hommes de tous les régiments, encore animés d’une belle ardeur offensive. Certains éléments, retardés par la résistance qu’ils avaient rencontrée, rejoignaient, et l’on pouvait espérer l’arrivée prochaine des réserves. L’enthousiasme était grand malgré la fatigue et les pertes. Pour tous, la percée était un fait accompli. Plus de 6 kilomètres avaient été franchis, 11 lignes de tranchées enlevées, dont quelques-unes unes renforcées de réseaux encore intacts, et deux ouvrages puissamment organisés avaient été enlevés de haute lutte. Nous dûmes cependant nous arrêter, notre barrage roulant, fixé à la dernière crête de la Py, s’opposait à toute avance.
« Tout fut mis en œuvre pour faire allonger le tir. Des agents de liaison furent envoyés vers l’arrière, mais il est probable qu’ils ne purent remplir leur mission. Une pluie torrentielle qui tombait depuis 10 heures du matin empêchait le vol des avions et aucune liaison téléphonique n’avait pu être organisée, le personnel étant dispersé ou hors de combat.
« Néanmoins, vers midi, le lieutenant-colonel Petitdemange fit savoir que l’artillerie allait allonger son tir. Notre barrage ayant été reporté plus loin, la première ligne se porta en avant. Il était trop tard. Après avoir progressé de quelques pas, la ligne était clouée sur place par le feu terrible de mitrailleuses partant d’une tranchée bordant la crête et des boqueteaux environnants. Ce feu de mitrailleuses était appuyé par un tir d’artillerie très bien réglé qui augmentait d’intensité et forma vite un obstacle infranchissable dans le secteur d’attaque de la division. »
Les jours suivants furent employés à l’organisation du terrain conquis. Le régiment fut relevé le 30 septembre et il cantonna jusqu’au 3 octobre au bivouac O (bois de Bussy).
La bataille de Champagne lui avait coûté : Officiers tués, 9 ; blessés, 22. Troupe : tués, 144 ; blessés, 665 ; disparus, 188.
A la suite de ce combat, le régiment fut cité à l’Ordre de l’Armée dans les termes suivants :
Le Général commandant la IVe Armée cite à l’Ordre de l’Armée le 52e Régiment d’Infanterie Coloniale :
« Remarquablement entraîné et préparé, quoique de récente formation, a, le 26 septembre 1915, brillamment enfoncé de haute lutte toute une série de lignes allemandes successives et s’est ensuite vaillamment maintenu en position pendant cinq jours de bombardement intense.

Le Général commandant la IVe Armée
« Signé : Gouraud »


Source Historique du 52e Régiment d’Infanterie Coloniale - Librairie Chapelot • Paris
Avec l’aimable autorisation de Jean-Luc DRON

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