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1915
Le 7 janvier 1915, le lieutenant-colonel ERULIN prend le commandement du régiment.
Le 10 janvier, le 218e R. I. est relevé de son secteur et mis à la disposition du général commandant la 35e division.
Le 19 janvier, il prend en avant du village de Moussy le secteur mouvementé du bois des Boules, ferme de Metz et Moulin-Brûlé. Ce secteur est vigoureusement battu par les 77, les 105 et les minenwerfers ; il est mal organisé et ne permet pas la circulation de jour.
Le 218e reçoit l’ordre de l’organiser défensivement.
Nos braves pionniers font merveille ; nuit et jour ils travaillent sans relâche. Les pertes sont sévères ; rien n’y fait ; un ordre a été donné, il sera exécuté.
Mais le Boche est observateur ; cette recrudescence de travail l’inquiète et les bombardements deviennent plus violents.
Le 4 février, vers midi, un tir de 105 bouleverse la tranchée du Moulin Brûlé occupée par la section du lieutenant CARITON, de la 23e compagnie. Cet officier, craignant une attaque, prend ses dispositions de combat ; le tir devient d'une précision inquiétante et la section est bientôt décimée.
CARITON donne à tous l'exemple du calme et du sang-froid, encourageant les uns, montrant aux autres la beauté du sacrifice dans l'accomplissement du devoir. Il est frappé mortellement, au moment où il aide de ses soins un de ses braves réservistes blessé ses côtés. L'héroïque officier paie son dévouement de sa vie et ses soldats jurent de le venger.
Les morts et les blessés ne peuvent être enlevés que la nuit.
Les brancardiers, sous la conduite du sergent-major brancardier LAFON, s'acquittent de leur tâche avec une abnégation et un dévouement digne de tout éloge ; le sergent-major LAFON est tué et deux brancardiers blessés.
La section CARITON a 11 tués et 19 blessés.
Le 25 février, une section de la 22e compagnie reçoit l'ordre d'établir un réseau de défenses accessoires en avant d'une tranchée de liaison inoccupée pendant le jour.
Les patrouilles ennemies rendent ce travail dangereux, mais, malgré les tirs de mousqueterie, les poilus réussissent à réaliser dans une seule nuit le travail demandé.
Un peu avant le jour, une forte patrouille allemande essaie de tendre une embuscade ; mais nos guetteurs l'aperçoivent et, après une vive fusillade, une patrouille de 3 hommes, commandée par un lieutenant, luttant un contre dix, force le Boche à se retirer dans ses lignes. Un de nos patrouilleurs tombe grièvement blessé.
Du 20 au 26 mars, un officier prend sur lui d'établir un observatoire pour surveiller plus facilement les mouvements de l'ennemi, qui occupe les ruines du Moulin Brûlé. Il reçoit l'ordre d'entourer son poste de défenses accessoires. Malheureusement, l'ennemi évente sa présence et utilise une vieille tranchée pour s'en approcher.
Le 28 mars, le caporal PRIAM, de la 22e compagnie, est tué en plein jour d'une balle au front tirée à bout portant.
Au moyen d'un périscope, l'officier aperçoit quelques objets abandonnés par les Allemands dans cette tranchée et se rend compte facilement que le Boche a utilisé cette voie pour dissimuler en plein jour son approche audacieuse.
Le 7 avril, le lieutenant SAUBUSSE, de la 18e compagnie, prend l'initiative d'une reconnaissance et réussit à faire transformer à notre profit, le poste que les Allemands tentaient d'organiser dans la vieille tranchée abandonnée.
Ces petits faits, pris au hasard de cette rude vie de secteur, montrent l'effort sublime et quotidien de nos braves réservistes béarnais dans l'accomplissement de l'humble tâche qui leur est confiée.
Le 29 mai, le régiment quitte le secteur de Moussy et se dirige sur Bazoches. Il a perdu 27 morts et 76 blessés.
Le 30 mai, il s'embarque en camions automobiles dans la direction de la montagne de Reims. Il relève le 45e R. I., dans le secteur de la Mare, bois des Zouaves, entre Prunay et Sillery (Champagne).
Toujours la même vie de tranchée, terne, sans éclat apparent.
Le 13 juin, le régiment est remis à la disposition du général commandant la 36e D. I. Il reçoit l'ordre de retourner dans le secteur de l'Aisne (poteau d'Ailles). Embarqué dans des camions automobiles, il arrive à Blanzy-lès-Fismes le 14 juin, et, le 15 juin, il occupe ses nouveaux emplacements.
Là recommence encore cette cruelle et monotone existence de la tranchée. Les braves tombent et le cimetière de première ligne s'emplit davantage : preuve émouvante du sacrifice consenti par nos héroïques poilus du 218e, qui ont pris pour devise : Tenir un quart d'heure de plus que l'adversaire.
Sources :Historique du 218e Régiment d'Infanterie (Imprimerie Berger-Levrault)