Metzeral.
(Juin 1915.)
Le 52e, ainsi entraîné, est prêt pour des opérations plus importantes. Au début de juin 1915, il abandonne ce secteur de Pairis où il tient depuis novembre, dont il a commencé l'organisation et dont il vient d'améliorer la situation. Il va prendre part aux opérations que la 47e division, en liaison avec la 66e à sa droite, va tenter entre la Fecht-de-Metzeral et le grand Ballon d'Alsace.
Du 10 au 15 juin, le bataillon, sous l'énergique direction du commandant AUSSET, occupe, face à la vallée de Metzeral, les tranchées du Braunkopf, soumises à un furieux bombardement sans arrêt. C'est de là que va partir l'attaque.
Le 16 juin, le combat est engagé sur tout ce vaste front ; le bataillon a l'ordre de nettoyer le bois de Sommerlitt, que l'ennemi a puissamment organisé ; ce bois, très touffu, couvre une région de roches difficiles. La bataille y sera dure.
A la baïonnette, à la grenade, pas à pas, à travers les réseaux insuffisamment détruits, les braves des 9e et 10e compagnies s'engagent dans ce bois où la mitraille ennemie frappe avec une violence inouïe. Dès les premiers pas, le lieutenant BOULANGER, commandant la 10e, est tué devant un réseau ; le lieutenant MATHENET, arrivé de la veille pour prendre le commandement de la 9e, est blessé à son tour. Mais les bonnes unités marchent tout de même ; les sous-lieutenants MILLOT et MAGE entraînent leurs chasseurs à travers mille difficultés. En arrivant au fond du bois, après l'avoir nettoyé, tous deux à leur tour sont blessés. Pendant la marche, le sous-lieutenant TARDIEU, de la 10e, avait été tué, et le sergent MANDET, de la 9e, voulant à lui seul capturer un groupe d'ennemis, se fit tuer à son tour en leur faisant lever les mains.
Ayant ainsi gagné un demi-kilomètre, les deux compagnies, épuisées mais victorieuses, creusent leurs trous à l'autre lisière.
Le 21 juin, la bataille continuant, le 52e prend part à l'attaque de Metzeral. Dans son élan irrésistible, il part à l'assaut et culbute l'ennemi. L'église est atteinte, les abords de la gare sont en notre possession, mais ne peuvent être dépassés ; de nombreuses mitrailleuses dissimulées dans les taillis, au Reichakerkopf, nous arrêtent net.
Pendant les deux semaines suivantes, le bataillon resta en ligne dans ces quartiers de bataille, bombardés sans rémission du matin au soir. A la cote 664, au-dessus de Metzeral, la 10e compagnie, aux ordres du lieutenant OLIVE, résistait le 29 juin à un assaut très violent tenté par l'ennemi pour reprendre le terrain perdu. Cette belle compagnie, qui avait perdu trois de ses officiers le 16, résista encore grâce à l'énergie du seul officier qui lui restait, lequel, dans cette heure critique, suppléa par sa valeur personnelle à l'extrême épuisement de sa troupe et la tint à sa place sans qu'un seul prisonnier lui fut fait.
La première citation à l'ordre de l'armée.
La belle conduite du 52e chasseurs, qui depuis près de trois semaines était engagé sans répit dans une grande opération, fut signalée ; elle lui valut, quelques jours plus tard, son premier titre de noblesse : sa première citation à l'ordre de l'armée qui parut avec le texte suivant :
Ordre de la VIIe armée n° 32, du 9 juillet 1915.
Le 52e Bataillon de chasseurs :
A fait preuve d'une vaillance et d'une énergie au-dessus de tout éloge, en enlevant une position très fortement organisée, dans laquelle l'ennemi se considérait comme inexpugnable, d'après les déclarations mêmes des officiers prisonniers. Lui a fait subir des pertes considérables et, malgré un bombardement des plus violents, n'a pas cessé de progresser pendant plusieurs journées consécutives pour élargir sa conquête.
A la suite de ces belles journées, nos officiers et nos chasseurs recevaient, à leur tour, la récompense de leur vaillance.
Les chasseurs STIERLIN, SARRAZIN et CHANUT, les infirmiers JUILLARD et GUIBERT, le sergent GAY, le lieutenant BOULANGER étaient cités à l'ordre de l'armée. Le chasseur BESSY, le médecin auxiliaire ARRAUD, le caporal RODDE recevaient la médaille militaire. Ce dernier, à l'attaque du 16, ayant reçu une balle qui venait de lui fracasser le bras, criait encore à ses chasseurs d'avancer sans se soucier de lui-même.
Sources :
Historique du 52e B.C.A., avec l’aimable autorisation de Jean-Luc Dron
Carte E.M.
Photo ancienne ‘La photo au service de l’histoire’ Société d’Histoire du Val et de la ville de Munster, avec l’aimable autorisation de Gérard Jacquat