Attaque du 16 juin 1915
- En Artois. - Angres.-
Le 16 juin, à l'heure H (tenue secrète), le 285e doit former l'aile gauche de la ligne d'attaque de la 10e Armée.
Le front d'attaque du régiment est compris entre le chemin Bully-Angres et le chemin Aix-Noulette-Angres.
Le 6e Bataillon est à gauche, prolongé par une compagnie du 256e qui doit attaquer la face sud des Ouvrages-Blancs. Le 5e Bataillon se retire à droite avec la Division marocaine qui a, comme objectif, « Les Abatis ». Chaque bataillon doit comprendre deux vagues d'attaque et une réserve.
A 11 heures, l'heure H est communiquée, c'est 12 h. 45. A l'heure fixée, la première vague part dans un magnifique élan, beaucoup trop bien alignée même, et atteint presque sans perte la première ligne allemande, en grande partie évacuée par les Allemands ; les quelques Boches laissés là font de suite « Camarade ! », se déséquipent à la hâte et courent à nos lignes pour se rendre.
L'attaque devait avoir été éventée, car, à peine deux minutes après le départ de la première vague, un barrage formidable d'artillerie de tous calibres s'abat sur notre ligne de départ, balayée en même temps par le tir d'écharpe d'un grand nombre de mitrailleuses sous béton, non détruites par notre préparation d'artillerie et en bonne position sur la face sud des Ouvrages-Blancs.
La deuxième vague ne peut donc sortir des tranchées sans courir le risque d'être hachée sans résultat. Cependant, un peloton de la 22e Cie, sous les ordres du capitaine Combes, sort de la parallèle de départ et essaie de rejoindre la première vague. Il est en grande partie fauché par les mitrailleuses, puis, finalement, arrêté par des fils de fer en avant de la tranchée allemande. C'est dans ce réseau que le capitaine Combes est tombé héroïquement en entraînant ses hommes.
Les occupants de la tranchée conquise se mettent immédiatement à l'œuvre pour la retourner. Des tentatives de liaison avec la tranchée de départ sont faites de part et d'autre, mais ne réussissent pas ; le barrage de mitrailleuses est tellement violent qu'un périscope, montré quelques secondes, est infailliblement brisé.
Vers 15 heures 45, la première vague est violemment bombardée ; à 16 heures, elle est vigoureusement contre-attaquée par des colonnes venant de deux côtés, d'Angres et des Ouvrages-Blancs. La résistance est poussée jusqu'à épuisement des cartouches et des grenades ; après quoi, un mouvement de repli, qui commence aussitôt, est ordonnée par les Commandants de Compagnies.
Le lieutenant Dupuis, commandant la 23e Cie, tombe mortellement frappé, après avoir fait quelques mètres seulement dans la direction de nos lignes.
Une partie de la première vague rejoint la parallèle de départ ; une autre partie, succombant sous le nombre, se rend. Quelques hommes se terrent dans des trous d'obus et ne peuvent rejoindre nos lignes qu'à la nuit ; parmi eux, il s'en trouve qui, déjà désarmés et déséquipés par les Boches, réussissent à leur brûler la politesse.
L'attaque du 285e a échoué ; il avait, sur son flanc gauche, une trop forte position, presque intacte ; mais, le but a été atteint : le régiment a attiré sur lui le feu de l'artillerie et des mitrailleuses allemandes, permettant ainsi à la Division marocaine d'atteindre ses objectifs.
Si l'engagement fut court, les pertes furent sévères.
Le lieutenant-colonel d'Origny lut littéralement mis en pièces par un obus, alors que, sous un bombardement d'une extrême violence, il se rendait, en terrain découvert, du 5e au 6e bataillon.
Le capitaine Combes, commandant la 22e compagnie ; le lieutenant Dupuis, commandant la 23e compagnie, tombèrent héroïquement dans les conditions déjà relatées.
Le lieutenant Richen, de la 22e compagnie, fut tué d'une balle dans la tête, alors que, très bravement, il étudiait l'organisation de la tranchée conquise.
Le lieutenant Leverrier, de la 2e compagnie, tomba glorieusement en entraînant ses hommes à l'attaque.
Le sous-lieutenant Millet succomba en combattant avec la plus grande vaillance à la grenade.
Les sous-lieutenants Galliot (17e Cie} et Flipo (18e Cie) furent très grièvement blessés et ne purent rejoindre nos lignes qu'à la nuit, après des prodiges d'énergie.
Le sous-lieutenant Gravier (18e Cie), blessé légèrement et tapi dans un trou d'obus, ne put rejoindre nos lignes qu'à la nuit ; ce jeune officier rapporta les renseignements les plus précieux sur l'organisation de la position allemande.
Le nombre des officiers, des sous-officiers, caporaux et soldats tués, blessés ou disparus au cours de ce combat, glorieux pour le régiment, s'est élevé à 652, soit un tiers de l'effectif, en quelques heures de combat.
Le 17 juin, à 9 heures, en plein jour, le régiment est relevé par le 295e et passe en 2e ligne (Fossé de la Carbonnière).
Cette relève attire l'attention de l'ennemi ; aussi, se fait-elle sous un violent bombardement qui cause de nouvelles pertes.
Le 18 juin, à 21 heures, le régiment va se reposer et se reformer dans les cantonnements occupés avant l'attaque : 6e bataillon, à Petit-Sains ; 5e bataillon, à Gavion.
Il demeurera dans ces cantonnements jusqu'au 29 juin.
Le 18 juin, le lieutenant-colonel Lévy prend le commandement du Régiment
Le 19, un renfort de 570 hommes permet de reformer les unités ; des nominations de capitaines et de sous-lieutenants sont faites pour reconstituer l'encadrement.
Source Historique du 285e R.I.
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