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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

mercredi 9 février 2011

Les loups du Bois le Prêtre, le 167 R.I.

Attaques du Bois-le-Prêtre.
Combats préliminaires.

Le mois d'octobre voit le commencement de la guerre de tranchées. Chacun des deux adversaires s'organise sur les positions occupées. Un calme relatif s'établira sur certains secteurs du front, alors qu'au contraire, certains points im­portants, convoités par les deux partis vont devenir le théâtre de luttes acharnées.
Le Bois-le-Prêtre fut un de ces points. Sa position domi­nant la Moselle, donnait à l'occupant des vues sur Metz ou sur Toul, un commandement sur la Woëvre de Thiaucourt, ou sur la Woëvre de Toul. Aussi, les Allemands ne se voyant pas inquiétés dans leur repli de septembre, le gardèrent-ils précieusement.
Ils organisèrent très fortement et rapidement, avec les matériaux facilement transportables de Metz, les deux gros bastions du Bois-le-Prêtre et du bois de Mort-Mare et quelques points d'appui (ferme d'Assoncourt, Remenauville, Régné­ville). Ce Bois-le-Prêtre, dans lequel huit mois de luttes conti­nuelles allaient illustrer le régiment, ne paraissait pas cepen­dant à première vue un obstacle insurmontable. Les champs à I'est de Fey-en-Haye, tachetés de tous les tas de gerbes abandonnées après la coupe des avoines, montaient en pente douce insensiblement vers le bois. Les grands arbres de la cote 372 barraient l'horizon ; sur les lisières, la retombée des branches touchait les gros buissons des haies en bordure.
Les lisières est, coupées d'anciennes carrières, s'abaissaient assez brusquement sur les rives de la Moselle, supportant de jolies villas et les maisons blanches du village de Haut-de-­Rieupt.
Mais, derrière ce masque, presque riant c'est l'inconnu des profondeurs du bois, où l'ennemi travaille âprement ; hautes futaies sombres ou taillis touffus où l'assaillant, qui devait se frayer un chemin à la serpe, était fusillé à bout portant par des postes invisibles. Ravins marécageux au fond desquels il se heurtait sans abri possible, à de formidables blockhaus en troncs d'arbres.

Le mois d'octobre est consacré à examiner le travail croissant de l'ennemi, sans pouvoir l'empêcher efficacement, notre artillerie devant être très avare de ses munitions ; insensiblement les tranchées se moulent sur celles de l'en­nemi, les réseaux de fil de fer sortent du sol côte à côte, limitant chaque jour le champ d'investigation des patrouil­les.
L'attaque de la position est ordonnée par le flanc est du Bois-le-Prêtre. Le régiment doit l'exécuter.
Pendant que les bataillons du 168e régiment d'infanterie cherchent à s'infiltrer vers la Fontaine-des-Cerfs, le 3e ba­taillon du régiment qui occupe Clos-Bois et Montauville s'empare par surprise de quelques petits postes au sud du bois. Le 25 octobre, le lieutenant Chéry (12e compagnie) fait 4 prisonniers et tue le reste de l'effectif du petit poste, 15 hommes. Le 30 octobre, le bataillon occupe la lisière sud et attaque les défenses signalées autour de la Fontaine-du-Père-Hilarion. L'attaque faite avec la seule préparation des fusils et des mitrailleuses, ne peut progresser que de 200 mètres. L'en­nemi, terré dans les blockhaus invisibles au fond des ravins, se défend avec rage.
Le 1er bataillon, puissamment aidé par ses mitrailleuses, s'empare le 21, très rapidement, des premières maisons de Haut-de-­Rieupt (2e compagnie), les 3e et 4e compagnies occu­pent la partie est de la Fontaine-du-Père-Hilarion. Le 1er no­vembre, une nouvelle attaque doit être arrêtée après des perles sévères, par suite du manque total d'artillerie. L'en­nemi contre-attaque sans arrêt et se sert d’une artillerie puissante et disciplinée. Les positions conquises sont organisées aussitôt.
Au cours de tous ces combats préliminaires, le sous-lieutenant de Rocquignv, en particulier, se signale par l'audace et le bonheur des patrouilles qu'il dirige.
Une accalmie relative s'établit dans cette partie du bois après le 1er novembre. Le 3e bataillon, avec des renforts de la classe 1914, commandé par le capitaine Pierrard, en assure la défense jusqu'en fin février 1915.
Le 18 novembre, le 1er bataillon vient relever le 168e régiment d'infanterie dans la partie ouest où ce régiment a refoulé I'ennemi, par des combats journaliers Jusqu'à la tranchée de Fey. Le 1er bataillon continue cette tache avec sa coutumière ardeur.
Le 3e bataillon reste seul dans le ravin de la Fontaine-du-Père-Hilarion. Il attaque le 7 décembre avec une forte participation d'artillerie. Après trois jours de lutte très violente dans l'inconnu du bois, l'ennemi est refoulé jusqu'à 1.500 mètres du point de départ, laissant entre nos mains 1.200 prisonniers et un matériel important avec le village de Haut-de-­Rieupt en entier. Malgré de nombreuses contre-attaques, tous les gains sont conservés. Les exemples d'héroïsme abon­dent :
Le soldat Lagarde, de la 9e compagnie, s'offre pour aller cisailler des réseaux. Il rampe sous des feux nourris de mi­trailleuses très rasants sur ce terrain en pente. Il réussit à faire la brèche. Il recommence au deuxième réseau et tombe frappé à mort. D'autres le remplacent. Des sous-officiers comte. Monts et Béguet, se précipitent sur les brèches et s'emparent des tranchés ennemies.
Les jours suivants, le 3e bataillon réduit quelques résis­tances opiniâtres et, malgré les difficultés du terrain, pousse ses tranchées à hauteur des carrières de Norroy point cul­minant de la partie nord-est du Bois-le-Prêtre. Ce bataillon resta isolé du régiment sur ce terrain jusqu'au 4 mars 1915.

Source : Historique du 167e Régiment d’Infanterie, BDIC