L’historique du 14ème BCA
Au mois de juillet 1915, le 14ème Bataillon participe à l'attaque du Lingekopf. Il faudrait écrire un gros livre pour dire tous les actes d'héroïsme qui s'accomplirent dans ces journées. Les gains de terrain ne furent peut-être pas très considérables, mais ils furent obtenus dans des conditions telles qu'on peut hardiment affirmer que jamais, sur aucun autre point du front, une Troupe n'a pu faire preuve de plus d'énergie, de volonté de vaincre qu'en montrèrent les Chasseurs pendant cette offensive. Le 20 juillet, le 14ème réussit à forcer la première ligne allemande sur tout le front qui lui a été fixé, mais les pertes sont très lourdes. Le 22 juillet, il attaque encore, gagne un peu de terrain, mais subit de fortes pertes sur des réseaux de fil de fer intacts. Enfin, le 26, une troisième attaque l'amène sur le sommet de la montagne si âprement disputée. Le 27, l'ennemi contre-attaque violemment après de puissantes et très meurtrières préparations d'Artillerie Vainement ! Le 14ème ne rend pas ce qu'il a pris ! Et encore une fois, les Chasseurs pourront dire avec orgueil « Là où nous- sommes, le Boche est vaincu ! »
Une première citation à l'Ordre de l'Armée est donnée au Bataillon, à la suite de ces combats
Citation du 14ème citation à l'Ordre de la VIIème Armée.
« Sous le commandement du Commandant De REYNIÈS, s'est affirmé une fois de plus comme une Troupe d'élite. Dans une région montagneuse très difficile, a enlevé sous le feu de l'Infanterie et de l'Artillerie ennemie d'une violence extrême, et après plusieurs vigoureux assauts sous bois, une position organisée de longue date par l’ennemi : s’y est maintenu malgré des attaques réitérées de Troupes fraiches, précédées par des bombardements d’Artillerie Lourde d’une intensité peu commune. A infligé de lourdes pertes à l’ennemi. »
Le 1er septembre 1915, l'ennemi, avant traîtreusement fait usage d'obus à gaz et de liquides enflammés, reprend la crête du Linge. Le 14ème, qui est au repos, est rappelé en hâte. Deux compagnies, les 4ème et 5ème, sont envoyées pour contre-attaquer. Avec une fougue et un courage qui font l’admiration des Bataillons voisins, elles reprennent la position perdue. Deux autres tentatives des Allemands avec les mêmes procédés barbares restent sans résultat. La montagne du Linge, où tant des nôtres sont tombés, est une terre sacrée que ne souille jamais plus le Teuton exécré.
Le Bataillon passe l'hiver 1915-1916 dans cette montagne. Il organise la position. Du 7 novembre au 14 mars, sans un repos, les hommes ont vécu et travaillé dans la neige, dans la boue, par un froid extrême, sous le tir incessant des minnenwerfer et de l'Artillerie ennemie qui, des Trois Epis, du Rain des Chênes et de la côte de Grimaude, pouvait prendre nos Tranchées de face, de flanc et à revers.
Le JMO du 14ème BCA relatant l’attaque du 26 juillet 1915
L’attaque est fixée à 18 heures, mais le Capitaine Pizot commandant la 3e Cie obtient du Commandant de Reynies qui commande l’attaque l’autorisation d’attaquer quelques minutes avant l’heure, de marcher derrière nos obus de 75.
A 17 h 50, le 1er peloton de la 3ème Cie, se lance à l’assaut, il est aussitôt suivi du 2ème.
Le mouvement est déclenché, les autres Cies suivent et le 30ème Bataillon à gauche part lui aussi.
La tête de la colonne de droite s’est élancée au même moment. En 5 minutes la pente bien raide est avalée. Les pelotons de tête sautent dans la 1ère tranchée ennemie, la dépasse et vont s’établir à la crête militaire face à l’Est.
Deux ou trois Chasseurs sont touchés par les éclats de nos 75, mais peu importe, rien n’arrête l’élan de nos diables bleus.
Le sommet du Linge est à nous, il est 18 heures. Les clairons sonnent ‘Au drapeau’
Cependant les Allemands s’apprêtent à reprendre leur place dans leurs abris et leurs tranchées de 1ère ligne qu’ils avaient évacués pendant le bombardement de notre artillerie, déjà ils remontent les pentes Est du Lingekopf quand les chasseurs de la 3ème Cie et la 1ère se présentent à la crête, et les repoussent à coups de fusil et de pétards
Les Cies dont les effectifs sont fortement réduits par les combats des 20 et 22 juillet viennent se fondre dans la ligne. Les 4ème et 5ème Cies avec la 3ème la 6ème avec la 1ère.
Les groupements 3, 4 et 5 sous la direction du Capitaine Pizot organise habilement et promptement le sommet du Linge. Quant au groupement 1ère et 6ème, il peut étendre sa conquête jusqu’au collet du Linge et la route du Hohnack.
Les chasseurs électrisés par le succès et entraînés par leurs officiers s’élancent magnifiquement sur l’ennemi qui recule dans sa tranchée.
Le Lieutenant Rolandez est tué, le Lieutenant Galais blessé, le sous-Lieutenant Delpit tombe à son tour en criant ‘Vivie la France, vive le 14ème’ Mais les Allemands reculent abandonnant leurs tranchées pour fuir par les boyaux. Le Collet est à nous !
Le Capitaine Chevalier et le Lieutenant Monnier restés seuls officiers se partagent la ligne.
Jusqu’à la nuit la fusillade est vive de part et d’autre, les chasseurs sont fusillés par l’Ennemi qui occupe toujours le Schratz
Les pertes sont lourdes
Trois Cies du 359ème Rgt de ligne à effectif réduit arrivent à la tombée de la nuit, elles sont réparties sur le front, Sommet du Linge – Collet.
L’ennemi tente plusieurs contre-attaques mais nos braves chasseurs, renforcés par le 359ème le repousse à coups de pétards, lui faisant subir de grosses pertes.
La consommation de ces engins est énorme nos hommes les apprécient et en demandent sans cesse. Le réapprovisionnement se fait d’ailleurs sans interruption.
La lutte dure toute la nuit sans que le Bataillon perde un pouce du terrain conquis.
Pertes du 14ème BCA pour la journée du 26 juillet 1915
Tués 51
Blessés 91
Disparus 10
Sources
Historique du 14ème BCA – Imprimerie chambérienne
JMO cote 26 N 820 et fiches SGA/DMPA/Mémoire des hommes