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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

jeudi 5 juillet 2012

Le 9e B.C.P. aux Eparges


ATTAQUE DU POINT C.



Le 21 juin, le bataillon recevait l'ordre de repren­dre l'attaque du point C (ouest de la tranchée de Calonne) que l'ennemi avait défendu opiniâtrement. Cette attaque apparaissait à l'avance à tous les chas­seurs comme une opération qui devait réussir, car tout y avait été minutieusement réglé. Une magni­fique préparation d'artillerie, inconnue jusque-là, permettait à notre première vague de bondir, à 10 h. 45, jusqu'à la troisième ligne allemande. Malgré le feu des mitrailleuses parlant du flanc gauche et particulièrement d'un fortin, nos vagues se succédaient avec une ardeur et un enthousiasme joyeux, les clai­rons sonnant la Charge. L'ennemi était submergé. Tout ce qui n'était pas tué était pris. Cent prison­niers, une mitrailleuse, deux lance-bombes consti­tuaient le butin. On organisait la position conquise. On la reliait par un boyau à notre ancienne ligne. On travaillait la joie au cœur : on oubliait les attaques passées, qui n'avaient que peu ou pas abouti, le 9e avait pris le point C.
Aussi quand, les jours suivants, les grenadiers des 5e et 6e régiments de la garde vont, essayer de repren­dre le terrain conquis, ils vont se heurter à une résis­tance enthousiaste. La lutte va devenir un duel, duel fantastique, à la grenade, où il s'agira surtout d'en avoir beaucoup, pour « f... sur l'ennemi ».




Un soir, une nuit plutôt, les barrages d'artillerie, la fusillade, les éclatements des Citron et des Foug sur les parapets, dominés par un orage aux éclairs fulgurants, offrirent un tel spectacle, dans cette forêt aux grands arbres blessés, que, ne pouvant échanger leurs impressions à cause du vacarme assourdissant, les chasseurs du 9e se mirent à rire aux éclats, dans les trous d'obus qu'ils reliaient entre eux.
Le 22 juin, à 2 heures, l'ennemi lançait une contre-attaque violente sur les positions que nous avions con­quises. La ligne pliait à notre droite et, débordées, nos compagnies se repliaient sur l'ancienne première ligne allemande (celle du point C), où elles résistaient avec la dernière énergie. A 9 heures, les Allemands s'arrêtaient, épuisés. Nous avions perdu la deuxième tranchée, mais nous avions conservé la première. A 13 heures, le bataillon recommence l'attaque. Avec un entrain semblable à celui de la veille, l'assaut est livré sous le feu d'un ennemi aux aguets. En chemin, on reprend une de nos mitrailleuses perdue la veille. On arrive encore à la deuxième ligne ennemie.
Le 23 juin, à 7 heures, après une violente prépa­ration d'artillerie, l'ennemi réattaque de nouveau les tranchées qu'il a perdues, il parvient à occuper la deuxième ligne, pousse sur la première. Mais c'est celle du point C. Le 9e ne veut pas la laisser prendre. Les chasseurs dorment debout tant la fatigue est grande. Alors, dans un effort désespéré, à coups de grenades, au corps à corps, ils assaillent l'ennemi, qui, épuisé à son tour, renonce à ses projets. Il est midi. En avant du point C, les cadavres allemands sont amoncelés. L'attaque de la deuxième tranchée devait être reprise, sous les ordres du commandant du 9e bataillon de chasseurs à pied, par un bataillon du 128e  régiment d'infanterie, qui allait reconquérir une partie du terrain entre les 1re et 2e positions alle­mandes.



Le 24 juin, le bataillon allait en réserve aux Trois­-Jurés, où il recevait communication de l'ordre sui­vant :

Ordre du général commandant le secteur des Hauts de Meuse.

A la date du 21 juin, le général commandant le 2e corps d'armée écrit ce qui suit :
« Je suis très heureux de vous adresser mes compliments en vous priant de les transmettre au 9e bataillon de chas­seurs à pied pour sa brillante attaque sur le point C.
Veuillez dire personnellement de ma part au colonel GASSCOUIN que je suis extrêmement satisfait des résultats obtenus sur le point C, que je compte absolument. sur lui pour obtenir des résultats analogues sur le point A. »
Le général commandant le secteur est très heureux de transmettre ces félicitations au colonel PICHAT, au lieute­nant-colonel GASSCOUIN, au commandant GUEDENEY, ainsi
qu'aux belles et vaillantes troupes qu'ils commandent. Le général, qui a suivi de très près leurs efforts, leur adresse ses félicitations personnelles.
Au P. C., le 22 juin 1915.
Le Général commandant le secteur des Hauts de Meuse,
Signé : Général CHRÉTIEN.


Source : Historique du 9e B.C.P., HENRI CHARLES-LAVAUZELLE Editeur