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Aux Armées le 24 décembre 1915
1er RÉGIMENT DU GÉNIE
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COMPAGNIE SPÉCIALE
22/9
RAPPORT
Du Lieutenant CARRIERE Commandant la Compagnie spéciale 22/9 du 1er Régiment du Génie
sur les opérations exécutées par la Compagnie à l’Hartmannswillerkopf, dans la période du 17 au 24 décembre 1915.
La Compagnie reçoit le 17 décembre 1915 l’ordre d’être rendu à WESSERLING le 18 à 6 heures à la disposition de la 66e Division d’Infanterie. Le lendemain, elle est mise à la disposition du Colonel Commandant la 81e Brigade d’Infanterie.
Elle est dirigée ce même jour, avec son matériel sur le camp SCHEURER à l’HARTMANNSWILLERKOPF.
Il est prescrit que la Compagnie aura les dispositions suivantes pour l’attaque projetée :
Le mardi 21 décembre, la première ligne est évacuée pour le bombardement. Les 2e et 3e sections pourvues d’appareils I bis (55 litres) ont l’ordre de s’installer en 2e ligne prêtes à arroser les ennemis qui tenteraient de venir occuper notre première ligne. Cette éventualité ne se produit pas, les appareils ne sont donc pas utilisés.
Lorsque le 152e Régiment d’Infanterie se porte en avant, ces 2 sections ont l’ordre du Colonel du
Régiment de s’installer dans la dernière tranchée conquise.
Le transport des appareils et accessoires n’est pas terminé au moment de la contre-attaque. Les
hommes ne pouvant se servir des appareils font le coup de feu comme tout le monde. Dans cette action, la 3e section composée de 22 hommes commandés par le S/Lieutenant JOURDAN, marchant avec le 1er Bataillon du 152e Régiment d’Infanterie disparaît.
La 1ère section commandée par le S/Lieutenant SCHMIDT, munie d’appareils à dos et de grenades incendiaires reçoit l’ordre de partir à l’assaut avec la deuxième vague en ayant pour mission de nettoyer tranchées et abris.
Elle s’acquitte avec plein succès de sa mission sur différents points des fronts du 152e Régiment
d’Infanterie, des 5e et 15e Bataillons de Chasseurs :
- 152e RÉGIMENT D’INFANTERIE :
- 1e BATAILLON.
Le groupe formé du caporal BIRÉ , des sapeurs DUVERGER et CHABRIER (2 appareils) incendie un abri.
- 5e BATAILLON.
Le Sergent PICHENÉ avec les sapeurs BOURDET, DURANTON et GÉRARD (3 appareils) sont
arrivés près d’un abri où se trouvaient 2 mitrailleuses, en même temps qu’un nettoyeur de tranchée. Ce dernier a crié «Rendez-vous ». pour toute réponse les Allemands ont tiré 3 ou 4 coups de fusils sans viser. A ce moment les sapeurs ont manoeuvré à l’intérieur de l’abri et tout bruit a cessé.
- 5e BATAILLON DE CHASSEURS.
Le groupe formé du caporal BENARD, des sapeurs LAYMARIE et DELAPIERRE (2 appareils) a
incendié 3 abris. Il a fait 30 prisonniers environ. Ces derniers se sont rendus en criant « Pas çà
camarades, pas çà camarades ».
- 15e BATAILLON DE CHASSEURS.
Caporal BARBANT, sapeur PODEVIN et MILCENT (2 appareils). Ce groupe a incendié 2 abris.
Dans l’un se trouvaient 5 Allemands, dans l’autre 3. Les uns et les autres se sont rendus immédiatement.
Le jeudi 23 décembre, le Commandant de la Compagnie reçoit l’ordre de se retirer avec son
personnel et son matériel. La Compagnie rentre à REMIREMONT le 24 décembre à 8 heures.
PERTES.
La Compagnie est montée à l’assaut avec un effectif de 98 combattants. Elle a eu comme pertes :
1 officier, (S/Lieutenant JOURDAN) Commandant la 3e section et 25 hommes tués ou disparus, 10 hommes blessés.
Je signale de façon particulière :
1) Le S/Lieutenant SCHMIDT qui a organisé les différents groupes de sa section avec un soin
particulier et une connaissance parfaite des hommes. A su leur inculquer la plus grande
audace. A sur ses hommes un grand ascendant que lui donne son mépris le plus absolu du
danger.
2) Le sapeur GÉRARD (groupe RICHENÉ) soldat très brave, a manoeuvré avec adresse. A eu
par la suite les deux jambes coupées par un obus. Il est mort des suites de ses blessures.
3) Le Sergent TESSIER. A reçu une balle à la tête, a fait preuve du plus grand sang-froid.
4) Le Sergent PICHENÉ. A conduit son groupe à l’attaque d’un abri de mitrailleuses avec une
grande habileté. L’abri a été incendié.
5) Les caporaux BENARD, BARBANT, les sapeurs LAYMARIE, DELAPIERRE, PODEVIN
etMILCENT. Ont par leur audace et leur intrépidité fait plusieurs prisonniers.
6) Le sapeur LORIN, agent de liaison. Brave, dévoué, débrouillard entre tous, a assuré la liaison
de sa section sous un bombardement violent ; blessé de deux balles au bras droit.
7) Le sapeur FABRY, chargé par le Colonel du 152e Régiment d’Infanterie d’accompagner un
Lieutenant pour visiter la dernière ligne conquise, au moment de la contre-attaque, s’est
acquitté de sa mission avec le plus grand courage. Le Lieutenant a été tué. En essayant de
ramener le corps, il a été lui-même blessé, son casque a été traversé.
Source: SHD 24 N 1632
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