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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

jeudi 7 janvier 2010

Le 94e R.I. en Argonne (1)

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ARGONNE 1915

Le 2 janvier, après avoir incorporé deux nouveaux renforts de 315 hommes et 200 hommes, le Régiment est embarqué à Hazebrouck et débarqué à Ailly-sur-Noye (Somme).
Le 3, il cantonne à Berny-sur-Noye et Jumel, d’où il est emmené par voie ferrée le 12, pour arriver à Givry-en-Argonne et Le Chatelier le 13, à Florent le 17. Un renfort de 340 hommes est arrivé le 16, portant à 2.300 le nombre d’hommes envoyés par le dépôt pendant les quatre derniers mois (Il ne nous sera plus possible de donner les chiffres des nombreux renforts. A partir du mois de mai, d’ailleurs, ils passeront tous par le dépôt Divisionnaire)
Le Régiment va affronter une nouvelle zone où de nouveaux moyens sont employés. Ce n’est plus la lutte en rase campagne de la Marne, ni les Corps à Corps de Belgique.
Dans la forêt et les ravins de l’Argonne, au bois de la Gruerie, le combat va se mener sur terre et sous terre, rempli de ruses et d’embuscades, avec une fureur qui ne ralentira pas pendant six mois et dont les trop nombreuses tombes des cimetières de Vienne-le-Château, La Harazée, Florent et Sainte-Menehould laisseront un souvenir indestructible. Jusqu’en juillet, les Allemands tenteront de nous rejeter dans le ravin de la Biesme pour gagner le plateau de la Placardelle et dévaler sur Sainte-Menehould. « Mais ils ne passeront pas! La 42e Division est là ! »
Les tranchées se trouvent à quelques mètres les unes des autres ; des boyaux communs sont souvent barrés seulement par des traverses de sacs à terre, Les pétards et les grenades font leur apparition, ainsi que les premiers engins de tranchée (mortiers Célerier, Aasen et autres crapouillauds) Les nerfs des combattants sont mis à une dure épreuve : il faut tenir sur un sol miné, rechercher et détruire les approches souterraines de l'ennemi.
En secteur le 21 à Marie -Thérèse, le 3e Bataillon est attaqué dès le 22. Au moment même de sa montée en secteur, vers 10 heures, le 2e Bataillon (Commandant Boulet-Desbareau) apprend que l'ouvrage Marie- Thérèse vient d'être pris par les Allemands, ainsi que la tranchée de protection, à la suite de l'envoi de bombes et de grenades à main sur la 11e Compagnie. Aussitôt le Bataillon part en contre-attaque en colonne double, à la baïonnette, clairons sonnant, le Commandant en tête, sous un feu intense, et chasse l'ennemi des tranchées de seconde ligne qu'il venait d'occuper.
L'opération avait été conduite avec un brio extraordinaire et une bravoure remarquable. Le Lieutenant Duchêne s'était particulièrement fait remarquer par son courage héroïque : Citation du Lieutenant Duchêne, qui devait plus tard, dans un autre Régiment, tomber héroïquement :

« Au combat du 22 Janvier, a brillamment entraîné sa Compagnie à l'attaque d'une tranchée occupée par l'ennemi. Quoique blessé dès le début d'une ba1le à l'épaule, s'est élancé le premier à la sonnerie de la charge et est parvenu avec quelques hommes seulement sur la tranchée ennemie ; y a été blessé une deuxième fois par une grenade jetée à bout portant et ne s'est laisser emmener que sur l'ordre formel du Chef de Bataillon »

Tout l'après-midi, la lutte demeura violente et la fusillade nourrie. La nuit fut employée à renforcer la ligne et à organiser les communications.
Le 23, trois nouvelles attaques sont repoussées, en dépit de leur violence, par le feu de la première ligne.
Le 24, les 2e et 3e Bataillons sont relevés et vont au repos à Florent.
Le 25, le 1er Bataillon, conduit par le Capitaine Grégy réussit, à la nuit, à combler les sapes allemandes devant son saillant et à bouleverser les tranchées adverses, d'où il rapporte de nombreux trophées. Il est, à son tour, relevé le 27 au soir. (Le Capitaine Grégy, au front depuis le début, blessé déjà deux fois, aussi brave soldat que chef admiré de tous, est fait Chevalier de la Légion d'Honneur.
En 1918, il fut fait Officier de la Légion d'Honneur étant Commandant du 2e Bataillon de tirailleurs marocains.
Le 29, les 2e et 3e Bataillons sont appelés au secours de la 40e Division. A 17 heures, le 2e Bataillon part à la contre-attaque, 5e et 6e Compagnies en tête, arrive, la nuit, à travers bois, dans un terrain inconnu et sous un feu violent, à quelques mètres des tranchées allemandes et ce n'est que le lendemain matin qu'il se retire par ordre, après avoir passé la nuit sans abris ni tranchées d'aucune sorte, ayant perdu 47 tués et 65 blessés.
C'est ensuite la promenade dans tous les coins du secteur, à Fontaine-Madame, au Four-de-Paris, à Blanloeil, avec, pendant les repos, des journées d'alerte passées à la Croix-Gentin.
Le 10 février, le 3e Bataillon est en ligne à Marie-Thérèse. Vers 6 heures, trois mines sautent sous les 10e et 11e Compagnies. C'est le signal de départ de l'attaque, menée par une Brigade en colonnes d'assaut. Les 10e et 11e, débordées, résistent sur place ; mais tous les défenseurs sont tués ou pris.
Aux deux ailes, les 9e et 12e résistent. A la 12e, le Lieutenant Philippon contre-attaque et parvient à reprendre 60 mètres de tranchées. Le soir, le Commandant Ducloux contre-attaque avec le 1er Bataillon et arrive à rétablir la situation, à dix mètres des tranchées allemandes.
Au cours de cette attaque, les Allemands avaient mis hors de combat au 3e Bataillon 350 hommes et 5 Officiers. Non contents d'avoir, en pays envahi, massacré des innocents, ils avaient employé des cartouches à balles retournées pour rendre les blessures plus graves.


Source Historique du 94ème RI (Anonyme, A. Collot, 1920)
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