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NOUVELLE MISE A JOUR LE 15 avril 2014

vendredi 12 février 2010

Le 56e RI dans l’Oise (1918)

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Après quelques jours passés à l’arrière à Saint-Crepin-aux-Bois, vers le milieu d’août, le 56e est appelé, avec le reste de la division, à participer à une grande offensive de l’armée Mangin (Xe armée) qui aura pour but et résultat de refouler jusqu’à l’Oise et l’Aisne (18 au 19 août), puis dans une deuxième série d’opérations de pousser jusqu’à la ligne Hindenburg au sud de la Fère, dans la forêt de Saint-Gobain.
Le régiment qui, depuis deux ans, n’a fait que la guerre de tranchées coupées de petites opérations partielles va, se trouver en liaison ou en collaboration avec des unités d’élite spécialistes d’attaques, division marocaine, 38e division…, dont les belles qualités offensives et la valeur pourrait par contraste faire ressortit l’infériorité du 56e : la comparaison ne lui sera t-elle pas trop défavorable ? Craintes heureusement vaines !
Sans période d’entraînement préalable et de manœuvre, le régiment, qui depuis les deux jours de repos qu’il a eus à Sarry au mois de mars est toujours en première ligne, va très honorablement tenir sa place, remplir la mission qui lui est confiée, atteindre ses objectifs et naturellement conserver le terrain conquis, car le 56e ne perd jamais ce qu’il tient une fois !
La première phase de l’attaque se déroule le 18 août ; elle consiste à s’emparer de la position principale de résistance ennemie.
A 18 heures, le 56e avec le 134e à droite, le 10e à gauche, enlève le plateau situé entre Nampcel et le bois de la Montagne malgré un terrain difficile, très mouvementé (ravin de Maison Rouge, Maison Neuve, Fond Lalain) et malgré les feux de mitrailleuses (les sous-lieutenant Baudin (Arthur), de la 9e compagnie, de Carne (Jean), de la 9e compagnie, Minvielle (Pierre), de la 11e compagnie, sont tués à la tête de leur section), et s’installe avec deux bataillons (1er à droite, 3e à gauche) dans les tranchées Siegfried et Brunehilde, le 2e étant en réserve.
La profondeur du terrain conquis est de 1500 à 2000 mètres. Trois contre-attaques montées par l’ennemi sont brisées par nos feux dans la nuit du 18 au 19 et la journée du 19.
La deuxième phase de l’attaque commence le 20 août. Elle a pour but d’achever l’enlèvement de la première position ennemie et d’exploiter le succès en poussant jusqu’à l’Oise. Elle met en jeu, en prévision des résistances à vaincre et de l’effort à fournir, des effectifs plus considérables et des moyens plus puissants, en particulier la division à notre droite est dotée de char d’assaut. Le premier objectif est situé à 4 kilomètres : c’est la route de Cuts à Pontoise.
A 7 heures 10, l’attaque se déclenche. Les trois bataillons échelonnés en profondeur dans l’ordre 2e, 3e, 1er, s’élancent sur le bois de la Montagne, bousculent l’ennemi, font tomber par la manœuvre et l’encerclement les résistances qui s’offrent (le sous-lieutenant Vaucher (Léon), de la 7e compagnie, est tué à ce moment en plein assaut) et atteignent Belle-Fontaine sans perdre un seul instant la liaison à droite qui avait été imposée comme mission essentielle.
Mais un trou de plus de 2 kilomètres en plein bois se creuse à notre gauche, le 10e R.I. n’ayant pu progresser par suite d’une violente résistance. Le régiment a son aile gauche complètement en l’air, et il en résulte, par suite d’une infiltration ennemie à travers de ce terrain couvert et propice aux surprises, des incidents de combat, comme la capture par l’adversaire, en arrière de nos bataillons d’assaut, d’agents de liaison, de coureurs, de groupes de renforts. Dans l’un de ces groupes faits ainsi prisonniers et composé d’une dizaine d’hommes de la 5e compagnie, le soldat Gauthier (Pierre) (citation à l’ordre du régiment) réussi à tromper l’escorte sur l’itinéraire suivi et parvient à se faire délivrer par le soldat Lhoumeau (Gaston), de la 7e compagnie (citation à l’ordre du corps d’armée), et quelques camarades d’une compagnie voisine ! C’est au tour de l’escorte d’être prisonnière !
Ce trou dangereux est finalement bouché dans l’après-midi par l’intervention des bataillons de réserve. L’ennemi qui a arrêté la progression du 10e R.I., menacé lui-même sur le flanc et ses derrières, se replie alors. La rupture du front est complète.
Caisne est pris le 21 au matin et nos patrouilles sont sur la route de Cuts à Pontoise. 33 canons dont 27 lourds sont capturés près de Caisne et s’ajoutent au butin du 18 (plusieurs dizaines de mitrailleuses, des minenwerfers et 3 pièces de 77 antitanks).
Au cours de ces brillantes attaques, nombreux furent les actes de bravoure, de courage, de sang-froid, de dévouement. Il est difficile de faire une sélection. On peut toutefois indiquer parmi ceux qui se sont particulièrement distingués, dans l’affaire du 18 : le sergent Chevrot (Joseph), de la 9e compagnie, qui réussit à faire 40 prisonniers dont 1 officier, les sergents Hudin (Paul) et Meuleau (Désiré), de la 9e compagnie, qui participent à la capture de nombreux prisonniers (ces trois sous-officiers sont cités à l’ordre du corps d’armées). Dans l’affaire du 20 : le sergent Martin (Marcel), de la 7e compagnie (citation au corps d’armée), le caporal Keipp, de la 6e compagnie (Médaillé militaire), qui contribuent puissamment à réduire des îlots de résistance, capturent mitrailleuses et prisonniers, le caporal Entressangle (citation à l’armée), de la 5e compagnie, qui s’étant offert à réduire un nid de mitrailleuses, y réussit complètement et ramène 2 mitrailleuses et 17 prisonniers dont 1 officier ; l’adjudant mitrailleur Noury, de la C.M.2 (citation à l’armée), qui sautant sur une mitrailleuse en tue les servants à coups de révolver et est blessé en sautant sur une autre pièce.
Mais les succès ne s’arrêtent pas là ; la poussée continue le 21 et les jours suivants par bonds successifs marqués par la ferme Louvetain (21 août), l’Usine (22 août) et le 23, le régiment borde l’Oise à Quierzy (1er bataillon) et Manicamp (2e bataillon). A la suite de cette brillante opération, le général Mangin, commandant la Xe armée, cite à l’ordre de l’armée (ordre n° 344,
du 12 octobre 1918) :

Le 56e R.I.

Régiment d’élite qui a toujours fait preuve, depuis le début de la campagne, de ténacité dans la défensive et d’élan dans l’attaque. Sous l’énergique impulsion du lieutenant-colonel Grenier a, au cours des opérations du 18 au 22 août 1918, pris part à deux attaques, a atteint tous ses objectifs en faisant des centaines de prisonniers et capturant 33 canons dont 27 lourds, de nombreuses mitrailleuses et un matériel considérable.


Source Historique anonyme du 56e R.I., Berger-Levrault, Nancy
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