.
« Les peuples heureux n'ont pas d'histoire », dit un adage bien connu ; l'on peut dire aussi que les bataillons heureux n'ont pas d'historique. Le 7e bataillon territorial de chasseurs alpins a été un bataillon heureux, ce qu'il a fait pendant la campagne peut se résumer en une phrase : il a défendu la terre d'Alsace.
Belle et glorieuse mission s'il en fut une !
Après s'être attardé trois mois sur la frontière italienne, à Menton, - les Italiens réfléchissaient encore, et les Alpes étaient le domaine des alpins, le 7e fut brusquement transplanté, en novembre 1914, du pays des orangers en Alsace, aux neiges de Boussat, de Markstein, du Grand Ballon. Ce fut dur, tout le bataillon faillit en geler, mais cela trempa les courages et galvanisa la décision qui l'avait envoyé là. Il resta toujours dans cet admirable pays.
Il est la seule unité qui n'ait plus repassé les Vosges ; c'est pourquoi le nom lui est resté de « bataillon d’Alsace ».
« N'oubliez pas qu'il y a des gens qui paieraient pour être au Langenfeldkopf », disait le général SERRET, mais les tranchées n'existaient pas à ce moment-là.
Le 7e prit une part active à l'organisation de la défense de tous ces points bien connus des divisions venues en Alsace : Schnepfenrieth, Rodelen, Grand Ballon, Hohler-Wald, Bois en Brosse, Langenfeldkopf, Sagmatten, Gustiberg.
Toujours en première ligne, il arrête les reconnaissances de skieurs bavarois ; reçoit le choc, le 13 février, de l'attaque de Remspach ; suit en soutien, le 17 avril, la prise du Schnepfenrieth, qui nous permet d'avancer nos lignes qu'il organise ; appuie, le 15 juin, l'enlèvement de l'Hilsenfirst ; repousse, le 1er juillet, les attaques répétées et furieuses des Boches sur l'Hohler-Wald ; progresse, le 10 juillet, après la prise de Sondernach ; tout cela sans un jour de repos.
Enfin, il quitte les hauteurs, occupe la vallée de la Lauch, arrête, le 13 octobre, une attaque sur la scierie de Sangern et, de là, part pour les pentes de l'Hartmann, où il reste en mai 1916. Rochette, Moyeret, Les Dames, le saillant de Wattwiller, Steinbach, la cote 423, Vieux-Thann n'ont plus de secret pour lui : il tient, il tient toujours, supportant des bombardements violents, arrêtant des coups de main montés en force, avec des 105, 150, 210 et de gros minenwerfers de 240.
Il connaît enfin les délices de la vallée et Thann le gâte comme son bataillon.
Mais brusquement les neiges le réclament et c'est de nouveau au Grand Ballon, à Bresson, en première ligne toujours, qu'il finit l'année 1917.
C'est sous les ordres, d'abord du chef de bataillon DE GUILLEBON, que le 7e commence la campagne, puis, le 16 avril 1916, il passe sous ceux du chef de bataillon CHICOTOT et, le 21 avril 1917, son commandement est pris par le chef de bataillon VEILLON.
C'est ainsi que, comme son nom de « bataillon d'Alsace », sa devise fut vite trouvée : « Nous veillons », disent les poilus du 7e aux Alsaciens.
Le bataillon fut ensuite successivement commandé par les chefs de bataillon BEGHIN, ADENOT et CHAMOUX.
Le fanion du 7e bataillon ne porte pas de croix de guerre, ses officiers, ses chasseurs ont obtenu peu de galons, peu de croix. Il est, comme toutes les unités territoriales qui sont toujours restées en première ligne, composé de héros simples et obscurs, accomplissant ce dur métier, sans gloire, de garder le terrain, mais avec le sentiment d'avoir fait leur devoir complet pour la patrie.
Saluons nos chasseurs territoriaux !...
Source Historique du 7e Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins
Avec l’aimable autorisation de Jean-Luc Dron
.