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1916
Le 16 février 1916, le lieutenant-colonel COSTE prend le commandement du régiment. Le 21 avril, le 218e est relevé par le 201e R. I.
Pertes dans ce secteur : 116 hommes tués ou blessés.
Il se transporte par étapes jusqu'à Erize-la-Grande, secteur de Verdun.
Le 23 mai, il est enlevé en autobus et débarque vers 10h 30 à la Queue-de-Mala. Il bivouaque au bois de l'Empire et, à 14 heures, il reçoit l'ordre du groupement LEBRUN de se porter sur Verdun. Arrivé à Verdun à 24 heures, le régiment est mis à la disposition du général MANGIN : il se porte au Cabaret Ferme (nord-est du faubourg Pavé), puis à Souville où il organise quelques tranchées sous un barrage intense, mais les gaz lacrymogènes incommodent les travailleurs qui, malgré leur courage, ne peuvent continuer.
Départ pour Fleury-devant-Douaumont. La progression, extrêmement pénible, se fait sous une pluie d'obus. L’aspect du champ de bataille donne le frisson : partout des ruines, des morts et des mourants. Le régiment avance par bonds successifs et se rassemble à Fleury. Les pertes sont sérieuses, mais le moral est toujours bon : En avant, c'est pour la France.
La 19e compagnie, commandée par le lieutenant MARROT, reçoit l'ordre de faire une reconnaissance dans la direction de la carrière située à l'est de la tranchée Olivier, signalée comme étant occupée par l'ennemi. La compagnie remplit difficilement sa mission et se maintient plusieurs heures en contact du Boche, malgré un bombardement et un tir de barrage de mitrailleuses d'une violence extrême ; elle subit de lourdes pertes : cruelle rançon des précieux renseignements qu'elle rapporte.
Le 25 mai, après avoir passé la nuit devant Fleury, dans une position d'attente, le régiment gagne les tranchées de Douaumont où il relève le 18e R. I.
Le 26 mai, à l'aube, le sous-lieutenant BOCHE, de la 22e compagnie, distingue de nombreux groupes ennemis qui rampent vers les tranchées voisines de la première redoute du fort de Douaumont : La ligne cependant jouit d'un calme relatif ; calme précurseur de la tempête.
L'officier donne le signal d'alerte, il lance les deux fusées-signaux pour demander le tir de l'artillerie.
Déjà les poilus de la 22e ont déclenché un barrage intense de grenades et de mousqueterie. L'ennemi s'arrête net à 30 mètres environ de la ligne occupée, malgré le soutien de ses mitrailleuses qui, postées au sommet du fort de Douaumont, essaient de neutraliser notre feu. Nos poilus montrent un courage surhumain, la fusillade devient générale dans tout le secteur et le barrage demandé à notre artillerie se déclenche avec une précision remarquable, achevant de démoraliser l'ennemi et de disloquer son dispositif d'attaque.
Les Allemands demandent grâce, ils lèvent les bras, mais nos vieux poilus ne se laissent pas prendre à l'artifice : pas de quartier pour un ennemi déloyal.
Les hommes de la 22e compagnie (compagnie LABEYRIE) sont admirables de calme et de bravoure.
Vers 18 heures, l'attaque recommence, soutenue encore par les mitrailleuses du fort qui cherchent toujours à neutraliser notre ligne. Peine perdue ! nos mitrailleuses entrent en action ; grenadiers et voltigeurs rivalisent d'ardeur et d'entrain ; chefs et soldats savent qu'il faut empêcher l'ennemi d'avancer.
Le résultat est obtenu.
L'ennemi devant cette défense imprévue hésite : son élan est brisé et c'est en vain que les officiers prussiens tentent d'enlever leurs hommes : ils ne sont pas suivis. L'un d'eux, la pipe à la bouche, abandonné de ses soldats, vient tomber crânement aux pieds de nos tranchées.
Le 27 mai, l'ennemi reprend son offensive ; elle est encore brisée. Le Béarnais lui crie : « On ne passe pas. »
Le 28 mai, le 218e.est relevé.
Le régiment avait pour mission de maintenir à tout prix l'intégrité du front et d'empêcher les Allemands de prendre pied sur la côte de Froideterre.
Il peut être fier de son œuvre et son colonel lui transmet ses félicitations par l'ordre du jour suivant, daté du 29 mai :
« Le lieutenant-colonel adresse au régiment ses plus chaleureuses félicitations pour sa belle tenue en face de l'ennemi, pendant les rudes journées des 25, 26 et 27 mai 1916. II est fier de commander à des hommes qui ont montré un courage aussi tranquille et une aussi héroïque simplicité dans l'accomplissement des devoirs de la défense du sol de la patrie, au cours d'une lutte sans précédent dans l'histoire.
« Il salue les camarades tombés au champ d'honneur qui ont écrit.avec leur sang, dans les plis du drapeau du 218e, ce noms à jamais fameux, Verdun. »
Pertes : officiers : 5 tués ou blessés ; troupe: 308 tués, blessés ou disparus.
Après Verdun, le 218° prend le secteur de Saint-Thomas en Argonne où il arrive le 22 juin. Il organise les tranchées et en crée de nouvelles. Le secteur est relativement tranquille ; du 22 juin au 21 septembre, ses pertes s'élèvent à 25 tués et blessés.
Le 22 septembre, le régiment s'embarque en autobus. A 16 heures, il débarque à Lhuître (Aube), où il séjourne jusqu’au 26 novembre. Période d'instruction intense et de remise en main : cadres et hommes se préparent à la bataille de demain.
Le 27 novembre, le régiment fait mouvement et arrive le 12 décembre à Balagny-sur-Thérain, où il cantonne jusqu'au 22 décembre.
Le 23 décembre, il s'embarque en autobus, à destination d'Harbonnières (Somme) où il reçoit la mission de tenir le secteur d'Ablaincourt, et le 17 janvier 1917, le sous-secteur de Berny. Il est relevé le 11 février par les troupes anglaises. Les pertes dans ce secteur. sont de 3 tués et 11 blessés.
Source Historique du 218e Régiment d’Infanterie, BERGER-LEVRAULT, NANCY – PARIS – STRASBOURG
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