En janvier 1915, le 14ème est envoyé dans les VOSGES. Il passe l'hiver dans le secteur Tête de FAUX, Col du BONHOMME. Toute grande opération de guerre est impossible dans cette région pendant les longs mois de froid rigoureux où la neige tombe en grande abondance et rend très difficiles les communications.
Il faut donc s'organiser et créer des systèmes défensifs pour parer aux surprises. Après avoir été des combattants d'élite, les Chasseurs deviennent des travailleurs acharnés. Dans les conditions les plus ingrates, des Tranchées et des abris sont créés, des défenses accessoires établies. Et chaque nuit des patrouilles sortent des lignes pour éventer les projets de l’ennemi. Celle où se distinguèrent les Chasseurs PETITJEAN et TANTOT est restée célèbre au 14ème.
Défense allemande au sommet de la Tête des Faux
Un détachement de quelques hommes s'était glissé dans la nuit à une vingtaine de mètres de la Tranchée ennemie. Soudain un bruit de branche cassée la trahit. Une sentinelle tire. PETITJEAN a la tête traversée, TANTOT est touche aux deux cuisses. Si un cri s'échappe de leurs lèvres, toute la patrouille est perdue. Mais ces braves se sont rendu compte du danger et on petit les rapporter dans nos lignes sans qu'une seule plainte ait renseigné l'ennemi.
Au mois de février une attaque est prononcée par les Allemands dans la vallée de la FECHT. Les 1ère et 6ème Compagnies du Bataillon y sont appelées. Trois Sections de ces Compagnies, enfermées dans le château de STOSSWIHR y résistent jusqu'à leurs dernières cartouches, arrêtent autour d'elles un Régiment allemand et permettent à nos Troupes de s'établir solidement sur la ligne ECK - AMPFERSBACH que l'ennemi ne peut entamer. La 6ème Compagnie est citée à l'Ordre de l'Armée, 1ère Compagnie, à l'Ordre de la 47ème Division.
Première ligne française au Linge
Au mois de juillet 1915, le 14ème Bataillon participe à l'attaque du LINGEKOPF. Il faudrait écrire un gros livre pour dire tous les actes d'héroïsme qui s'accomplirent dans ces journées. Les gains de terrain ne furent peut-être pas très considérables, mais ils furent obtenus dans des conditions telles qu'on peut hardiment affirmer que jamais, sur aucun autre point du front, une Troupe n'a pu faire preuve de plus d'énergie, de volonté de vaincre qu'en montrèrent les Chasseurs pendant cette offensive.
Le 20 juillet, le 14ème réussit à forcer la première ligne allemande sur tout le front qui lui a été fixé, mais les pertes sont très lourdes.
Le 22 juillet, il attaque encore, gagne un peu de terrain, mais subit de fortes pertes sur des réseaux de fil de fer intacts. Enfin, le 26, une troisième attaque l'amène sur le sommet de la montagne si âprement disputée. Le 27, l'ennemi contre-attaque violemment après de puissantes et très meurtrières préparations d'Artillerie. Vainement ! Le 14ème ne rend pas ce qu'il a pris ! Et encore une fois, les Chasseurs pourront dire avec orgueil :
« Là où nous- sommes, le Boche est vaincu ! »
Le 1er Septembre 1915, l'ennemi, avant traîtreusement fait usage d'obus à gaz et de liquides enflammés, reprend la crête du LINGE.
Le 14ème, qui est au repos, est rappelé en hâte. Deux compagnies, les 4ème et 5ème, sont envoyées pour contre-attaquer. Avec une fougue et un courage qui font l’admiration des Bataillons voisins, elles reprennent la position perdue.
Deux autres tentatives des Allemands avec les mêmes procédés barbares restent sans résultat.
La montagne du LINGE, où tant des nôtres sont tombés, est une terre sacrée que ne souillent jamais plus le Teuton exécré.
Source Historique du 15e BCA
Avec l’aimable autorisation de Jean-Luc Dron.